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samedi 8 avril 2023

Relations tendues entre Israël et les Etats-Unis

 


RELATIONS TENDUES ENTRE ISRAËL ET LES ÉTATS-UNIS


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


        Rien ne va plus entre Joe Biden et Benjamin Netanyahou puisque le président américain refuse toujours de recevoir le premier ministre israélien à Washington alors que sa nomination date du 29 décembre 2022. En cause le projet de refonte judiciaire et les constructions nouvelles dans les implantations de Cisjordanie et de Jérusalem qui restent les points d’achoppement. Joe Biden estime que le projet judiciaire a faussement été retardé puisqu’il figure toujours dans l’agenda de la Knesset. En effet, malgré le gel annoncé, le projet de loi se poursuit. Le secrétaire de la Knesset affirme qu'il s'agit d'une mesure «technique», or l’un de ses projets de loi les plus controversés a néanmoins été soumis à la Knesset pour les votes finaux, ce qui lui permettrait d’être soumis à l’approbation à une date ultérieure. Cela permet à la coalition de convoquer les votes finaux avec un préavis de 24 heures, mais plusieurs députés de l’opposition ont déclaré que cette décision constituait un «pistolet sur la tempe»  de l’opposition à la table des négociations.




Les Américains ont relevé cette anomalie et ont chargé l’ambassadeur Tom Nides de transmettre un message à Netanyahou à ce sujet. Washington a été critiqué pour son immiscion dans les affaires intérieures d’Israël. Joe Biden s’est justifié en déclarant : «Nous ne voulons pas interférer... Nous n'interférons pas. Ils connaissent ma position. Ils connaissent la position de l'Amérique. Ils connaissent la position juive américaine. Comme beaucoup de fervents partisans d'Israël, je suis très inquiet. Et je crains qu'ils ne comprennent cela. Ils ne peuvent pas continuer dans cette voie. Et j'ai en quelque sorte précisé cela. J’espère que le Premier ministre agira de manière à essayer de trouver un véritable compromis. Mais cela reste à voir».

Netanyahou a trouvé cette remarque déplacée : «Israël est un pays souverain qui prend ses décisions par la volonté de son peuple et non sur la base des pressions de l'étranger, y compris des meilleurs amis. Je connais le président Biden depuis plus de 40 ans et j'apprécie son engagement de longue date envers Israël. L'alliance entre Israël et les États-Unis est incassable et surmonte toujours les désaccords occasionnels entre nous».

Thomas Nides


L’ambassadeur Nides a voulu calmer le jeu : «le Premier ministre israélien sera invité à la Maison Blanche dès que leurs horaires pourront être coordonnés. Je suis sûr qu'il viendra relativement bientôt. Je suppose qu'après la Pâque, évidemment aucune date n'a encore été fixée. Il ne fait aucun doute qu'il viendra rencontrer Biden. Ils se verront personnellement, j'en suis sûr, très bientôt». Mais la Maison Blanche a ensuite précisé qu'aucune date pour une telle réunion n'était prévue et qu'aucune invitation ne devrait être lancée dans un proche avenir.

            L’administration américaine a réagi avec violence. Elle a accusé Netanyahou et son ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, «d'avoir fait une grossière erreur de calcul sur la réaction américaine. Il est hors de question que Jérusalem veuille être là où elle est aujourd'hui. Comme l'a indiqué le président, ce qui se passera ensuite dépend de Ron et Bibi. Les politiciens israéliens de droite peuvent essayer de salir l'administration Biden comme ils le souhaitent, mais ce n'est pas utile».

Ben Gvir


Ben-Gvir a déclaré que les États-Unis doivent comprendre «qu'Israël est un pays indépendant et pas une autre étoile sur le drapeau américain». Par ailleurs Joe Biden a exprimé de profondes inquiétudes quant à la décision de Netanyahu de limoger le ministre de la Défense Yoav Galant car il est considéré comme son interlocuteur privilégié et le plus modéré au sein du gouvernement de Netanyahu.

Le chef du parti d’Unité nationale, Benny Gantz a approuvé les Américains : «Biden a envoyé ce soir un signal d'alarme urgent au gouvernement israélien et a noté que les relations préjudiciables avec les États-Unis – notre meilleur ami et notre allié le plus important – sont un attaque stratégique». Gantz a conseillé à Netanyahou «de réintégrer Galant immédiatement à son poste, de confisquer les responsabilités du ministre des Finances Bezalel Smotrich sur les implantations juives de Cisjordanie et de mettre un terme au saccage du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir».

