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mardi 23 août 2022

Le Hamas privilégie ses intérêts économiques


LE HAMAS PRIVILÉGIE SES INTÉRÊTS ÉCONOMIQUES


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           

La queue pour les visas

      Lors des derniers évènements avec le Djihad islamique, qui ont eu lieu du 5 au 7 août 2022, le Hamas a choisi résolument de ne pas intervenir militairement. La réaction ferme de Tsahal avait suffi à convaincre le Hamas que son intérêt n’était pas dans sa participation à un conflit armé. Il s’est donc abstenu d’entrer dans un combat perdu d’avance. D’ailleurs, le cessez-le-feu a été rapidement signé car le Djihad islamique s’est trouvé seul face aux Israéliens et le Hamas a fait pression pour mettre un terme aux combats. Si 49 djihadistes ont trouvé la mort lors de ces échanges de tir, le Hamas n’a eu aucune victime dans ses rangs, le confortant ainsi dans sa décision de rester en marge des combats.


Ouvriers près d'un checkpoint israélien


Si le Hamas a été créé pour lutter contre la présence d’Israël dans la région, la situation économique dramatique ne permet plus aucun écart à Gaza, abandonné par ses «frères» arabes qui le pressent de composer avec l’État juif à la suite des Accords d’Abraham. De son côté, le ministre des Finances Avigdor Lieberman a respecté ses engagements de réduire le chômage en acceptant des ouvriers gazaouis dès que les armes se sont tues. De 2.000 au départ, le chiffre est monté à 14.000 puis vient d’être fixé à 15.500 Palestiniens autorisés à traverser tous les jours le passage d’Erez. Il s’agit d’ouvriers très recherchés en Israël car ils excellent dans le bâtiment et surtout dans l’agriculture. Les agriculteurs et les kibboutzim avaient maintenu des relations avec leurs anciens ouvriers au point de les aider financièrement lorsque la frontière était fermée. Les promoteurs jubilent aussi car beaucoup de chantiers sont arrêtés faute d’une main d’œuvre qualifiée.



Pour Israël, il s’agit des meilleurs travailleurs étrangers car ils ne polluent pas les bas-fonds des grandes villes puisqu’ils rentrent tous les jours chez eux après leur travail. L’extrême-droite ne pourra pas se plaindre d’être submergée par des Arabes puisqu’ils ne résident pas dans le pays. Cependant nous sommes loin des 100.000 travailleurs de Gaza qui traversaient la frontière avant les évènements de 2014. Le nouveau gouvernement israélien a choisi cette politique de gagnants-gagnants. D’une part Israël résout en partie ses besoins illimités en main-d’œuvre. D’autre part près de 100 millions de shekels (29 millions d’euros) sont introduits chaque mois dans l’économie de Gaza pour réduire la misère d’une population désespérée, sachant que les salaires des travailleurs en Israël sont plus de dix fois supérieurs au salaire moyen actuel à Gaza. Un seul ouvrier peut donc faire vivre cinq à dix familles dans le besoin.

Femme palestinienne dans les champs


Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et il envisage à présent d’autoriser les femmes de Gaza à venir travailler en Israël où elles sont très demandées. Les femmes sont très intéressées par cette possibilité qu’elles réclamaient depuis longtemps pour enfin bénéficier d’une indépendance financière. Certaines, très diplômées, sont contraintes à des travaux de bas niveau pour survivre. Le 14 août, le général Ghassan Alian, chef du Cogat, responsable des opérations du gouvernement israélien auprès des Palestiniens, vient d’annoncer que le nombre de travailleurs autorisés en Israël était porté à 20.000 immédiatement et à 30.000 en 2023, sans compter les centaines de femmes prévues. Shaher Saad, secrétaire général de la Fédération générale palestinienne des syndicats à Ramallah, a confirmé que dans un premier temps Israël pourrait délivrer jusqu'à 500 permis de travail aux femmes de Gaza.

