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jeudi 6 avril 2023

Netanyahou : un discours sans solutions

 


NETANYAHOU : UN DISCOURS SANS SOLUTIONS


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           


       Les Israéliens attendaient le discours de Netanyahou du 23 mars 2023 avec beaucoup d’espoir. En effet, le premier ministre était resté en retrait, laissant la voie libre à Yariv Levin qui a alors montré sa volonté d’être calife à la place du calife. Ils attendaient une proposition nouvelle, une décision courageuse, une idée innovante pouvant mettre fin à la division dramatique du pays.  Pour ceux qui n’émargent pas au Likoud, la déception a été grande car Netanyahou a défendu avec vigueur sa réforme de la justice malgré la forte contestation populaire. 

Cliquer sur la suite pour écouter le discours en français



       Sans aucune mauvaise interprétation sémantique, il a montré sa détermination à mener au bout sa réforme du système judiciaire alors que les manifestants, qui ne sont pas tous des gauchistes, estiment que ce texte affaiblira la justice au profit du politique. Certes, il s’est engagé «à mettre fin à la division» sans donner sa recette miracle. Il s’agit uniquement d’incantations. À base de beaucoup de questions sans réponses. Il accuse l’opposition de refuser le dialogue, mais elle est pourtant disposée à entendre le discours ferme de Benny Gantz «Netanyahou est le même Netanyahou. Il aurait pu pourtant faire quelque chose de simple. Arrêter le processus et discuter». La loi judiciaire est déjà passée en première lecture à la Knesset. Il est impossible pour l’opposition de dialogue avec une épée de Damoclès au- dessus de la tête, une sorte de pression politique inacceptable.



            Netanyahou a compris qu’il avait laissé trop d’espace à Yariv Levin et il a décidé, sans «avoir les mains liées», de descendre dans l’arène tout en laissant cependant son gouvernement mener cette réforme de la justice. Mais il n’a rien dit sur les méthodes de son implication personnelle. Il a seulement fait comprendre que la dernière loi votée sur mesure l’empêchait dorénavant d’être frappé d’incapacité ou d’être démis de ses fonctions. Dorénavant la justice ne peut pas déclarer le premier ministre inapte à exercer ses fonctions et les ministres ne peuvent pas déclencher une procédure d’incapacité, sans le vote des trois-quarts des ministres.



            Dans son discours, il a donné l’impression de balayer d’un revers de main les revendications des manifestants présents en permanence dans la rue. On n’a décelé dans son discours aucune ouverture permettant à l’opposition d’espérer. Au contraire, le premier ministre s’engage dans l’illégalité. Selon la Procureure générale, Gali Baharav-Miara, il lui est interdit de s’impliquer dans les réformes judiciaires et la loi risque d’être violée car la réforme vise à donner au gouvernement le contrôle total du comité qui nomme les juges. 

Gali Baharav-Miara


          Selon elle «Votre déclaration d'hier soir et toute action que vous avez entreprise concernant la refonte judiciaire sont illégales et entachées d'un conflit d'intérêts». L'amendement au projet de loi ne le dispense pas de son obligation de se conformer à un accord qu'il a signé avec la Cour suprême en 2020. En effet, il lui est interdit d'être impliqué dans des modifications du système judiciaire alors qu'il était jugé pour trois chefs d'accusation de corruption. Netanyahou a précisé qu'il est prêt à ignorer l'accord de 2020, attendant que la Knesset adopte la législation le protégeant du procureur général avant de le faire. 

       Baharav-Miara a écrit «Vous avez violé l'arrêt de la Cour suprême selon lequel, en tant que Premier ministre accusé de crimes, vous devez vous abstenir de poser des gestes qui font naître une crainte raisonnable de l'existence d'un conflit d'intérêts entre vos intérêts personnels relatifs aux poursuites pénales et votre rôle de Premier ministre. Hier soir, vous avez annoncé publiquement que vous aviez l'intention de violer la décision de la Cour suprême et d'agir contrairement à l'avis du procureur général, qui vous oblige conformément à cette décision. Votre déclaration d'hier soir et toute autre action de votre part qui viole cet accord sont totalement illégales et en conflit d'intérêts».

