La partie-Est de
la ville d’Alep, qui résistait encore, a été reconquise, par les forces de
Bachar El-Assad, grâce à l’aide de l’aviation russe, des milices iraniennes, irakiennes,
afghanes, et du Hezbollah libanais. La partie de la ville défendue par les
rebelles a été soumise à un blocus impitoyable. Elle a subi jour après jour, des
bombardements incessants qui ont visé et détruit en priorité tous les hôpitaux,
tous les centres de soin, les écoles, les boulangeries. Il fallait terroriser
la population, la mettre dans l’impossibilité de se soigner, l’affamer, la
massacrer. Tous, hommes, combattants ou non, femmes, vieillards, enfants, devaient
payer de leur vie, leur rébellion.
C'est juste en cas de pluie |
Bachar El-Assad n’aurait
pu vaincre sans l’aide de ses alliés, il était d’ailleurs en mauvaise posture
avant que Poutine ne vienne à son secours et ne se mette à pilonner Alep et ses
environs, de jour comme de nuit. Les Russes et les Américains à la tête de deux
coalitions, chiites pour les uns, occidentales et sunnites pour les autres devaient
combattre l’État islamique en Irak et
en Syrie en évitant de se gêner mutuellement. Mais pour Poutine, Bachar El-Assad
et leurs alliés, l’objectif principal n’était pas la lutte contre Daesh mais
l’écrasement de la rébellion syrienne.
Prenant prétexte
de la présence de djihadistes d’al Nosra parmi les défenseurs de la ville, ils ont
concentré toutes leurs forces contre Alep en laissant à Daesh les mains libres.
Il a pu, ainsi, reconquérir Palmyre sans coup férir !! L’ONU,
qui n’a jamais mieux mérité d’être appelée le machin, a été incapable d’imposer un cessez le feu ou au moins des
couloirs humanitaires sécurisés, l’Union Européenne a montré elle aussi son
impuissance, elle est restée muette. Les États qui se réclament de la
démocratie, des droits de l’homme sont restés les bras croisés, la France a
bien présenté des résolutions pour un cessez-le-feu au Conseil de Sécurité mais
elles ont été bloquées par le veto russe. John Kerry, il y a quelques jours a fait appel
à la compassion de Vladimir Poutine, sans trop d’illusions, je suppose, il
n’est pas sans ignorer que pour mater la révolte des Tchéchènes, le président
russe a détruit leur capitale Grozny et provoqué la mort de deux cent mille
personnes soit 10% de la population totale.
Alep est tombée
mais des combats sporadiques se déroulent encore dont les civils qui n’ont pu
s’enfuir sont les victimes, les soldats syriens et les miliciens chiites ne
font pas de quartier. Bachar Al-Assad se félicite de sa victoire, celle de son
parrain devrait-il dire, plus exactement, d’autant qu’il a l’assurance de
rester au pouvoir, au moins, jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Le 1er
décembre, Poutine a signé un décret précisant que la Russie soutient «l’unité, l’indépendance, l’intégralité
territoriale de la République arabe syrienne en tant qu’Etat démocratique,
laïc, pluraliste, où tous les groupes ethniques et religieux vivront dans la
paix et la sécurité».
Fillon au Kurdistan |
Qui d’autre, en
dehors de Bachar, est capable de défendre toutes ces valeurs ? En France
certains responsables politiques n’en voient pas d’autres ; Marine Le Pen
avait déjà choisi depuis longtemps Assad et Poutine ; François Fillon,
candidat de la droite à la présidentielle a lui aussi choisi Assad et le
rapprochement avec la Russie en prônant la levée des sanctions
économiques. Emmanuel Macron veut aussi «réintroduire Poutine dans le jeu» ; Arnaud
Montebourg, Jean-Luc Mélenchon le suggèrent aussi, mais cela demande, au
préalable, la levée des sanctions qui frappent la Russie, Cela ne pourra se
faire que dans quelques mois, quand l’émotion suscitée, par ce que l’on peut
considérer comme des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, dont sont
responsables la Syrie de Bachar et la Russie de Poutine, aura diminué
d’intensité.
Vladimir Poutine considère
que «le rôle, du facteur force dans les
relations internationales, augmente». Il a testé avec succès sa nouvelle politique,
en Géorgie, en Crimée, en Ukraine et maintenant en Syrie Irak. Il semble que
Donald Trump qui accédera à la Maison Blanche, le 20 janvier prochain, ait
accepté l’élargissement de l’influence russe dans la région. Le nouveau président
des États-Unis va probablement rompre avec la politique menée
traditionnellement par les Républicains vis-à-vis de la Russie et s’en
rapprocher. Cela risque de se faire aux dépens de l’Union Européenne, à qui
Donald Trump a demandé d’assurer, elle-même le coût de sa défense, tout en restant
son allié dans l’OTAN. L’heure de vérité a sonné pour l’Europe.
