LES ENJEUX DE LA VISITE DE FRANÇOIS HOLLANDE EN ISRAËL
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Nétanyahou à l'Elysée |
François
Hollande arrive en Israël le 17 novembre en visite d’État sur invitation du
gouvernement et du président Shimon Pérès. On ne peut pas dire que son
déplacement se présentait sur un bon augure compte tenu de la menace du
président de la Knesset, Yuli Edelstein, de ne pas le recevoir à la Knesset
s’il ne s’adressait pas aux députés. Le problème a été réglé. Le
président français ne disposait pas d’un capital de sympathie en Israël, encore
moins parmi la communauté francophone qui avait voté à 82% pour Nicolas Sarkozy
et qui, chose étonnante, montre aujourd'hui sa volatilité après tant de critiques publiées
sur tous les sites Internet.
Pas de contentieux en cours
Aucun contentieux
n’existe entre les deux pays. Leurs relations sont certes indifférentes à
défaut d’être stratégiques. Benjamin Netanyahou avait des liens privilégiés
avec Nicolas Sarkozy, son jumeau en politique, tant
ils avaient emprunté la même trajectoire. Cependant les liens s’étaient vite
tendus à la suite d’indiscrétions publiées par
WikiLeaks. Mais arrivés au pouvoir pratiquement en même temps, ils n’ont plus
montré dans leurs relations la même chaleur dès lors où le pragmatisme
politique prenait le pas sur la sympathie mutuelle.
Netanyahou à Toulouse |
François Hollande
et le premier ministre israélien, de bords politiques différents, ne se
connaissaient pas personnellement mais le voyage de Benjamin Netanyahou à
Toulouse les a rapprochés juste le temps d’une visite. Cependant, malgré une
bonne volonté commune, ils ont la tâche difficile de réveiller un mort
parce que les relations entre la France et Israël sont dans un état comateux.
Les socialistes revenus au pouvoir en France n’ont jamais réussi à reconstituer
l’idylle entre les deux pays qui avait duré de 1948 à 1967. Il faudrait pour
cela réactualiser la collaboration militaire, la collaboration nucléaire et la
collaboration industrielle.
Collaboration militaire
La collaboration
militaire, initiée avec la Campagne de Suez commune contre Nasser, était alors
fondée sur le combat contre le panarabisme naissant, contre une dictature
mettant en jeu l’existence d’Israël et contre l’inféodation d’un régime sous le
joug soviétique. Aujourd’hui une certaine analogie existe avec le dossier
iranien qui préoccupe les Israéliens parce que la construction d’une bombe
nucléaire sous couvert de nucléaire civil les menace. En 1956, les Israéliens
étaient réticents à se lancer dans la guerre aux côtés des Français mais ils
l’ont fait alors que leur armée était embryonnaire et sans couverture aérienne.
Aujourd’hui Benjamin Netanyahou estime qu’il faut éradiquer la
menace iranienne nucléaire capable d’atteindre Israël. Il comptait sur les
Américains qui ont abandonné tout projet militaire parce qu’ils privilégient
l’option diplomatique appuyée par des sanctions internationales censées affaiblir
l’Iran. Les Israéliens souhaiteraient que la France s’implique aujourd’hui en
tant que grande nation nucléaire qui pèse dans l’environnement international.
Trop de discours n’ont rien donné parce que l’Europe est inexistante, faible ou
égoïste. Mais Israël a retrouvé une France
qui a prouvé ses capacités d’agir, seule s’il le faut, d’abord en Libye mais
surtout au Mali où elle a donné un coup d’arrêt aux terroristes d’Al-Qaeda. Il
est évident que cette réelle convergence peut permettre aux deux pays de prouver
leur autonomie.
Le général de
Gaulle avait mis fin, dès 1961, à la collaboration nucléaire qui a vu la
centrale nucléaire israélienne de Dimona prendre l’essor qu’elle a aujourd’hui.
Les échanges entre les deux pays ont été bénéfiques pour le développement
commun des applications nucléaires. Alors que des ingénieurs français participaient aux travaux à Dimona, des scientifiques israéliens auraient assisté à
des essais nucléaires français dans le désert algérien. La décision brutale du
général de Gaulle a poussé les Israéliens dans les bras des Américains qui ont
pris le relais en donnant un coup de fouet à la technologie israélienne revendue
à l’Afrique du Sud avec comme point d’orgue un essai commun dans l’Océan Indien en 1979.
Les liens bilatéraux
ont été rompus et les réseaux communs dénoués. Pourtant
Nicolas Sarkozy avait envisagé sérieusement, en 2010, d'aider Israël à
construire une deuxième centrale nucléaire civile à des fins de production
d’électricité. Le ministre Uzi Landau avait confirmé à la conférence
internationale sur le nucléaire civil à Paris, en mars 2010, qu’il était en
discussion avec le ministre de l’énergie de l’époque, Jean-Louis Borloo. Mais
devant le tollé des pays arabes face à une telle décision, la France a préféré
planifier cette nouvelle usine en Jordanie, certes sous supervision
israélienne. Mais le 30 mai 2012, un vote du Parlement jordanien suspendait le
programme nucléaire civil du pays. Tout était tombé à l’eau.