            Le premier ministre n’a avancé aucune solution pour résoudre la plus grande crise politique de son histoire que subit Israël. Le gouvernement ne se trouve pas uniquement face à des «gauchistes» mais à la société civile dans son ensemble, à l'élite universitaire et commerciale, à des anciens ministres, à des anciens diplomates, et même à des membres éminents du Likoud.



Galant- Netanyahou-Halevi
            

          Le ministre de la Défense, Yoav Galant, a été empêché de faire une intervention politique pour réclamer l'arrêt des plans du gouvernement pour réformer le système judiciaire. Il mesure le danger de la fracture au sein de l’armée. Il a compris que cette législation limiterait la capacité de la Cours suprême de bloquer une législation qui porterait atteinte aux droits humains et civils. La Knesset ne peut pas être à la fois contrôleuse et contrôlée.

            Contre toute attente, Netanyahou a ignoré toutes les réponses aux questions politiques que se posent les Israéliens. Un discours pour rien. Un discours à des fins purement médiatiques. Netanyahou vient de détruire sa meilleure chance d'éviter une crise constitutionnelle. Immédiatement après le discours, le ministre de la Défense Yoav Galant a, dans une intervention télévisée, demandé de stopper les projets de loi de réforme judiciaire. Il a prévenu que la controverse entourant la réforme judiciaire nuit à la capacité de Tsahal à défendre Israël. Après lui, le ministre Likoud de l’agriculture, Avi Dichter, a demandé de geler les réformes judiciaires pendant un mois jusqu'après le Jour de l'Indépendance d'Israël pour éviter une rupture irrémédiable.

 


6 commentaires:

Véronique ALLOUCHE a dit…

Les institutions restent en place, contrôlées par le pouvoir et déviées de leurs fonctions démocratiques . Ce qui est calqué sur le système des états totalitaires. Les contrepouvoirs sont abolis, l’opposition devient inexistante. Seul espoir cependant, Israël étant un pays en guerre, il est probable que les désertions actuelles des réservistes, des pilotes de chasse et peut-être bientôt des conscrits, fassent revenir le gouvernement vers un assouplissement de la réforme avec pour objectif un consensus entre toutes les parties concernées.

frenkel david a dit…

Le camp Netanyahou contre-attaque : “Il n’a pas violé l’accord avec la Haute Cour”

L’entourage du Premier ministre Binyamin Netanyahou a déclaré ce matin vendredi en réponse au procureur que selon eux, Netanyahou agit conformément à son mandat.
“Toute personne saine d’esprit comprend qu’en cette semaine de crise nationale qui a des conséquences internes et externes pour l’État d’Israël, le Premier ministre doit agir pour tenter d’obtenir un consensus national aussi large que possible, pour prévenir la violence et pour assurer l’ordre public et le fonctionnement quotidien de l’État”, ont-ils déclaré.
Ils ont ajouté :
“Le Premier ministre Netanyahou n’a violé aucune décision de la Cour suprême ni aucun règlement de conflit d’intérêts. L’annonce faite hier par le Premier ministre n’a aucune incidence sur ses affaires personnelles. En tout état de cause, le Premier ministre Netanyahou a déjà informé la Cour suprême qu’aucun nouveau juge choisi par le comité de sélection des juges ne s’occupera directement ou indirectement des affaires du Premier ministre.
• Le député Danon soutient le Premier ministre : “Netanyahou doit se plonger dans le feu de l’action et gérer la situation”. (suite sur https://israel247.org/2023/03/le-camp-netanyahou-contre-attaque-il-na-pas-viole-laccord-avec-la-haute-cour/)

frenkel david a dit…

Anonyme Véronique ALLOUCHE, moi le simple pékin habitant en dehors d'Israël, ne comprend pas pour quelles raisons la réforme judiciaire provoque un tel lever de bouclier qui ne peut que nuire à la pérennité de l’État juif. Je vous prie à titre d'exemple de prendre connaissance de ce qui suit : Le professeur Robert Yisrael Aumann, lauréat du prix Nobel, parle à Israel National News de la lettre qu’il a signée avec d’autres professeurs et médecins pour soutenir la réforme judiciaire.M. Aumann, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 2005, décrit sa lettre comme étant très factuelle. Il fait référence à la révolution judiciaire menée par l’ancien président de la Cour suprême, Aharon Barak, il y a trois décennies, qui a considérablement étendu les pouvoirs de la Cour suprême.