Hier soir, en
hommage aux victimes d’Alep, la tour Eiffel est restée éteinte, nous ne
pouvions faire plus.
10 commentaires:
Puis-je me permettre une question subsidiaire, car je me demande combien il y eut, en leur temps, de "Monsieur Akoun" pour se scandaliser de l'écrasement complet des villes de Hambourg, Dresde ou Berlin entre 1940 et 1945, sous les raids aériens successifs ou conjugués de la RAF, de l'USAAF et de l'Armée Rouge ?
Rappelons quelques chiffres : 20000 à 50000 morts sous les bombardements à Berlin entre 1940 et 1945. 25000 morts pour le seul bombardement de Dresde du 13 au 15 février 1945. 45000 morts sous le bombardement de Hambourg en juillet-août 1943.
Lorsque Barak Obama a menacé Bachar El Assad de répression s'il franchissait la ligne rouge par l'envoi de bombes chimiques sur sa population, le président des Etats-Unis n'a pas été écouté. Alors il a observé, impuissant, et ses menaces sont restées vaines.
L'Europe devait imposer des sanctions à la Russie si elle ne cessait pas les bombardements sur Alep. Alep est tombée, pas de sanctions faute de consensus.
Abdication de l'Occident.
Dans ce contexte et à l'heure où Poutine impose sa loi, comment critiquer certains hommes politiques qui souhaitent un dialogue avec Le chef du Kremlin, nouveau maître du monde.
Faute de n'avoir pas voulu entamer de discussions avec Assad, les Occidentaux ont laissé le champ libre à ces exactions.
Et en effet, la Tour Eiffel dans l'obscurité n'apportera ni la lumière ni l'espérance à ce peuple en déshérence.
La gauche aime les symboles aujourd'hui largement dépassés.
Bien cordialement
La gauche n'est pas seulement folle, elle est monstrueuse. Assad est sans doute un dictateur classique qui ne tue que si on menace son pouvoir. En face, les islamistes, soutenus par Hollande, auraient assassiné des personnes par dizaines ou centaines de milliers s'ils avaient gagné. Soutenir des islamistes en utilisant la rhétorique des droits de l'homme, il faut être malade.
@marianne Arnaud
Insinueriez-vous qu'il aurait fallu pleurer suite aux bombardements des villes que vous citez? Avez-vous oublié les méfaits pour ne pas dire plus, de l'Allemagne nazie pour laquelle l'immense majorité de ses citoyens étaient partie prenante de ce régime?
On ne peut donc pas comparer l'embrigadement qui avait cours en 40 avec l'implication des habitants d'Alep aujourd'hui.
Bien cordialement
Véronique Allouche
Non, chère Véronique, je n'insinue rien. Je dis seulement que pour venir à bout de l'Allemagne nazie et de ses alliés il a fallu en passer par la guerre, et donc il a fallu accepter la destruction des villes que j'ai citées et de bien d'autres.
Rappelons que de 1939 à 1945, dans le cadre de ce qu'on appelait le "bombardement stratégique", euphémisme pour parler du bombardement des villes, y compris des habitations, il a été largué sur l'ensemble du théâtre européen :
1 463 423 tonnes de bombes par l'USAAF et 1 307 117 tonnes de bombes par la RAF.
Alors, s'il est vrai que nous sommes en guerre contre l'EI, il faut faire la guerre sans trembler, et le meilleur moyen n'est certainement pas de se servir des images que nous envoient nos ennemis dans le but de casser le moral des peuples déjà déboussolés que nous sommes.
Très cordialement vôtre.
Et pour en rajouter une couche, chère Véronique, afin que les choses soient parfaitement claires, voici une description historique du bombardement de Hambourg :
"Officiellement, l'objectif est de réduire en cendres les installations industrielles de Hambourg, coeur des chantiers navals et nerf de l'effort de guerre. Keith Lowe révèle que, comme plus tard à Dresde, les Anglo-Américains ont surtout décidé de terroriser et démoraliser la population pour ébranler les assises du régime.
Le déluge de bombes atteint une telle intensité que la réaction de fusion va créer une perturbation atmosphérique inédite : la tempête de feu. Attisé par la canicule et soufflant à près de 250 kilomètres-heure, un gigantesque cyclone de flammes se propage dans la métropole et absorbe tout l'oxygène. Les corps s'embrasent comme de l'étoupe, l'asphalte bout, engluant les hommes comme dans la cire brûlante d'une bougie. Arrachés des bras de leur mère, des bébés sont happés par le souffle de l'embrasement. Images terribles et longtemps refoulées par les Allemands eux-mêmes qu'osa évoquer le premier l'écrivain W. G. Sebald."
