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jeudi 12 mars 2015

MAHMOUD ABBAS : FIN DE LA DIPLOMATIE DE LA CANONNIÈRE



MAHMOUD ABBAS : FIN DE LA DIPLOMATIE DE LA CANONNIÈRE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

            
         
          Mahmoud Abbas est fin diplomate ; ceux qui pouvaient en douter seront à présent convaincus.  Il a suscité le communiqué du Conseil Central de l’OLP qui recommande la «fin de la coordination de la sécurité, sous toutes ses formes, avec les autorités d'occupation israéliennes, à la lumière de son échec à respecter les accords signés entre les deux parties». Il a menacé Israël, sans pourtant fixer de date précise à la fin de la collaboration sécuritaire. C’était une menace en l’air et non exécutoire puisque lui-seul est habilité à signer le document de rupture.


Coup de balancier


Perquisitions chez les militants du  Hamas

Mais aussitôt, dans un coup de balancier, il a décidé d’être agréable aux Américains et à l’Union sioniste. Il a verrouillé toutes les menaces au bon déroulement des élections législatives israéliennes en neutralisant les militants du Hamas qui auraient pu avoir des velléités de créer des troubles et surtout, d’empêcher les Arabes de voter dans les villes israéliennes. Il a surtout voulu prouver que la fin de la coopération sécuritaire était une vue de l’esprit, une simple éventualité brandie à des fins intérieures.
Les forces palestiniennes ont ainsi arrêté plus de 100 militants du Hamas en Cisjordanie et, pour faire bonne mesure, un haut responsable récalcitrant du Fatah. Parmi les arrestations à titre préventif, on compte des anciens détenus libérés, des universitaires et des étudiants. Mahmoud Abbas a tout à coup oublié les griefs à l’égard de l’administration israélienne qui a bloqué les taxes qui lui reviennent de droit. Officiellement il a justifié ces mesures contre le Hamas en représailles à l’arrestation de membres du Fatah à Gaza. 

Il est difficile de ne pas interpréter ce geste comme un cadeau fait au couple Herzog-Livni qui peut prouver à l’opinion israélienne qu’elle n’a rien à craindre des Palestiniens. Ils sauront mettre de l’ordre dans leurs rangs pour faire respecter le calme et les accords signés. Mahmoud Abbas veut ainsi apparaître comme un partenaire fiable dans des négociations de paix avec un éventuel gouvernement de gauche.

Perquisitions


Répression du Hamas

Le Fatah en a peut-être un peu trop fait en faisant preuve d’une agressivité étonnante lors des perquisitions à l’intérieur des maisons pour procéder à la recherche d’armes et de documents compromettants. La rivalité avec le Hamas perdure et toutes les occasions sont bonnes pour neutraliser ceux qui s’opposent à l’Autorité palestinienne. Le Hamas a prétendu que ces arrestations ont été  menées avec la coopération des forces israéliennes qui ont fourni les informations sécuritaires qu’elles détenaient. Si cela était vrai, les Israéliens peuvent toujours arguer que toute coopération est bonne pour aller à la recherche de terroristes islamistes, certains ayant de surcroît des accointances avec Daesh.
Hossam Badran

Le premier ministre palestinien s’est défendu de telles accusations malgré la déclaration du porte-parole du Hamas, Hossam Badran : «Nous déposons le fardeau de la responsabilité de la vague d'arrestations et le maintien de restrictions sur Mahmoud Abbas et le premier ministre palestinien Rami Hamdallah. Cette vague d'arrestations prouve que la coordination de la sécurité avec Israël continue au plus haut niveau et qu’il n'y a aucune volonté derrière la décision du Conseil central de l'OLP de mettre fin à la coopération».
            La concurrence est rude entre le Fatah et le Hamas. Mahmoud Abbas craint d’être doublé par les Islamistes surtout lorsqu’il s’agit d’apparaître comme le plus conciliant. Depuis la fermeture définitive des tunnels avec l’Égypte et les promesses de financement non tenues par les dirigeants arabes, le Hamas craint sérieusement une explosion de la population de Gaza qui ne voit aucun changement dans sa vie quotidienne. Il a compris qu’il devait faire des concessions s’il voulait la levée du siège mais que le salut ne pourrait venir que d’Israël. 
Robert Serry

          Ismaël Haniyeh a demandé à des diplomates européens, l'ancien émissaire de l'ONU au Moyen-Orient, Robert Serry et  le consul suisse Paul Garnier, d’intervenir en médiateurs pour une levée du siège en échange d’une signature de trêve avec Israël pour au moins cinq années.

Une trêve de cinq ans

             Les conditions d’une trêve sont déjà connues depuis plusieurs années puisqu’elles ne varient pas. Le Hamas veut, en échange, l’arrêt de toutes les actions militaires, la levée de l’embargo de Gaza, la levée des restrictions à l’exportation et l’importation, et la construction d’un port et aéroport. La position politique du Hamas a par ailleurs nettement évolué puisqu’il ne s’opposerait plus à un État palestinien sur les frontières de 1967. Le chef du Quartet Tony Blair a remis ces propositions à un haut diplomate américain mais Israël n’a pas encore répondu à ces propositions.
            Ce qui est sûr c’est les Palestiniens ne se privent pas d'intervenir indirectement dans la campagne électorale israélienne, donnant cependant l’impression qu’ils ne seraient pas déçus si Benjamin Netanyahou était battu. Mais cela reste du domaine de la politique fiction tant que le résultat du scrutin n'est pas acté.

1 commentaire:

Avraham NATAF a dit…

L'Union Sioniste, avec son triumvirat, nous donne avec son nom une impression de patriotisme sans compromis. Dans une élection démocratique, il faut promettre et paraître pour gagner, avoir des alliés. Mais Il est aussi question de l'avenir d'un Etat Juif ouvert aux persécutés.