“Les efforts actuels visent à ramener la situation à ce qu’elle était avant la révolution de Barak, qui a considérablement élargi les pouvoirs de toutes sortes de façons”, explique M. Aumann. “Il a introduit le concept de raisonnabilité, où si la Cour suprême pense qu’une action du gouvernement ou une loi de la Knesset est déraisonnable, alors elle peut simplement dire que c’est déraisonnable et donc l’annuler.” (suite s/ttps://israel247.org/2023/03/prix-nobel-israelien-deconomie-le-danger-economique-ce-sont-les-opposants-a-la-reforme-judiciaire-qui-le-creent/)

frenkel david a dit…

Véronique Allouche, Encore ceci : nos ennemis doivent rire sous cape. Là où ils n'ont pas réussi, certains juifs ont agi à leur place. Et pourrait-on m'expliquer en quoi cette réforme judiciaire impacte-t-elle la vie du citoyen israélien ? Alors, sont-ce Les ONG extrêmement bien organisées et très bien financées (allo Soros ?) qui mènent la danse autour de la protestation contre la réforme judiciaire, destinée à faire tomber le gouvernement Netanyahou? N'ont-ils pas annoncé vendredi qu’ils ont assez de pouvoir, de moyens financiers et d’activistes, et qu’ils vont organiser la semaine prochaine une “Semaine nationale de la paralysie”, un terme doux et poli pour cacher qu’ils iront bien au-delà du droit fondamental à manifester et qu’ils vont prendre les Israéliens en otage et supprimer leur liberté d’aller et venir, et tenter de plonger le pays dans le chaos ( suite s/https://israel247.org/2023/03/long-qui-finance-qui-destabilise-israel-sous-pretexte-de-sa-reforme-judiciaire-annonce-une-semaine-nationale-de-paralysie/ L'HISTOIRE JUGERA SANS COMPLAISANCE CE QUI EST EN TRAIN DE SE PASSER EN ISRAËL, UN PAYS POUR LEQUEL BIEN DU SANG JUIF A COULE. HONTE A NOUS TOUS !!!

Véronique Allouche a dit…

@frenkel David
Dommage Monsieur Frankel que vous n’étiez pas avec nous ce soir à l’immense manifestation de Tel-Aviv. Vous auriez mieux compris le besoin de dialogue.
Bravo au ministre Galant pour sa prise de position courageuse :
Le ministre de la Défense, Yoav Galant, a appelé ce soir (samedi) à arrêter le processus de réforme législative. "Les événements qui se déroulent dans la société israélienne n'échappent pas à Tsahal. Je vois la source de notre force s'éroder. En tant que ministre de la Défense, je dis clairement - la fracture dans la société pénètre l'armée israélienne et les organes de sécurité. C'est un danger clair et tangible pour la sécurité du pays. Nous avons besoin d'un changement dans le système judiciaire. Cependant, des changements nationaux importants se font par le dialogue et le discours."

frenkel david a dit…

Merci Véronique Allouche. Cependant, l'idiot que je suis ne comprend pas pour quelles raisons une minorité de perturbatrice en a après une réforme qui ne touche pas le citoyen israélien et qui a sa raison d'être,et cela, à défaut d'avoir une chambre composée de députés démocratiquement élus qui pourrait annuler les décisions de la Kneseth. Tsahal, et j'insiste n'a pas à se mêler de politique ! L'armée est là pour protéger les citoyens et ses soldats. Il est vraiment naïf de croire que si par malheur les hordes sauvages, les terroristes, arriveraient à leurs fins qu'ils épargneraient ceux qui ont refusé de servir, car ils n'étaient pas d'accord avec la réforme de la justice ! Pour eux un juif est un juif qu'il faut anéantir, et peu importe ses opinions. Mon cœur pleure de douleur lorsque je constate, et au risque de me répéter, que l’État d'Israël est en train de se suicider; et cela parce qu'une gauche inconsciente n'accepte pas le verdict des urnes, et qu'elle ne se rend pas compte qu'elle est manipulée par des gens qui désirent la disparition de l’État hébreu.