LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

mardi 11 avril 2023

Le Hamas panique, la corde au bout du chemin

 

LE HAMAS PANIQUE, LA CORDE AU BOUT DU CHEMIN

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


        Quand des dirigeants utilisent la corde comme moyen de dialogue avec leurs opposants, c’est que la panique s’est emparée d’eux. Il s’agit souvent d’un alibi pour se débarrasser de militants contestataires avec pour seul argument la «collaboration» avec Israël. Six habitants de Gaza ont été condamnés, dont deux à la peine de mort, sans que l’on ne sache rien de leur procès à huis-clos et souvent expéditif. La Cour suprême militaire, qui juge notamment les membres de groupes armés palestiniens vient de confirmer qu’un condamné serait fusillé et l'autre pendu. Les quatre autres sont condamnés à la prison à vie. On ne sait rien des charges qui pèsent sur eux.


Pendaison à Gaza


D'après la loi palestinienne, toute condamnation à mort doit être approuvée par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza en 2007 il gouverne sans coordination avec l'Autorité palestinienne. Les condamnés n’ont donc aucun recours, basée en Cisjordanie occupée. En septembre, le Hamas avait exécuté des condamnés pour la première fois depuis environ cinq ans à Gaza : cinq Palestiniens avaient été exécutés, deux pour «collaboration» avec Israël, et trois pour meurtre. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme avait condamné ces exécutions, tout comme l'ONG Human Rights Watch (HRW), qui avait qualifié «la peine de mort de pratique barbare qui n'a pas sa place dans le monde moderne».

Si la collaboration est vraiment actée, le Hamas ne cherche même pas à procéder à un échange avec Israël. C'est dire le prix d'un prisonnier du Hamas !

          Quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage. Ce proverbe s’applique parfaitement au Hamas qui cherche un alibi pour se débarrasser de quelques opposants, souvent d’ailleurs membres du Fatah. Au lieu de restructurer ses services de sécurité et de changer les chefs inefficaces, il transfère la responsabilité sur de simples citoyens. Devant les nombreux échecs, surtout en Cisjordanie, la panique s’empare des leaders du Hamas qui ne trouvent rien de mieux que de s’en prendre aux lampistes. La méfiance règne parmi les miliciens et cela n’est pas bon pour la cohésion des groupes armés. 

Mazen Faqha 


            Le 25 mai 2017, le Hamas avait exécuté trois hommes, deux par pendaison et le troisième par un peloton d’exécution après l'assassinat du chef militaire Mazen Faqha. Comme pour un spectacle de Son et Lumière, des centaines de personnes avaient été autorisées à assister aux exécutions afin que la leçon soit mieux transmise à ceux qui prendraient le risque de collaborer avec Israël.

          Ashraf Abu Leila, 38 ans, et Hisham al-Aloul, 42 ans, ont été pendus pour avoir «collaboré avec l’ennemi sioniste» sans aucune explication sur cette prétendue collaboration. Pour les mêmes raisons, Abdallah al-Nashar, 38 ans, membre du Fatah, a été fusillé ; il doit cette faveur à sa qualité d'ancien officier de la garde présidentielle. Cet empressement à assassiner un proche de Mahmoud Abbas donne à penser que toutes les excuses sont bonnes pour éliminer la contestation à Gaza. Bien sûr, le Hamas publie les prétendus aveux des trois hommes, qui, selon Amnesty International ont été jugés «au mépris absolu des normes internationales en matière de procès équitable».

Ashraf Abu Leila conduit à la mort


            Mazen Faqha avait été abattu le 24 mars 2017 près de son domicile de Gaza alors qu’il avait été chargé de former en Cisjordanie des cellules affiliées à l'aile militaire du Hamas. Il avait organisé un attentat-suicide dans le quartier de Gilo à Jérusalem-Est en 2002, causant la mort de 19 israéliens. Condamné à perpétuité par Israël, il avait été libéré en 2011 en échange de Gilad Shalit.

            À nouveau le 3 décembre 2018, le général Nasser Suleimane, avait annoncé que six Palestiniens ont été condamnés à mort, et huit autres à des années de travaux forcés, par le tribunal militaire de Gaza pour avoir espionné en faveur d’Israël : «Les condamnés à mort ont fourni des informations à l’occupation qui ont abouti au martyre de certains citoyens et à nuire à notre peuple mais aucun n’est impliqué dans l’assassinat de résistants palestiniens». Des lampistes servent encore de victimes expiatoires. Ils ont été accusés d’être en contact avec Israël.

