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vendredi 20 janvier 2023

Le brésilien Lula affiche son soutien propalestinien

 

LE BRÉSILIEN LULA AFFICHE SON SOUTIEN PROPALESTINIEN

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps


           


      Le nouveau président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, n’a pas perdu de temps. Dès son arrivée au pouvoir, alors que l'instabilité politique a aggravé un environnement économique déjà plombé par une rechute de la croissance, l'inflation et le risque de pénurie d'électricité, le président s’est penché immédiatement sur la question palestinienne. Il a décidé de prendre une mesure immédiate en limogeant son ambassadeur en Israël, pour sa proximité avec l’ancien président Jair Bolsonaro, lui-même ami de longue date de Netanyahou.



général Gerson Menandro Garcia de Freitas


Pour Lula, il s’agissait d’une urgence absolue. Certes il n’a pas rompu ses relations avec Israël mais ce coup de semonce semble viser une opération anti-Netanyahou. L’ambassadeur brésilien, le général Gerson Menandro Garcia de Freitas, a été renvoyé de son poste après avoir appris la nouvelle par la presse. Déjà au pouvoir entre 2003 et 2010, Lula a succédé à son adversaire d'extrême droite Jair Bolsonaro après être devenu une icône de la gauche. Cependant, l'extrême droite dispose toujours de la majorité à la Chambre des députés et au Sénat. C’est dire si la situation est compliquée pour qu’il ait à se préoccuper en priorité du problème palestinien. 

Pendant la période Lula da Silva (2003-2010), malgré une relation commerciale bilatérale fructueuse, il n'en était pas de même sur le plan politique. Les relations étaient particulièrement tendues en raison de la position du Brésil face au conflit israélo-palestinien et de son rôle d'interlocuteur dans le programme nucléaire iranien.

Bolsonaro et Netanyahou au Kotel


            Il n’est un secret pour personne que Bolsonaro et Netanyahou étaient très proches et que l’ex-président brésilien s’était rendu en Israël en 2019. Lors des élections d’octobre, son épouse Michelle s’était affichée avec un T-shirt arborant le drapeau israélien. On sait que le nouveau président est un fervent partisan de la gauche, certains le qualifient même de gauchiste, et à ce titre il n’est pas étonnant que sa politique soit propalestinienne. Selon le nouveau ministre des Affaires étrangères : «le Brésil reviendra à une position d'équilibre sur le conflit. Israël et la Palestine sont des amis du Brésil». Il a par ailleurs précisé son soutien à une solution à deux États.

Michelle Bolsonaro


            Bien sûr, Mahmoud Abbas a apprécié le retour de Lula et il l’a d’ailleurs immédiatement appelé pour le féliciter. Il a envoyé au Brésil son ministre des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, pour le représenter à son investiture mais à son retour les autorités israéliennes lui ont retiré son laissez-passer VIP par représailles. Le soutien de Lula aux Palestiniens n’est pas nouveau puisqu’en 2010 il s’était rendu sur la tombe d’Arafat pour y déposer une gerbe de fleurs ce qui n'avait pas été apprécié par le gouvernement de l’époque. Cependant, le Brésil occupe une place géopolitique importante dans le monde sachant qu’il est membre de l’alliance BRIC comprenant la Russie, l’Inde et la Chine. Lula ne cache pas ses bonnes relations avec l’Iran. D’ailleurs, le vice-président iranien Mohammad Hosseini a assisté à son investiture.

Arafat-Lula
            Le retour de Lula au pouvoir perturbe la stratégie israélienne en Amérique Latine qui avait évolué dans le bon sens. Le Guatemala a déplacé son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem en 2018, tandis que le Honduras a fait de même en 2021. En revanche, Lula se retrouve avec le Venezuela, soutien affiché des Palestiniens, pour développer des liens énergétiques et économiques étroits avec l’Iran. La coopération entre l'Iran et le Venezuela va désormais au-delà du pétrole puisque le constructeur automobile iranien Saipa exporte des véhicules vers le Venezuela.

Les divergences entre Bolsonaro et Da Silva concernent notamment le conflit israélo-palestinien. Comme de nombreux autres pays d’Amérique latine, le Brésil s’est historiquement rangé du côté des Palestiniens au sein de l’ONU. Cependant, depuis son accession au pouvoir, Bolsonaro avait inversé la courbe après avoir trouvé un terrain d’entente avec le gouvernement de Netanyahou. Son lien avec Israël découlait en partie du soutien important dont il bénéficiait de la part du mouvement évangéliste brésilien.

Lula da Silva porte un keffieh palestinien dans la ville de Ramallah


Lula da Silva a pris par le passé des initiatives en faveur de la Palestine. En 2010, il avait reconnu l’État de Palestine selon les frontières de 1967. L’année suivante, il a effectué le tout premier voyage d’un chef d’État dans les territoires palestiniens. Il a également réservé un terrain près du palais présidentiel brésilien pour la future ambassade de Palestine. Lors de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza en 2014, le gouvernement avait rappelé son ambassadeur en Israël et condamné «l’usage disproportionné de la force par Israël ayant fait un grand nombre de victimes civiles, y compris des femmes et des enfants». Enfin, Lula avait rencontré des membres de la communauté palestinienne au Brésil vêtu d’un keffieh. Sa position actuelle n’est donc pas une surprise. Elle n'a certainement pas évolué.

 

4 commentaires:

Harry NUSSBAUM a dit…

Désolé, mon cher Jacques, mais je préfère un Lulla aux sympathies pro-palestiniennes à un Bolsonaro, ami on ne peut plus sulfureux.
Comme dit l'adage : "Mon Dieu, protégez-moi de mes amis. Mes ennemis, je m'en charge !"

Gilles ORSELLY a dit…

On peut regretter le tropisme pro-palestiniens de toute la gauche sud-américaine mais en copinant avec l'extrême-droite, ici avec le nostalgique d'une dictature qui tournait les bébés pour faire parler leurs parents, Bibi s'attire un juste retour de bâton.

Anonyme a dit…

Malheureusement si on est a gauche on doit etre pro palestiniens. C'est a la mode. Ceci etant pas de rupture diplomatique.

Georges Kabi a dit…

L'Amerique du Sud est un continent des extremes. Lula, qui etait un chef syndicaliste a ses debuts politiques s'etait automatiquement range dans le pro-palestinisme. Elu president, avec des casseroles longues comme l'Amazone, detournait les preoccupations des citoyens bresiliens vers un conflit tres eloigne du Bresil. Mais il ne faut pas oublier que ce pays a, en son sein, une tres forte population d'origine arabe. Ce qui ne veut pas dire que les relations economiques vont en souffrir. Le Bresil n'est pas le Venezuela, et au travers du propalestinisme, on peut exprimer fondamentalement la haine envers les USA, l'epouvantail de tout ce continent latino-americain.
Et avec la prochaine reforme juridique en Israel, pavant la route vers la dictature, il faudra faire tres attention a ne pas mettre les pieds au mauvais endroit, c'est a dire ne pas envenimer encore plus nos relations avec cet immense pays qu'est le Bresil.