LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

mardi 11 avril 2023

Benny Gantz, le général devenu homme d'Etat

 

BENNY GANTZ, LE GÉNÉRAL DEVENU HOMME D’ÉTAT


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Gantz avec ses militaires

            

          Benny Gantz a tissé sa toile tranquillement, avec patience, sans chercher à dépasser les étapes. Il a su à chaque fois, soit se mettre en avant quand il avait rejoint le gouvernement de Netanyahou, soit en retrait quand il avait participé à la coalition avec Yaïr Lapid et Naftali Bennett. Il a attendu son heure qui semble âtre arrivée. Que ce soit à l’armée ou en politique, il est l’homme du courage et de l’audace. Il avait décidé de quitter le quarteron pour rejoindre Netanyahou quand il avait compris que l’inertie menait à de nouvelles élections et que le pays était las des caprices des chefs. Cependant, Netanyahou, omnipuissant à l’époque, n’a pas su prendre la perche qui lui était tendu pour constituer un véritable binôme au pouvoir. La majorité qu’ils avaient ensemble, plus de 70 sièges, leur assurait un gouvernement de longue durée. Mais le premier ministre, spécialiste de la solitude du pouvoir, n’avait rien voulu déléguer allant même jusqu’à écarter son concurrent potentiel. La première victime fut le Likoud qui a été renvoyé dans l’opposition, un épisode douloureux pour Netanyahou.


Gantz-Netanyahou dos à dos


Benny Gantz avait alors trouvé sa voie au ministère de la Défense après avoir été chef d’État-major. Mais face à un nouveau premier ministre, Naftali Bennett, contesté et fragile, considéré illégitime à son poste et à un ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, qui s’estimait parfaitement à sa place sans faire de vagues, il s’était alors imposé progressivement comme l’homme fort du gouvernement, mais discret. Il avait réussi à combler quelques lacunes diplomatiques après l’invitation à son domicile offerte au président palestinien Mahmoud Abbas [1]. C’est un grand honneur qu’il lui a fait, un peu démesuré par rapport au poids réel du chef palestinien, de plus en plus contesté au Fatah, et bien sûr au Hamas. Il avait certes empiété sur les attributions de ses collègues, mais il s’était justifié en affirmant que son action était utile pour débloquer les relations avec les Palestiniens.



Après avoir reçu, avec surprise, Mahmoud Abbas chez lui à Rosh Haayin, le ministre de la Défense avait annoncé une série de mesures de confiance pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. En ce sens il suivait les traces de Yitzhak Rabin qui avait su créer des relations intéressées avec Yasser Arafat. En choisissant le terrain neutre de son domicile, il avait évité de mettre ses collègues ministres dans une situation embarrassante. Il se sentait bien dans le fauteuil de chef des pourparlers avec les Palestiniens. Fairplay, Yaïr Lapid avait été jusqu’à le féliciter en mettant l'accent sur les questions sécuritaires : «La réunion Gantz-Abou Mazen est importante à la fois pour la sécurité d'Israël et pour son statut international. La coordination sécuritaire et civile avec l'Autorité palestinienne est essentielle à la sécurité d'Israël et est dirigée de manière responsable et professionnelle par le ministre de la Défense».

Bien sûr, il n’avait pas fait l’unanimité ni au sein du gouvernement, et encore moins au sein de l’opposition. Il avait choisi une autre stratégie que celle du gouvernement qu’il avait remplacé.  Au lieu de jouer le jeu du Hamas contre l’Autorité palestinienne afin d’empêcher toute unification, il avait préféré renforcer Mahmoud Abbas, considéré par la droite comme un leader partisan du terrorisme et envisager des programmes de planification à long terme, supplémentaires pour les territoires palestiniens.



Dans la foulée, Gantz s’était rendu à Amman pour rencontrer le roi Abdallah II qui avait souligné «la nécessité de maintenir un apaisement global dans les territoires palestiniens et de prendre toutes les mesures nécessaires pour cela, afin de trouver un véritable horizon pour parvenir à une paix juste et globale, fondée sur la solution à deux États». Il avait tout fait pour améliorer les relations entre la Jordanie et Israël après la nette rupture de 2009 à 2021, quand selon le roi, elles avaient atteint «leur pire état».