Général Ghassan Alian


Le site d’information Arabic Post a donné plus de précision sur la nouveauté concernant les femmes de Gaza. Les domaines proposés au travail seront concentrés dans les secteurs de l'agriculture, la couture, les soins aux personnes âgées et les services liés à la propreté dans les hôpitaux, les écoles et les municipalités des villages arabes du Néguev. Les services sécuritaires israéliens approuvent totalement ces mesures car selon eux, pour que le calme persiste à Gaza, il est nécessaire de modifier les politiques de traitement et de prendre des mesures délibérées pour améliorer l'économie de la bande, en accordant aux résidents des avantages économiques et vitaux. Par ailleurs cela augmenterait le fossé entre les habitants et les dirigeants du Hamas qui ont failli. En effet, le taux de chômage dépasse 50% à Gaza, les taux de pauvreté atteint 33% et environ 80% de la population souffre d'insécurité alimentaire, alors que le salaire mensuel moyen dans la Bande ne dépasse pas 260$.

Usine de confection à Gaza


Le nouveau gouvernement Bennett-Lapid avait accepté de lancer des mesures pour absorber la colère du Hamas, pour empêcher le retour des tensions à Gaza et pour réduire la pauvreté et les mauvaises conditions économiques. Pour les entreprises israéliennes il s’agit d’une aubaine car les permis de Gaza relèvent de la catégorie des «besoins économiques», ce qui signifie qu’ils ne sont pas tenus de fournir certains droits, comme les congés payés, l'assurance maladie, l'indemnisation des accidents du travail, les droits à la retraite ou l'indemnité de fin de service. Mais pour l’instant les entreprises se plaignent des limitations sécuritaires : permis de travail de six mois, emplois uniquement dans la construction et l’agriculture, interdiction de se déplacer de plus de 30 kilomètres de la frontière de Gaza, ce qui interdit le travail à Tel-Aviv et à Jérusalem où les besoins sont immenses.

Femmes à Gaza


Mais certaines factions palestiniennes s’opposent au travail des femmes en Israël car elles pourraient être plus facilement victimes en devenant des informatrices pour le Shin Bet. Les réseaux sociaux se sont engouffrés dans ce débat en prétendant qu’il existait «un risque auquel elles pourraient être confrontées, notamment le chantage, et le risque de tomber dans le piège de la collaboration avec Israël». Mais l’attrait du salaire est trop tentant quand l’argent ne rentre pas dans le foyer. Les 14.000 Gazaouis travaillant en Israël touchent un salaire mensuel minimum de 7.000 shekels (2.000 euros), contre des salaires ne dépassant pas 1.300 shekels (370 euros) dans la bande de Gaza. La comparaison ne tient pas.  

Selon les données de 2021 du Bureau central palestinien des statistiques, 65% de femmes sont sans emploi, souvent des diplômées d’université, et 68,9% des jeunes de 15 à 24 ans sont majoritairement touchés par le chômage. Pour les femmes, travailler en Israël n’est pas un tabou et encore moins une honte. Peu importe le genre de travail qu’elles font tant que cela n’entre pas en conflit avec les valeurs de la société palestinienne. De nombreuses infirmières et sage-femmes diplômées ne trouvent pas de travail alors qu’en Israël elles sont une denrée rare. Pour de nombreuses femmes au chômage, elles voient une opportunité d’améliorer leur situation financière, voire de perfectionner leurs compétences professionnelles. D’autres seraient autorisées à ouvrir des petits ateliers de confection pour vendre leurs réalisations, souvent originales, en Israël et à travers le monde. De nombreuses petites mains qualifiées n’attendent que l’opportunité d’être reconnues dans leur travail.

