Radio KOL-ISRAËL
RÉTROSPECTIVE DE L’ANNÉE 5775
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Annie GABBAÏ
Nous sommes entrés, les 14 et 15 septembre 2015, dans l’année 5776 au
lendemain de la fête de Rosh Hachana, le nouvel an juif. Durant l’année écoulée, Israël a
connu de nombreux faits marquants tant sur le plan intérieur qu’international : la guerre de Gaza, les élections anticipées, l'attentat de l'hyper Cacher de Paris et enfin l'accord sur le nucléaire iranien avec les pays P5+1 .
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Guerre de Gaza
D’abord la controverse sur la Guerre de Gaza d’août 2014. L’an dernier
les fêtes avaient suivi l’opération «bordure de protection», qui avait
duré 50 jours, et qui s’était soldée par un cessez-le-feu signé le 26 août
2014. Le débat avait été ouvert sur la conduite de cette guerre. Certains
généraux auraient voulu mettre les gros moyens dès le départ pour éradiquer les
leaders du Hamas et limiter les pertes humaines à savoir 70 soldats morts
israéliens et 2.140 victimes palestiniennes. D’autres ont estimé qu’il fallait ménager
l’avenir pour de négociations futures. En effet on ne peut négocier qu’avec ses
ennemis. Il semble que la stratégie utilisée a été payante. La modération
relative a permis de garder d’excellentes relations avec l’Égypte et avec
l’Arabie qui n’auraient pas admis qu’on écrase le Hamas. Le président Al-Sissi a
pris des mesures radicales contre le Hamas en fermant les frontières et en
détruisant la totalité des tunnels de contrebande. Cela n’a pas empêché le
Hamas de chanter victoire pour l’unique raison que ses dirigeants sont toujours
en vie et ont gardé le contrôle de la bande.
Les conséquences de la guerre sont claires à établir aujourd’hui. Les
énormes destructions à Gaza ont fait réfléchir le Hamas qui a compris qu’il ne
pourra jamais vaincre Israël et qu’il a besoin de l’aide internationale. Alors
il est contraint d’accepter tous les compromis dans le cadre d’une retraite politique
qu’il estime tactique. Des rumeurs persistantes font état de négociations
secrètes pour un cessez-le-feu de longue durée.
Kahlon l’étoile montante du Likoud
Sur le plan politique, cette année a vu émerger un nouveau leader Moshe
Kahlon qui a été l’un des hommes politiques israéliens les plus en vue. Il
était entré à la Knesset pour la première fois en 2003. Député du Likoud, il a
détenu les portefeuilles ministériels des Communications, de la Santé et des
Affaires sociales. Mais alors qu’il avait été élu en troisième position durant les primaires du Likoud de 2013, il
avait annoncé à la grande surprise des
dirigeants de son parti, trois mois avant les élections anticipées, qu’il avait
décidé d’une pause politique en ne se présentant pas aux élections du 22
janvier 2013. Il était en conflit direct avec Netanyahou. Moshé Kahlon était la
pointure qui aurait pu empêcher la droitisation extrême du Likoud et il l’avait
critiqué pour avoir abandonné le parti aux nationalistes. D’ailleurs il avait
été le seul ministre du Likoud à voter contre les coupes budgétaires parce
qu’il estimait qu’elles touchaient particulièrement les classes défavorisées.
Élections 2015
L’impossibilité de trouver un accord sur le budget 2015 et la guérilla
menée par le ministre des finances centriste Yaïr Lapid ont poussé le premier ministre à décider
d’élections anticipées fixées aux 17 mars 2015. Elles ont été l’occasion d’une
hécatombe qui a touché des grandes figures politiques de premier plan qui ont
quitté la politique.
Yaïr SHAMIR, ancien n°2 d’Israel Beiteinou
Faïna KIRSHENBAUM, 4ème de la liste Israël
Beiteinou députée et vice-ministre de l’intérieur a décidé de démissionner de
son poste et de quitter la politique après son inculpation pour corruption
Itzhak AHARONOVITZ, ministre de la Sécurité
intérieure, a décidé de se retirer de la vie politique
Moshe FEIGLIN, déçu de ne pas avoir été
désigné par les militants à une place éligible alors qu’il était vice-président
sortant de la Knesset, a annoncé son départ du Likoud. Le Likoud a désavoué en
fait la politique d’extrême-droite prônée par ce vice-président sortant de la
Knesset.
Avraham BURG, ancien président de la Knesset
de 1999 à 2003, a décidé de rejoindre le parti Hadash créé en 1977 et incluant
à l’époque des membres contestataires séfarades des Black Panters et des
anciens du parti communiste.
Nitzan HOROWITZ, député Meretz, a annoncé
qu'il ne sera pas candidat à la Knesset lors des prochaines élections
Uzi LANDAU, ministre du Tourisme, ne se
présentera pas lors des prochaines élections.
Meïr CHETRIT du parti Hatnoua a décidé de
quitter la vie politique.