Voyez-vous une différence entre ces bébés allemands, les bébés juifs tués dans les camps, et les bébés chrétiens massacrés par l'EI ? Quant à moi, je n'en vois aucune !
Bien à vous.
@madame Arnaud
vous avez l'air d'oublier, madame, mais je n'en suis pas étonné que la deuxième guerre mondiale, qui a fait 62 millions de morts, dont une majorité de civils a été déclarée par l'Allemagne nazie. Elle était, certes, dirigée par un dictateur monstrueux, mais élu démocratiquement et adulé par son peuple jusqu'au derniers jours de la guerre. vous n'êtes scandalisée que par les victimes des bombardements des alliés, vous oubliez que ce sont les allemands qui ont initié les bombardements ou le mitraillage des populations civiles couplés aux offensives militaires. Guernica devrait vous dire quelque chose; les stukas mitraillant les civils sans distinction d'âge,de sexe pendant l'exode sur les routes de France, vous avez du en entendre parler, je suppose?. ces bombardements, ces mitraillage, n'étaient pas des dommages collatéraux, ils étaient faits sciemment pour démoraliser les populations et contrecarrer les contre offensives.
Vous décrivez le bombardement de Hambourg, qui fut terrible, mais vous avez oublié Coventry, Rotterdam..... les millions de juifs, slaves, tsiganes, homosexuels, handicapés fusillés gazés. vous frisez l'ignominie quand vous faites la comparaison entre les bébés, vous ne voyez pas de différence, dites vous, entre ces bébés allemands, juifs ou chrétiens, bombardés ,tués ou massacrés, mais si madame, une différence d'échelle il y a eu plus d'un million d'enfants juifs conduits dans les chambres à gaz. je vous savez d'extrême droite, je vous découvre révisionniste. c'est bien plus grave
Gérard Akoun
@ Gérard Akoun
Monsieur,
Sans doute vous attendiez-vous à ce que j'écrive l'histoire de la Seconde guerre mondiale dans mon commentaire. Cela ne me paraît pas possible et croyez bien que je le regrette.
Je retiens cependant que la plupart des reproches que vous me faites ne sont que des divergences d'opinion où, contrairement à moi, vous liez la gravité des crimes à leur nombre.
En revanche, je me vois convaincue de révisionnisme, sans autre forme de procès. Vous avez l'air d'oublier que le révisionnisme est un délit passible de la loi qui demande donc à être constitué.
Aussi je vous prierai, soit de dire quels sont les propos révisionnistes que j'aurais tenus, soit de retirer votre commentaire.
@marianne Arnaud
Tuer l'innocence est abject bien sûr, et nul ne vous contredira. Cependant si à vos yeux la vie d'un enfant allemand valait la vie de celle d'un enfant juif, que dire de la responsabilité des ascendants incombant au premier et qui mena le second où vous savez. J'y vois moi, une différence de taille.
Quant aux chrétiens d'Orient, est-ce à dire, comme le laisse à penser votre précédent commentaire, que vous opteriez pour des bombardements systématiques en Syrie alors que vous êtes choquée par ceux ayant eu lieu en Allemagne de 40 à 45?
Très cordialement
Véronique Allouche
@Véronique Allouche
Merci, chère Véronique, d'avoir fait ce commentaire tout à fait amical relatif à une prise de position qui m'a valu d'être condamnée à la géhenne.
J'aimerais cependant clarifier ma position, dont l'idée principale est de dire que : 1 - Il n'y a pas de "guerres propres". 2 - TOUTES les guerres voient se commettre des atrocités. 3 - Il est des circonstances où on est acculé à faire la guerre. Ce qui nous ramène au 1 et au 2 !
Pour ce qui concerne le siège d'Alep, si on me dit que les milieux syriens en France sont scandalisés de la manière dont les media présentent le "martyre d'Alep", je suis bien obligée de l'entendre.
A cet égard je vous conseille vivement d'écouter cet entretien de Yves Calvi avec Eric Denécé, Directeur du Centre de la Recherche sur le Renseignement, qui nous dit sans ambages que la façon de traiter Alep ne fait qu'amener toujours plus de jeunes européens à s'enrôler pour faire le djihad.
http://www.lci.fr/politique/eric-denece-etait-l-invite-de-yves-calvi-2018520.html
Je souhaite d'heureuses fêtes de Noël à vous, et à tous les lecteurs de ce blog.
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