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dimanche 14 août 2022

Billet d'humeur : N'énervez pas Félix

 

Billet d’humeur


N’ÉNERVEZ PAS FÉLIX


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright ©  Temps et Contretemps


          Laly Derai est le symbole d’une militante déterminée qui a consacré ses articles, ses interventions à la télévision francophone ou israélienne et ses podiums à défendre le Likoud et bien sûr son chef vénéré Netanyahou. Elle n'a pas obtenu une place éligible dans la liste électorale. Elle doit être aujourd’hui déçue et il n’est pas question pour moi de raviver la plaie parce que les défaites sont terribles à supporter ; nul ne peut se réjouir des malheurs de ses adversaires. 


Félix dans sa boutique


J’ai connu Laly quand elle était jeune journaliste à l’Enjeu puis à l’Impact des frères Saada qui m’avaient demandé des chroniques bimensuelles pour «gauchir», avec peine, le journal destiné en premier lieu aux «colons». Nous avons cohabité au moins deux ans en 2005/2006 en nous respectant et sans aucun accroc.

Elle a une belle plume qu’elle a développée grâce à son grand-père, que tous les vieux tunisois ont connu, qui lui a donné le goût des belles lettres. Félix avait une boutique de journaux et de livres en plein centre de Tunis, près du célèbre café Novelty. Le Steimatzky tunisien était à l’origine des premières lectures de journaux sérieux, le Monde d’alors et le Canard enchainé. Félix laissait les jeunes «pauvres», à la sortie du Lycée Carnot, feuilleter ses revues gratuitement. Quand il avait trop de jeunes assis à terre, il avait cette expression devenue célèbre : «n’énervez pas Félix» à savoir qu’il fallait laisser la place aux vrais clients. Sans chercher à être obséquieux ou flagorneur, il a été à l’origine de beaucoup de carrières de journalistes tunisiens dont certains noms sont devenus célèbres dans de grands journaux ou revues.



Laly a été élevée, elle le dit elle-même, au lait du Canard, un hebdomadaire qui était tout sauf de droite. Mais c’était une bonne lecture pour aiguiser le sens critique. En arrivant en Israël, elle a rencontré la religion, sa religion, et pour mettre son idéologie en accord avec ses convictions, elle a choisi de vivre dans l’une des premières implantations profondes de Cisjordanie, Eli, où elle vit encore et où elle a des fonctions électives locales. Formée à gauche, elle a rejoint l’idéologie de la droite religieuse nationaliste. C’était le paradoxe de celle qu’on voyait partout à la télévision pour défendre ceux qui prônaient le Grand Israël.



Elle a donc milité avec acharnement pour défendre le grand chef, son idole qu’il ne fallait surtout pas critiquer. Mais elle n’a pas été payée en retour parce que Netanyahou n’a pas levé le petit doigt pour celle qui représentait avec conviction les Francophones, abandonnés par tous les gouvernements. Elle ne s’est pas rendu compte que le Likoud n’était pas un parti pour les femmes, n’était pas un parti pour les religieux et encore moins un parti pour les séfarades, à quelques sulfureux près. La liste des candidats aux élections le prouve. Laly n’avait aucune chance dès le départ, elle qui cumule ces trois qualificatifs.

Les six premiers de la liste Likoud


La déception doit être grande en elle car en militante sérieuse, elle a attendu longtemps avant de chercher à figurer sur la liste des candidats du Likoud. Avant elle, le professeur Emmanuel Navon, né Emmanuel Mrejen, qui cumule toutes les qualités pour être un bon député, n’a pas réussi à avoir une place éligible au-dessus de la quarantième. Il a tiré ses conclusions en quittant le parti qui ne semblait pas vouloir de lui. Mais les gens veulent avoir leur propre expérience, même si elle est négative.

On se souvient de l’interview au journal Yediot Aharonot de Miri Regev, la passionaria du Likoud. Elle avait choisi l'attaque en estimant que «Le moment est venu d'avoir un Premier ministre sépharade. Je pense que la base du Likoud doit voter cette fois pour quelqu'un qui représente sa classe, son appartenance ethnique et son programme. Les Likoudniks séfarades ont voté au fil des ans pour que les Blancs les dirigent». 

Laly ne sera pas perdue pour tout le monde car le pays a besoin de femmes toniques et actives comme elle, capables de défier les meilleurs hommes. Même si nos idéologies divergent, nous avons en commun l’amour des belles phrases et l’amour du pays. Sa déception est aussi la mienne. 

2 commentaires:

Georges Kabi a dit…

Jacques, tu nous presente une photo des premiers choisis par les primaires au Likoud: 3 Ashkemazes et 3 Sefarades. Ca contredit un brin tes argumentations. La liste du Likoud est en majorite masculine et avec des cerveaux au ras des paquerettes. Le seul qui brille est le caudillo. Les Sefarades traditionnalistes en general continueront a voter Likoud, les plus religieux Shass et meme Yahhadout haTora, parti exclusivement ashkenaze.
Les tres riches voteront Likoud. Ils ne veulent pas d'aventures economiques. Tous les autres ont 4 ou 5 partis (je me demande d'ailleurs pourquoi, mais l'ego des chefs depasse toute logique) ou aller. Ce n'est pas tres prometteur pour Bibi et j'ai l'impression que d'ici un an on remettra une nouvelle election.

Alma Médoubar a dit…

Félix a eu entre autres une fille nommée Louise, qu'il a empêchée d'aller à l'école quand elle a eu 14 ans, parce qu'il avait besoin qu'elle l'aide au kiosque à journaux, elle a arrêté l'école en 5ème pour travailler au comptoir et faire des paquets...Elle qui aimait tant les livres, elle en a lu plein au magasin de papa mais elle regrette de n'avoir pas pu continuer ses études. Elle me le disait hier encore. Félix c'était apparemment le genre de mecs à considérer que l'école c'était pas pour les filles.
Quant à Bibi, je trouve que ce serait la cata s'il était élu, il nous a quand même vendus à Pfizer, et nous a enfermés pour Pessah tandis qu'il allait jouer au golf en Amérique. Nous allons être très très nombreux à boycotter les 5èmes élections, et la 5ème piqûre de tous ces cinglés. Vivement Mashiah.