Amram MITZNA du parti Hatnoua quitte la vie
politique
Hyper Cacher Vincennes
La prise d'otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes à
Paris perpétrée le 9 janvier 2015 a mis en évidence le risque latent d’attaques
terroristes islamistes et antisémites en France. Au lendemain de l’assassinat
des quatre juifs dans le supermarché cacher
de Vincennes, la douleur s’est estompée et la politique en Israël a repris ses
priorités. Les Juifs français ont été, malgré eux, les enjeux des élections
israéliennes anticipées du 17 mars 2015. Ils ont fait l’objet d’une manœuvre de
récupération de la part des politiques israéliens qui se sont précipités à tour
de rôle à Paris pour s’intéresser aux Juifs français, par opportunisme. Et puis
la politique a repris ses droits avec l’élection du 17 mars.
Élections de mars 2015
En Israël l’augmentation du coût de la vie et des logements, les
risques sécuritaires et l’erreur de casting d’Isaac Herzog ont orienté les
électeurs vers Benjamin Netanyahou. Là est le paradoxe puisque les citoyens ont
voté à droite parce que la politique de gauche n’était pas suffisamment
affirmée. Les sionistes religieux de
Naftali Bennett se sont effondrés tandis que le parti d’extrême-droite Yahad incluant
des anciens Kahanistes n’a pas obtenu le minimum de voix pour entrer à la
Knesset. C’est en quelque sort une satisfaction, celle de voir les partis dits républicains
réussir. Israël a connu la déception de sondages erronés qui laissaient miroiter le retour des
Travaillistes au pouvoir après vingt années de gouvernement de droite. La
gauche israélienne a connu son revers politique parce qu’elle s’est trop
attachée au dogme et à la pensée magique. Elle n’a pas compris que les
questions de sécurité étaient fondamentalement au cœur de la préoccupation
israélienne et de ce fait, elle n’a inscrit sur sa liste aucun général en place
éligible qui aurait pu donner une certaine crédibilité sécuritaire au parti. La
gauche n’a pas su convaincre lorsqu’elle parlait de paix et de prospérité
puisqu’elle a laissé croire qu’elle voulait le démantèlement de toutes les
implantations si c’était la condition pour faire la paix. En fait la gauche est
à la recherche d’un leader charismatique qui sortira des sentiers battus, qui
insufflera des idées nouvelles loin du dogme socialiste de l’après-guerre, qui
renouvellera la classe politique et qui aura un programme ambitieux et
pragmatique pour redonner espoir aux classes moyennes et défavorisées.
IRAN
ACCORD
Cette rétrospective a été marquée
par l’accord sur le nucléaire signé par les puissances 5+1 avec l’Iran.
Benjamin Netanyahou s’était déplacé à Washington en mars pour sensibiliser les
sénateurs américains du danger de cette signature mais il n’a pas été entendu.
Cela tient au fait que les Américains sont très respectueux de la démocratie et
qu’il n’est pas question pour eux de bloquer les institutions en s’opposant au
président qui pouvait de toute façon user de l’arme du veto.
Selon les différents bords
politiques, les avis divergent sur la qualification de l’accord. Certains le
trouvent moins pire que prévu. Cet accord est a minima pour les Israéliens.
Israël s’oppose donc radicalement aux clauses de ce qui, selon lui, va mener à
une «crise majeure». L’Arabie saoudite s’inquiète de tout traité signé
avec le régime des mollahs. Les Iraniens estiment que l’accord va dans le sens
de leurs intérêts. Pour cela deux clauses prévoient d’une part la réduction des
centrifugeuses d’ancienne génération de 19.000 à 6.000 et l’interdiction de
l’installation de nouvelles centrifugeuses d’un modèle plus évolué durant au
moins dix ans. L’usine de Fordow, enfouie sous la montagne et inaccessible par
l’aviation, cessera tout enrichissement et sera transformée en centre de
recherche civil. L’usine aura l’interdiction de produire toute matière fissile
durant quinze années tandis que parallèlement l’Iran diminuera son stock
d’uranium enrichi de 10.000 à 300 kg durant cette même période. Il est prévu
que la Russie reçoive ce stock pour retraitement. Les usines à plutonium sont
aussi concernées par cet accord. Le réacteur à eau lourde d’Arak sera modifié
et son noyau d’origine sera détruit pour ne plus produire de plutonium pendant
15 ans. L’Iran s’engage par ailleurs à ne pas construire de réacteur à eau
lourde durant cette période.
Classement exportateur d’armes
Et pour terminer, je voudrais revenir
sur un fait peu relevé par les médias. Le classement d’Israël dans les
exportations d’armes dans le monde. En 2009, la guerre commerciale faisait rage
entre Paris et Jérusalem qui se disputaient la quatrième place mondiale des
exportateurs d'armes. La France avait perdu en 2006 sa place de troisième au
profit de la Russie et s’accrochait à sa quatrième place. La quatrième place
était convoitée par Israël qui talonnait la France. Mais le classement 2014 des
dix premiers pays exportateurs d’armement est une grande déception car Israël a
été relégué à la dixième place avec 2% du marché mondial et 5,66 milliards de
dollars de chiffre d’affaires. Israël a pu maintenir cette place honorable
grâce à l’augmentation de 40% de ses ventes vers l’Afrique alors que ses ventes
globales ont baissé de près d’un milliard de dollars. En fait, ses exportations
ont beaucoup souffert de l’arrêt des ventes à la Turquie qui était son plus
gros client.
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