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jeudi 6 avril 2023

L'Iran met en danger les accords d'Abraham

 

L’IRAN MET EN DANGER LES ACCORDS D’ABRAHAM

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Ali Baqeri-Kani

            Plusieurs services de renseignements ont confirmé que des diplomates iraniens et européens se sont rencontrés en Norvège, plus précisément à Oslo, afin de relancer l'accord nucléaire de 2015. Des fuites à Téhéran ont précisé que le négociateur iranien était Ali Baqeri-Kani, vice-ministre des Affaires étrangères. Il a rencontré des envoyés de Grande-Bretagne, de France et d’Allemagne. Le chef adjoint de la politique étrangère de l'UE, Enrique Mora, était également présent mais l’envoyé américain pour l’Iran, Robert Malley, était absent de cette réunion car il s’agissait d’une simple prise de contact et non de négociations. Il s’agit d’abord d’une discussion officieuse pour tenter de réduire les pierres d’achoppement.


- Quelle est votre réponse à Netanyahou
- Je ne peux pas l'entendre car les centrifugeuses fonctionnent à plein rendement



Ce n’est pas la première fois que la Norvège accueille des pourparlers entre l’Iran et l’Europe. Oslo avait accueilli il y a quelques mois des délégations chargées de rechercher une voie à suivre sur le plan global.

La diplomatie de l’Iran est très active

Ces dernières semaines, l’Iran a multiplié ses efforts pour renouer des relations avec ses voisins à la demande du président Ebrahim Raïsi. À la suite de pourparlers secrets en Chine, Téhéran a intensifié ses efforts pour améliorer les relations avec ses voisins. À la suite de cette réunion, l'Iran et l'Arabie saoudite ont convenu le 10 mars de reprendre leurs relations et de rouvrir leurs ambassades dans un délai de deux mois.

Accord Chine Arabie Iran


Un assistant présidentiel iranien a révélé que le roi d’Arabie avait invité le président iranien pour une «visite officielle dans le but de renforcer la coopération économique et régionale». Raïsi a «salué cette invitation» qui lui est parvenue par lettre. Simultanément l’Iran est entré discrètement en discussion avec Bahreïn. Dans un premier temps les discussions ont porté sur les «problèmes administratifs et bureaucratiques, les conditions des propriétés et des actifs diplomatiques respectifs».

Des rumeurs précisent qu’après la réouverture des ambassades à Téhéran et Riyad, la normalisation entre l’Iran et Bahreïn interviendra. Déjà, le président du parlement de Bahreïn a rencontré le 13 mars une délégation iranienne en visite à l'Assemblée interparlementaire mondiale à Manama. Il s’agit d’une doublure des Accords d’Abraham où l’Iran reprends le rôle d’Israël. Par ailleurs de hauts responsables économiques et politiques iraniens se sont rendus en Irak et aux Émirats arabes Unis pour une ouverture diplomatique.

Échange de prisonniers en préparation

Siamak Namazi et son père Baquer,


Pour donner corps aux changements de l’Iran, des signes sérieux existent sur un échange de prisonniers avec les États-Unis afin de couronner la situation. L’Irano-américain Siamak Namazi, est emprisonné depuis 2015 à Téhéran pour de fausses accusations liées à la sécurité. Baquer Namazi s’est rendu à Téhéran pour négocier la libération de son fils. D’abord mis en prison, il a été relâché après la libération de certains avoirs financiers gelés. L'agence de presse officielle IRNA a précisé que 7 milliards de dollars bloqués dans les banques sud-coréennes ont été rendus dans une banque de la région. D'autres binationaux irano-américains, à l’instar de Morad Tahbaz et Emad Sharghi, sont emprisonnés à Téhéran pour des infractions présumées à la sécurité.

S'il est réalisé après des années d'engagement, le dégel des avoirs iraniens à l'étranger sera salué comme une réussite diplomatique majeure par les conservateurs favorables à Raïsi. Il est important de noter que de nombreux observateurs considèrent également la libération des actifs de l'Iran - même pour les importations humanitaires - comme l'une des premières étapes d'une feuille de route pour rétablir l'accord nucléaire plutôt qu'une mesure autonome.

Progrès avec l'AIEA

Usine nucléaire de Fordow


Enfin et surtout, il y a des indices que le récent engagement constructif entre l'Iran et l’AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) pourrait aboutir à une autre étape majeure vers la relance de la diplomatie.

Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, a conclu un voyage de deux jours à Téhéran le 4 mars, au cours duquel il a rencontré le président, le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (AEOI), Mohammad Eslami. À son retour à Vienne, Grossi a révélé que l'Iran avait accepté de rétablir les principales activités de surveillance, faisant apparemment référence aux caméras qui avaient été retirées de plusieurs sites nucléaires iraniens en juin 2022. Il a ajouté que Téhéran avait également consenti à une «augmentation de 50% des inspections» à l'usine d'enrichissement d'uranium de Fordow. Grossi a insisté pour préciser que les assurances de l'Iran n'étaient «pas des mots mais des promesses très concrètes» qui seraient développées lors de discussions techniques ultérieures.

La diplomatie régionale de l'Iran a donc évolué. Mais, malgré les progrès significatifs, Joe Biden n’est pas disposé à restaurer le JCPOA après la répression sanglante contre les manifestations anti-establishment et surtout après les exportations d'armes iraniennes vers la Russie. En revanche Israël pourrait souffrir de ces rapprochements avec l’Iran mettant en danger les Accords d’Abraham et leur ouverture à d’autres pays arabes. C’est dans cette ambiance tendue que Bezalel Smotrich a envenimé la situation en déclarant à Paris que «le peuple palestinien n'existe pas». Les Émirats arabes unis ont immédiatement décidé de réduire le niveau de leur représentation diplomatique en Israël. Le ministère des Affaires étrangères émirati a ordonné à son ambassadeur, Mohammed Al Khaja, de ne pas rencontrer de représentants du gouvernement israélien jusqu’à nouvel ordre.

3 commentaires:

Florent TEBOUL a dit…

Encore un processus que natanyahu a enterré en 3 mois …. Alors qu’Israël l’avait mis en place depuis plus de 15 ans …. La pire des alliances a eu lieu grâce aux pires ennemis de nos meilleurs alliés…

Michel LEVY a dit…

Les dégâts causés par cette coalition à Israël, à son image, à sa sécurité et à ses relations extérieurs sont déjà immenses.
Faut il saborder Israël pour que Bibi échappe à la justice ?
Un homme vaut il plus que tous les autres israéliens ? ?

frenkel david a dit…

Michel Levy et Florent Teboul : Ce sont les manifestations orchestrées par des ONG étrangères qui nuisent à l'image d'Israël.Point final. Cet acharnement anti-netanyahu devient plus que douteux. Je vous signale aussi que Netanyahu n'a pas été condamné car son procès tourne en eau de boudin, il s'avère que les témoins à charge ont subit un chantage immonde...