Il semble bien placé pour renouer les relations devenues statiques avec les chancelleries occidentales après les voyages froids et stériles de Netanyahou en France, en Italie et en Allemagne et surtout pour restaurer la confiance avec les pays arabes. Benny Gantz est totalement soutenu par la Maison Blanche qui voit peut-être une lueur d’espoir dans les relations d’Israël avec les hauts responsables palestiniens.

Gantz à Washington


Les Israéliens, qui ont toujours cherché un leader militaire chargé de prendre en main les destinées du pays, semblent l’avoir trouvé. Les sondages semblent le confirmer bien qu’ils se soient toujours trompés. Mais ils donnent une tendance qui s’affirme de jour en jour. Il n’est pas question de se lancer dans le décompte des sièges, mais ils prévoient qu’en cas d’élections, le Parti de l'unité nationale de Benny Gantz serait le plus grand parti, dépassant largement le Likoud et Yesh Atid de Yaïr Lapid.

Gantz-Blinken


Un nouveau scénario s’affiche qui pourrait voir l’avènement d’une union du Centre et de la Droite modérée avec l’exclusion des partis extrémistes de droite comme de gauche. Le pays a besoin d’une stabilité et d’un changement d’homme au sommet. Israël pourrait alors trouver une stabilité pour régler les défis auxquels il est confronté : l’Iran, le Hezbollah, la crise économique, les relations avec la Diaspora juive, la crise du logement qui montre son nez, l’augmentation du coût de la vie, la réduction de la pauvreté et surtout la fuite des cerveaux vers l’étranger.

 

[1] https://benillouche.blogspot.com/2022/01/mahmoud-abbas-reactive-les-relations.html

6 commentaires:

Georges Kabi a dit…

Il faudrait ajouter que Benny Gantz a tout fait pouur faire tomber sa coalitiopn avec Lapid et Bennett. Samorgue me rappelle celle de tous les generaux ayant abouti dans la politique, en Israel et ailleurs.
Enfin, les sondages d'opinion n'ont guere de valeurs quand les prochaines elections legislatives sont prevues en 2027, que l'actuelle coalition remettra sur le tapis la "reforme" judiciaire destinee a placer une dictature a la place de la democratie en Israel. Et avec une dictature, les resultats des elections seront dignes des resultats sovietiques.
Je conseille a Gantz d'imiter Ehoud Barak et de se trouver un bon poste juteux, assurant l'avenir economique de ses enfants, petits-enfants et arriere petit-enfants.

2 nids a dit…

Bon article, Benny Gandz est vraiment un homme d'état mais il y a eut un faux pas avec l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et ça, cela ne passe pas, même si l'Arménie à soit-disant de "bonnes relations" avec l'Iran
L'Arménie subit un génocide par les Turcs...
ZAKHOR, AL TICHKAH !
2nids Sabrié Stiller Goldenberg Maury

Dominique Cywié a dit…

Le commentaire de Georges Kabi est surréaliste, il semble écrit par quelqu’un qui vit sur une autre planète. Il n’a pas sa place après la pertinente analyse de Jacques Benillouche.

Georges Kabi a dit…

Surrealiste, pouvez-vous vous expliquer?

Dominique Cywié a dit…

Benny Gantz a collaboré avec Naftali Benett et Yaïr Lapid,
Il est tout sauf arrogant,
Les prochaines élections législatives auront lieu quand il faudra réélire un nouveau gouvernement, 2027 est utopique,
Benny Gantz n'a rien à faire d'un poste juteux, il s'intéresse à notre pays et à ses concitoyens.

Georges Kabi a dit…

Benny Ganz, dans le precedent gouvernement, faisait tout son possible pour ne pas s'engager. Il ne voulait pas trop se mouiller, esperant une carriere politique "solo".
Aujourd'hui, nous avons un gouvernement de droite, tout a fait de droite et seulement de droite. Et Bibi est revenu a ses ficelles, seulement voila, pour constituer son gouvernement il a du promettre monts et merveilles alors qu'Israel n'echappe pas a la crise economique mondiale, que l'inflation (une specialite de la droite israelienne) commence a atteindre des positions dangereuses, et pire, a accepter de soutenir economiquement 2 millions de parasites.
Sa seule voie de sortie passe par l'etablissement d'une dictature, commencant d'abord par des provocations militaires destinees a faire taire les opposants. On en est en plein dedans.
Et toutes les villes israeliennes visees par le Djihad Islamique sont des villes qui votent massivement pour...Bibi. En 76 ns de vie, j'en ai vu pas mal de combines bizarres, tant en France qu'en Israel et ailleurs.