Depuis la prise du pouvoir du Hamas à Gaza en 2007, plus d’une centaine de personnes ont été condamnées à mort et exécutées sans que les organisations internationales, d’ordinaire si promptes à réagir quand Israël abat un terroriste, n’aient soulevé ce problème douloureux. Une citoyenne israélienne de 55 ans a été condamnée par contumace pour avoir aidé l’un des siens à fuir mais elle se trouve en sécurité en Israël. Huit autres Palestiniens ont également été reconnus coupables d'espionnage et condamnés à des peines allant de six à quinze ans de travaux forcés.

Cependant les charges retenues contre les six condamnés à mort de 2018 étaient dénuées de lien direct avec le raid manqué du 11 novembre qui avait entraîné la mort de sept Palestiniens et d’un officier israélien, selon les actes publiés par les autorités gazaouies. 14 Palestiniens étaient accusés d'avoir communiqué avec les services de renseignements israéliens à propos des groupes armés à Gaza. Il est de plus en plus courant que les milices sécuritaires de Gaza lancent des répressions contre des espions présumés. C’est un moyen de détourner l’attention sur les problèmes réels et de se débarrasser des militants actifs du Fatah. Les suspects sont toujours traduits en justice à huis clos tandis que les médias sont empêchés de couvrir la procédure.

Omar Shakir


          C’est pourquoi, des groupes de défense des Droits de l'Homme accusent le Hamas de tuer des dizaines de personnes de manière extra-judiciaire. Selon Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et les territoires palestiniens : «S'empresser de condamner à mort des personnes, c’est ne pas privilégier la primauté du droit. La peine de mort est une pratique barbare et toujours erronée, quelles que soient les circonstances». Par ailleurs les familles des suppliciés ne savent jamais quand les exécutions de leurs proches ont lieu et ne peuvent les rencontrer avant leur exécution.

Des commandos israéliens infiltrés à Gaza utilisent souvent des fausses cartes d'identité palestiniennes, inspirées d’habitants de Gaza qui ne savent pas que leurs noms ont été utilisés. Sans aucun contrôle, ces personnes sont accusées de complicité avec les Israéliens pour calmer les conséquences de l'action du commando israélien. Il est certain que ces mesures expéditives radicales dénotent un désarroi au sein du Hamas et risquent d’être contre-productive car elles créent une atmosphère de suspicion généralisée qui ne peut bénéficier qu’à Israël.

 

3 commentaires:

Yaakov NEEMAN a dit…

Et dire qu'on a quitté ce lieu où une vie économique florissante avait commencé à poindre. On s'achemine bientôt vers le 20ème anniversaire de notre départ du Goush Katif. Il serait bon de rappeler la chronologie des faits et des déclarations qui nous ont conduit à ce repli hautement dommageable, puisqu'il s'est traduit par l'ouverture d'un nouveau front. Comment comprendre qu'il a pu se dérouler sous l'autorité d'Ariel Sharon ? Est-ce vraiment son fils qui lui aurit mis cette idée en tête ? Votée par la Knesset en février 2005, quels sont les députés de l'actuelle représentation qui se sont opposés à cette hitnatkout ? Etc.

Georges Kabi a dit…

Tant mieux qu'on soit sorti de ce nid de guepes. Vous oubliez trop vite le nombre de civils et de militaires assassines depuis 1967 jusqu'a 2005. Rien que dans la compagnie ou mon fils servait, 7 soldats ont perdu la vie dont le commandant de la compagnie.
Le seul probleme, c'est que retrait fut unilateral sans negociations prealables, ce qui donna des ailes au Hamas, l'evacuation etant traduit par une fuite.

frenkel david a dit…

Monsieur Benillouche, avec tout le respect que vous dois, écrire "Les condamnés n’ont donc aucun recours, basée en Cisjordanie occupée", m'est incompréhensible. La Judée Samarie renommée durant "Cisjordanie" par la Jordanie qui l'occupait et l’avait annexée illégalement. L'annexion jordanienne n'avait pas été internationalement reconnue,(seule la GB et l'Australie l'avaient reconnue), car selon le plan de partage de l'ONU, la Judée Samarie était dévolue à un énième État arabe. Je vous rappelle que ce plan de partage avait été refusée à l'époque par la ligue arabe. Alors, si l'on parle d'occupation, je ne vois pas qui en serait le légal propriétaire. Et quid des accords d'Oslo conclus entre Israël et l'OLP qui attribuait à l’État juif la zone C de la Judée Samarie ? Ah, l'ONU le prétend ! Mais si elle prétendait que la terre est plate, je pense qu'aucun ne lui emboiterait le pas. Tout en vous souhaitant encore une fois longue vie et BONNE SANTÉ, je vous souhaite aussi un joyeux Pessach. Quant à moi cela sera mon dernier commentaire, car je suis choqué que vous utilisez le langage de l'ONU et de tous les médias qui à travers une soit disant occupation, versent leur fiel sur Israël, qu'ils considèrent comme étant le juif des nations.