François Fillon sera le candidat de la droite à la prochaine
présidentielle ; il a été, quasiment, plébiscité à l’issue du second tour
par des électeurs qui se sont reconnus dans le libéralisme économique qu’il
leur proposait, mâtiné toutefois de conservatisme sociétal. Ils voulaient un
homme de caractère qui ne reviendrait pas sur ses promesses, qui résisterait à
la pression de la rue, contre ses réformes les plus emblématiques, celles
concernant les fonctionnaires et la protection sociale.
Il avait déclaré à propos du déficit de la sécurité sociale
que «le gros risque» serait
couvert mais que «le petit risque»
resterait à la charge des patients ou de leur mutuelle, s’ils en avaient une.
Une fois désigné, c’était l’essentiel, son discours devient plus nuancé, les
personnes à faibles revenus resteront protégées. François Fillon n’a pas oublié
que seulement 4 millions et demi de Français, un beau chiffre déjà, avaient participé
à la primaire de la droite mais qu’ils seraient dix fois plus nombreux à
convaincre au moment du scrutin présidentiel. Il m’est revenu à l’esprit un vieux
dicton, «on n’attrape pas les
mouches avec du vinaigre». Je pourrais ajouter, promesse de primaire peut
être accommodée.
La primaire de la gauche, baptisée «la belle alliance populaire», autour du parti socialiste, aura lieu
au mois de janvier et les postulants devront se déclarer le 15 décembre au plus
tard. Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann y participeront,
Manuel Valls en fera autant si François Hollande ne se représentait pas. Mais il
y aura deux autres prétendants qui se réclament, l’un de la vraie gauche, Jean-Luc Mélenchon,
l’autre du centre-gauche, Emmanuel Macron, auxquels il faut ajouter Sylvie
Pinel, la candidate des radicaux de gauche et Yannick Jadot, d’Europe Écologie
les Verts. Ceux là seront candidats au premier tour de l’élection présidentielle.
La gauche n’est pas majoritaire dans ce pays, elle ne peut gagner
que si elle est unie, rassemblée, or elle est fragmentée, atomisée disent
certains. Si plusieurs candidats s’en réclament, celui quel qu’il soit, de «la belle alliance populaire», arrivera au
mieux derrière François Fillon et Marine Le Pen et sera éliminé dès le premier
tour de la présidentielle. La gauche souffre aussi de l’impopularité qui n’a
jamais été aussi forte, du Président de la République : il cristallise sur
sa personne, les échecs ou les semi échecs de ses promesses de campagne dont
certaines étaient impossibles à tenir, mais aussi de la sous-estimation, par
l’ensemble du parti socialiste, des problèmes économiques et sociétaux auxquels
la France se trouvait confrontée. Les réformes qu’il a engagées et dont on voit
apparaître les premiers résultats ne sont pas portées à son crédit.
Quelle sera la décision que prendra François Hollande dans les
jours qui viennent, décidera t’il de se représenter et, s’il décidait de se
représenter, participera t-il à la primaire ? Il s’y est engagé certes,
mais la décision n’est pas facile à prendre quand on est le Président de la
République. Supposons qu’il se présente à la primaire et qu’il soit battu. Peut-il rester à la tête de l’Etat jusqu’au
mois de mai, et dans ce cas, quelle serait sa crédibilité sur le plan
international et même national, ou doit-il démissionner et provoquer une crise
institutionnelle ?
La sagesse voudrait qu’il renonce à se représenter, c’est ce que
lui conseilleraient, dit-on, ses enfants et Ségolène Royal. Je ne crois pas qu’il choisira cette
solution, François Hollande, quoiqu’on en pense, n’est pas un mou, il a fait
preuve d’une rapidité de décision dont on ne l’aurait pas cru capable et qu’on
a découvert quand il est intervenu au Mali et en Centrafrique, face au
terrorisme et quand il a mobilisé l’aviation pour aller bombarder Bachar El Assad
qui avait utilisé des armes chimiques contre sa population et franchi, ainsi,
la fameuse ligne rouge, fixée par Obama.
Peut être, que le conflit aurait pris une autre forme si Obama n’avait
pas reculé, et que la Russie, chère à François Fillon ne serait pas devenue
seule maitre du jeu en Syrie.
François
Hollande va, sans doute, se présenter, il en choisira le moment et les
modalités. Il veut se justifier aux yeux des Français, leur expliquer la
politique qu’il a menée et comment il les a protégés d’une austérité
impitoyable dans ses effets sur les plus fragiles de nos concitoyens. Il a peu
de chances de gagner, mais je ne vois pas qui, à gauche, pourrait gagner dans
cette France qui a basculé à droite. François Hollande, à l’issue d’un premier
tour dont il sortirait défait, pourrait, alors, déclarer comme François 1er,
après la bataille de Pavie, «Tout est perdu fors l’honneur».
1 commentaire:
Cet article, où Monsieur Akoun défend l'indéfendable, a quelque chose de pathétique : il y a certes du panache à accepter de couler avec le Titanic ! Mais aller jusqu'à comparer Hollande à François 1er, c'est jouer d'une l'illusion flatteuse mais fallacieuse.
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