Film sur les femmes de Gaza



Le Hamas semble avoir choisi, peut-être pas la voie de la paix durable, mais celle du pragmatisme dans le cadre d’un échange de bons procédés en laissant ses armes et ses roquettes au vestiaire. Cela n’empêchera pas quelques illuminés de se distinguer dans la violence mais ils resteront mineurs par rapport au gain sécuritaire. Le Hamas fait lui-même la police. Un risque cependant à la veille des élections ; le retour au pouvoir de la Droite, alliée aux extrémistes résolument anti-Arabes et anti-Palestiniens, pourrait annuler ces avancées économiques et ramener la région à une situation de conflit armé permanent avec le Hamas, conduisant à une insécurité dans les localités du sud d’Israël, lesquelles votent en majorité pour le Likoud. C’est le paradoxe des Israéliens dont le seul leitmotiv reste le manque de confiance à l'égard des Arabes sous prétexte qu’une infime minorité choisit les attentats pour se distinguer. La droite israélienne ne se rend pas compte que cela entre dans sa stratégie politique. L’indépendance économique acquise par Gaza réduirait à néant la création d’un État palestinien si la Cisjordanie seule est concernée. 

4 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Partie I :Ainsi la politique d'apaisement mise en oeuvre avec générosité par Israel-que doit on à Gaza dont les dirigeants font des guerres répétitives à Israel et se fondent encore sur une Charte affichant une volonté de destruction?- serait l'apanage du gouvernement actuel semble t'il plus encensé dans cet article que les gouvernements précédents lesquels bénéficient pas de la sympathie de l'auteur car de "droite et d'extreme droite" .
A relever une contradiction : les gouvernements précédents ont fait rentrer 100.000 gazéens pour travailler alors que le gouvernement actuel s'évertue à faire passer le nombre de 20.000 à 300000!!
Il faudrait aussi rappeller qu'avant le retrait de Gaza les travailleurs de cette région souffraient moins des restrictions puisqu'ils étaient présents sur place dans la construction et dans l'agriculture en bénéficiant des droits du travail sous la loi israélienne.
Par ailleurs une excelllente entente moins explosive qu'aujourd'hui existait de façon générale entre ces travailleurs et les colons honnis par la gauche israélienne. Les multiples guerres par missiles en témoignent.
L'idéologie islamiste ayant pris le dessus la population de Gaza a perdu ces avantages tout en ayant gagné d'etre prise en otage ... par ceux qu'elle a élu démocratiquement.
Enfin il serait bon de se départir de l'idéologie contestable selon laquelle la droite et l'extreme droite seraient "racistes" et la gauche angélique.
Les accords d'Oslo ont été mis en oeuvre par la gauche bourgeoise Tel-Avivienne qui voulait se séparer des arabes pour empecher qu'ils ne débordent démographiquement chez eux dans les années à venir. D'où l'idée de les placer derrière une ligne à défaut de frontières immédiates possibles.
Le slogan "nous ici et vous là-bas" illustre cette volonté que d'aucuns stigmatisent de racistes. Les premiers à l'avoir compris sont les arabes eux-memes rappelant qu'un de leurs députés à la Knesseth déclarait préférer discuter avec un collègue de droite plutot que de gauche. Et pour cause il rejetait un paternalisme à son sens hypocrite.
L'extreme droite, elle, celle qui refuse ces accords d'Oslo, celle des hommes qui se sont installés sur place au contact des arabes - donc loin de celle que les journalistes se plaisent à caricaturer- considére au contraire que vivre sur le meme ensemble territorial est possible en leur accordant les memes droits sociaux et économiques à condition qu'ils acceptent la légitimité d'Israel et ne la combattent pas par le le terrorisme appuyé par l'idéologie islamique, quitte en cas de refus à proner des mesures radicales qui font horreur à la gauche (expulsion - transfert).
Une conception raccourcie en relation avec une situation européenne actuelle selon le schéma "tu es chez moi et tu te comportes selon mes lois . A défaut si tu remets en cause ma légitimité existentielle par les armes alors tu seras mis dehors".
Idée vraiment d'extreme droite? Itshak Rabin avait expulsé hors d'Israel avec sa famille un imam pronant le terrorisme et menacait de reprendre militairement les territoires que les palestiniens ont recu dans le cadre des Accords d'Oslo si le terrorisme se poursuivait.
Pour rappel également, Avigdor Liberman,de droite autrefois conspué par la gauche lorsqu'il faisait partie du gouvernement Natanyahou projetait vu l'incessant terrorisme dans le cadre d'éventuels accords de paix un transfert afin de séparer la population juive d'une population manifestant son hostilité à l'existence d'Israel.