Manifestation devant Asaf Zamir

Et c’est dans cette atmosphère tendue que le Consul général d’Israël à New York et à l’ONU, Asaf Zamir, a choisi de démissionner pour des raisons idéologiques en raison de son opposition au projet judiciaire : «Je suis profondément préoccupé par la direction que prend le pays en ce moment».

 

6 commentaires:

Harry NUSSBAUM a dit…

C'est l'histoire de la souris qui prétend dresser le lion !
A quand le retour du réalisme ???

Anonyme a dit…

Gantz conseille à Netanyahu d’écarter les sionistes religieux donc de perdre la majorité et de préparer l’arrivée de Gantz au poste de Premier ministre

Anonyme a dit…

Bonsoir,

La nation Israélienne ne serait-elle pas en train de "subir" l'âge de l'indépendance ?
Je penche pour le oui; l'âge où papa Amerique et maman Europe ne peuvent plus rien faire et, donc, l'âge où la sensibilité rencontre la raison.

C'est la question que je me pose: Israël ne serait-il pas en train de mûrir, de s'affermir ?

Cordialement,

Georges Kabi a dit…

Israel est un Etat dependant, une espece de republique bananiere. Il veut etre independant? Qu'il renonce sur le champ a l'aide annuelle americaine de 3,8 milliard de dollars! Et qu'il s'engage a rembourser toutes les aides americaines depuis 1948.
Sinon, que ses politiciens se taisent, ou mieux qu'on leur arrache la langue!

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Georges, je vous trouve bien rude et peu optimiste. Concrètement parlant, ces aides viennent du poids de la diaspora juive ainsi que de certains chrétiens très pratiquants.

Ce n'est pas un choix d'inféodation à la base mais juste une aide. Ceci dit, comme vous, il m'apparait qu'une aide, à terme, induit toujours une obligation... Une aide se transforme en dette.

Je peux me tromper mais je crois qu'Israël a développé les bases de son indépendance technologique et financière (la nation vit par elle mm).

Alors que se passe-t-il ? L'aide étrangère entre en conflit avec les intérêts politiques du dit pays. C'est un point pivot où l'on commence à savoir nager par soi-mm sans bouées :)

Bref, je n'épilogue pas.

PS: je remercie M. Benillouche pour ce blog ainsi que les différents auteurs (j'apprécie particulièrement l'écriture propre, les idées et les anecdotes), enfin je remercie également les personnes qui commentent, c'est plaisant de lire le contraste entre leurs pensées et celle des auteurs.

Georges Kabi a dit…

Contrairement a ce que vous pensez, les aides americaines ont ete votees et approuvees par le Congres americain. Les Juifs americains y sont pour quelque chose, mais leurs dons sont tres loin derriere cette aide gouvernementale americaine.
L'economie israelienne est en grande partie subventionnee par les Americains. Les echanges commerciaux sont favorises au detriment d'autres pays. L'aide americaine prend, en fait, en charge les besoins militaires d'Israel. Ainsi, le fameux Dome de Fer, invention israelienne, a pu etre developpe qu'avec l'aide americaine, et leur fabrication se fait aux USA et sont partie integrante de l'aide annuelle. D'ailleurs, cette aide est a double tranchant: elle soulage le budget israelien tout en supprimant la quasi totalite de l'industrie militaire israelienne. Ainsi les chaussettes, calecons et chemises sont fabriquees en Chine sous commande americaine. Si bien que ces produits ont cesse d'etre fabriques en Israel et cela a contribue a la fermeture des usins textiles locales.
Autre exemple, beaucoup plus grave, est la dependance quasi totale de la high-tech israelienne au marche americain. Et a part Intel (qui menace de fermer ses usines israeliennes si la reforme judiciaire est adoptee) et quelques autres firmes, tout le reste de l'activite depend de la Silicon Valley, Israel ne faisant fonction de sucvcursale, assez insignifiante d'ailleurs.
Les USA sont inquiets, a juste titre, ses "dons", ou "aides" ne sont que des investissements et les investisseurs sont inquiets de voir leur argent partir en fumee dans les colonies illegales baties en Cisjordanie ou dans la formation d'une police politique dependant d'un fou furieux.