LE MOSSAD EST L’ALIBI EN
IRAN POUR RÈGLER LES CONFLITS INTÉRIEURS
Par Jacques BENILLOUCHE
Manifestants iraniens |
Ali Shamkhani et Ali Larijani |
Cependant,
le regard doit se porter ailleurs. S’il n’existe pas d’opposition structurée en
Iran ni d’ailleurs d’un leader incontesté s’opposant aux Mollahs, il est
difficile pour le régime de camoufler les divisions internes, surtout depuis la
répression terrible qui s’abat sur les jeunes manifestants. Les pendaisons sont les seules réponses au malaise de la population. Israël reste le
meilleur fondement pour une accusation tout terrain dans le but d’éliminer les gêneurs
politiques.
Dans le
secret total des tribunaux d’exception, un ancien haut fonctionnaire, qualifié
par les juges de «maitre espion» des services de renseignements
étrangers, voire israéliens, a été reconnu coupable d’espionnage. Pour
l’instant son nom est gardé secret mais, selon des informations concordantes,
il a occupé des postes importants au sein du régime des mollahs. Si la réalité
des accusations était avérée, on ne comprend pas les raisons du secret imposé
sauf si c’est pour masquer les raisons des manifestations contre le régime et
l’impossibilité pour le régime iranien de relancer l’accord nucléaire de 2015. Il
serait tombé en disgrâce pour raison politique ce qui explique le secret qui entoure l’identité du prisonnier.
En fait,
ces pseudos procès tentent de masquer les luttes intestines entre conservateurs
et modérés pour un changement de leadership. L’ancien responsable détenu,
ancien fonctionnaire du ministère de la défense, n’aurait rien à voir avec une
quelconque mission d’espionnage mais serait victime de la lutte pour le
pouvoir. Son seul crime, avoir été très impliqué dans les négociations sur le programme
nucléaire iranien.
SNSC iranien |
Mais
certaines sources de renseignement ont établi qu’il s’agit d’Alireza Akbari,
ancien vice-ministre de la défense, qui serait aux mains des services de
renseignement. La raison essentielle est sa trop grande proximité avec Ali
Shamkhani, secrétaire du SNSC (Conseil suprême de la sécurité nationale) chargé
en Iran de rassembler des dirigeants civils et militaires pour prendre les
décisions les plus importantes auxquelles seul le Guide Suprême Ali Khamenei,
peut s’opposer. De plus Akbari est très proche de l’ancien président du
Parlement, Ali Larijani, conservateur transformé en modéré, interdit de se
présenter aux élections présidentielles de juin 2021 et de plus, circonstance
aggravante aujourd’hui, il a travaillé avec les négociateurs nucléaires de
2005 à 2007.
Les
relations étroites entre Akbari et Shamkhani sont à l’origine de la chute
d’Akbari qui a été son adjoint alors que Shamkhani
a été ministre de la Défense tout au long de la présidence du réformiste Mohammad
Khatami, de 1997 à 2005.
Khamenei |
En fait, toutes ces gesticulations s’expliquent par la
lutte pour le remplacement de Khamenei, 83 ans, malade du cancer, chef suprême
depuis 1989, et par la nécessaire élimination des concurrents politiques,
Larijani et Shamkhani, qui ont cherché ces derniers mois à jouer le rôle de
médiateurs avec les émeutiers, ont
appelé à des réformes pour assurer la survie du régime. En particulier, ils
prônent d’ignorer l’application du hijab obligatoire et la suppression de l’interdiction
des antennes paraboliques.
Selon des
informations confirmées, Qalibaf,
le secrétaire du SNSC, Shamkhani et le conseiller économique du président
Ebrahim Raïssi, Mohsen Rezaee, poursuivent sérieusement le sujet des réformes.
Le trio conservateur serait soutenu par d'autres modérés influents, dont
Larijani et Mohammad Reza Bahonar, membre du Conseil d'opportunité qui
conseille le chef suprême. De plus,
Shamkhani s'est également engagé séparément avec les principaux réformistes. En
novembre, il a rencontré un groupe d'éminentes personnalités pro-réformistes
dirigées par le politicien de haut niveau et ancien chef du parti Ali Shakuri
Rad. En détenant Akbari, on cherche à atteindre Shamkhani.
Raïssi |
Les élections
présidentielles iraniennes de juin 2021 ont vu la disqualification de tous les
candidats réformistes. Le Conseil des Gardiens avait interdit à des
modérés éminents tels que Larijani de se présenter, offrant à Raïssi une
victoire électorale facile dans un scrutin au taux de participation le plus bas
jamais enregistré. Alors que le Front de l'Endurance s'est emparé de la
quasi-totalité des postes importants au sein de la République islamique, le
groupe intransigeant constitué par feu l'ecclésiastique Mohammad Taqi Mesbah
Yazdi (1935-2021) est en pole position dans la course pour succéder à Khamenei.
Mais cela ne se fera pas sans heurt dans un régime déséquilibré sur le plan politique
et totalement éloigné de la population. Une situation inédite depuis 1979.
Si Larijani et
Shamkhani sont bien les véritables cibles de l'affaire d'espionnage qui fait
actuellement des vagues à Téhéran, l'objectif politique est d’éliminer les
gêneurs jusqu'à ce que la direction suprême change de mains. Pour cela les
acteurs du régime ont besoin de l’épouvantail du Mossad pour se hisser au
sommet. La bonne nouvelle est la lutte sourde pour le pouvoir qui finira par laisser des traces.
Mise à jour du 11 janvier 2023
La justice iranienne a condamné à mort l'ancien vice-ministre de la Défense Alireza Akbari, accusé d'espionnage au profit du Royaume-Uni.
1 commentaire:
Nos super-scénaristes locaux sauront-ils s'inspirer de ces terribles informations ? A n'en pas douter, je suis sûr qu'ils sont en train de les remuer dans tous les sens...
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