bliahphilippe a dit…

Suite Partie II :
Reste enfin à se poser la question si l'idée de transfert si rebutante peut déboucher sur une situation d'apaisement pour des populations qui historiquement et idéologiquement ne peuvent vivre ensemble car influencées par des intérets ou des puissances extérieures .
Les Alliés ont expulsé aprés guerre la population allemande par centaines de millliers de certaines régions de Pologne et de Tchèkoslovaquie pour éviter que ne perpétuent dans l'avenir des foyers de guerre.
L'Otan a séparé des populations serbes et croates allant jusqu'à créer au coeur de l'Europe un nouvel Etat : l'Albanie.
On pourrait multiplier les exemples (Inde et Pakistan) en accordant une large place au conflit entre la Russie "prompts" protéger à tort ou à raison ses populations russophones au préjudice de pays qui ne le sont pas ou plus.
Une conclusion est-elle possible? Sans doute pas encore. Tout au plus peut-on souhaiter relativiser concernant Israel dans le cadre de son conflit complexe de défense existentielle les notions d'extreme droite et de "racisme" trop souvent galvaudées, tout autant que démenties par des réalités sur le terrain.

frenkel david a dit…

Arrêtons de nous en prendre à la droite. Si le Hamas ne détournait pas les milliards reçus de l'étranger soit pour enrichir les dirigeants soit pour entretenir à très grands frais un arsenal militaire, tel que la fabrication des roquettes et le creusement de tunnels souterrains pour annihiler Israël, la bande de Gaza se suffirait à elle même pour y créer des emplois. Israël n'a aucun devoir à entretenir une population prise en otage par un groupe terroriste Toutefois, libre à Israël d'utiliser une main d’œuvre qualifiée et bon marché. Même les partis de droite se rallieraient, si les conditions sécuritaires sont réunies. Cordialement.

Georges Kabi a dit…

M.Bliah, j'ai lu votre rponse avec interet. Vous avez neanmoins commis quelques fautes:
L'exercice du pouvoir d'une minorite sur une majorite s'appelait colonialisme, puis apartheid.
Il se trouve que le nombre d'Arabes vivant sur le territoire liminte a l'est par le Jourdain et a l'Ouest par la Mediterranee est nettement plus eleve que celui des Juifs.
Ces permis de travail me font homnte. Nous exploitons a bon compte de pauvres heres, nous nous permettons de ne pas beneficier des memes avantages que leurs collegues juifs. Cela fait fremir rien que d'y en penser. Mais cela vous laisse froid comme un concombrre.
Une autre erreur concerne l'Albanie, pays europeen forme en 1918 au lendemain de la 1e Guerre Mondiale. C'etait meme au bebut une royaute. L'OTAN a cree un Etat pour mettre de l'ordre (incertain) en ex-Yougoslavie. Cet Etat s'appelle le Kossovo.
Il n'y a aucun doute que l'immense majorite des Israeliens juifs voudraient voir partir cette population arabe. Seul petit probleme: ils vivent tres bien en Israel, meme mieux qu'en France ou ailleurs. En Europe, les Juifs ont ete accuses (non sans aison) de filous et de voleurs. Avant la Shoah, pour designer un travail mal fait, on parlait de Yiddishearbet" (travail juif en yiddish). Aujourd'hui, en Israel on parle de travail arabe,
Nos juifs sont devenus les Arabes et ceux ci savent exploiter a leur aise tout ce qui peut l'etre: en Israel, pas une seule entreprise industrielle ou commerciale ne se soustrait a la "Protection". Cela permet aux Bedouins d'Israel d'etre probbablement la classe la pllus riche d'Israel tout en se dissimulant dans des oripeaux ou des baraques en toles.
La solution: partir d'Israel. Ce pays n'est pas le notre, il est celui des Arabes.