Uzi Landau |
Le retrait de la France a, là-aussi, ouvert la porte aux Américains
qui ont compris qu’ils pouvaient exploiter la matière grise israélienne
abondante et qualifiée. Le 29 juillet 2010, un accord de coopération nucléaire
entre le États-Unis et Israël a été signé qui prévoit notamment le transfert de
technologie en matière de construction de réacteur pour produire de
l'électricité, contournant ainsi le TNP (Traité de non-prolifération) dont Israël
n'est pas signataire. La France, leader de la construction d’usines nucléaires
civiles, a perdu ce créneau et il devient donc improbable qu’elle puisse se
réinsérer dans l’industrie nucléaire dans la région.
Enfin, la
collaboration industrielle a été le point de mire des relations entre Israël et
la France jusqu’à l’avènement du gouvernement gaulliste. Israël avait équipé
son armée d’avions français Mirage qui ont subi le baptême du feu à
l’occasion de la Guerre des Six-Jours donnant ainsi un élan valorisé à
l’industrie aéronautique française. La France a pu vendre ses chasseurs dans le
monde entier, même aux pays arabes, jaloux de détenir une capacité militaire de
haut niveau. Mais l’embargo contre Israël décrété par le général de Gaulle
pénalisa les usines Dassault qui eurent du mal d’ailleurs à vendre leur avion
Rafale car ils
n’avaient plus le faire valoir technique et commercial israélien.
Kfir israélien |
Cependant la
France n’a jamais annoncé officiellement la fin de l’embargo contre Israël. Pourtant
malgré des liens étroits avec les États-Unis, les Israéliens avaient eu
quelques velléités pour s’affranchir de la pression américaine. Le lobby
pro-français était encore tenace au sein de l’aviation militaire israélienne.
Les Israéliens auraient bien voulu faire jouer la concurrence et diversifier
leurs sources d’approvisionnement d'autant plus que les Américains avaient interdit
aux Israéliens d’avoir leurs propres chaines de construction d’avions de chasse.
L’abandon imposé du prototype de l’avion de chasse israélien Kfir avait laissé
un souvenir douloureux.
Les Français
auraient pu exploiter la fenêtre qui leur était offerte pour l’introduction du
Rafale. D’ailleurs une cellule d’ingénieurs français des industries Dassault
cohabite toujours au sein des industries aéronautiques israéliennes mais le
poids des décisions politiques est trop pesant. La France lorgne vers le marché
des 200 millions d’Arabes tandis que les 8 millions d’Israéliens ne pèsent pas
lourd dans la balance. Elle a aussi raté le coche d’une collaboration
industrielle sur les drones dont Israël est devenu le deuxième leader mondial.
Pourtant le directeur du projet David Harari est un ingénieur originaire de France,
titulaire de la Légion d’honneur et de la médaille du mérite, Grand Prix
d’Israël, qui aurait pu faciliter les relations.
David Harari |
A l'occasion de son voyage, François Hollande
devra faire preuve d’initiative et d’innovation pour faire renaitre ces trois collaborations qui étaient le fondement
des relations bilatérales. Le bilan, certainement maigre, sera établi à l’occasion de son retour en
France.
1 commentaire:
Rendez moi justice cher Jacques!!
Je n'ai pas bele ni moi ni mon site "parolevolee" avec la masse qui s'est mediocrement precipitee pour voter Sarkozy aux presidentielles,et ce, au mepris de son arrogance contre Netanyahou et son acharnement de roquet a imposer prematurement sans consultation avec Israel un etat palestinien a l'UNesco et qui en a ete empeche a temps a l'ONU.
Rappelons encore que c'est sous Sarkozy que Michele Allot Marie menacait de tirer sur les avions israeliens obliges de survoler le Liban.
C'est avec un empressement justifie par la peur idiote de voir rogner sous la presidence de F. Hollande un peu de leurs retraites (ce que Sarkozy aurait fait de toute facon sans etat d'ame comme pour les 45 taxes instituees ou augmentees par lui!!)que les residents francais en Israel oubliant facilement les gifles et humiliations ont plebiscite Nocolas Sarkozy.
Par ailleurs il faut se rendre a l'evidence, n'en deplaise a 82% de moutons :
F.Hollande ni son ministre des affaires etrangeres n'ont adopte envers Israel un ton aussi grossier et menacant que Sarkozy, meme si apparemment le fonds de la politique francaise sous la houlette du Quai d'Orsay n'a pas change.
Ici n'est pas le lieu dans le contexte de votre article d'aborder la politique interieure, mais sur le fonds qu'y a t'il de change?
Une degradation economique?
L'amplification d'une immigration mal supportee?
Hollande n'y 'est pas pour grand chose. Comme Sarkozy il est impuissant, pratiquement sans marges de manoeuvres, pris dans le carcan de l'UE dont il n'a pas le courage de se depetrer.
Cela aurait ete pareil sous Sarkozy qui aurait du etre sanctionne par les francais qui ont fait leur alyah, ne serait- ce que pour l'honneur.
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