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lundi 30 mai 2022

La malédiction des élections en Israël

  

LA MALÉDICTION DES ÉLECTIONS EN ISRAËL


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Réunion des chefs de partis israéliens

            

          Les citoyens israéliens ne sont pas des fanatiques des élections à répétition ; ils en sont même lassés mais ce sont les hommes politiques, en majorité inconstants, qui les imposent contre leur gré. On reparle à nouveau de prochaines élections en septembre mais rien n’est moins sûr. La constitution de listes électorales, faites de bric et de broc selon les inspirations du moment et le bon vouloir des dirigeants, est en cause. Pour attirer le chaland, on fait appel, non pas aux militants chevronnés et disciplinés du parti, mais à toute nouvelle personnalité extérieure pouvant drainer des voix imprévisibles. Le temps est révolu où, pour figurer sur une liste électorale, il fallait prouver une à deux années de militantisme permanent.





À présent les candidats sont jugés sur leur capacité à attirer les médias sur leur nom. Le fait du prince est la seule condition pour devenir député. Mais ces greffons ne tiennent jamais longtemps parce que le naturel revient au galop surtout quand le leader de la formation ne fait pas preuve d’autorité. On estime ne rien lui devoir et même parfois, le nouveau venu veut être calife à la place du calife. N’ayant aucune doctrine liée à un parti, ces greffons se sentent en roue libre et une fois élus députés, ils marchandent leur voix au plus offrant. C’est le cas chez Yamina de Amihaï Chikli et de Idit Silman et à présent de Rinawie Zoabi qui veut quitter le parti Meretz pour rejoindre ses semblables. C’était couru d’avance parce qu’on n’a pas cherché des candidats dans le vivier permanent de la formation mais parmi les volontaires extérieurs, sans idéologie conforme à celle du parti, mais seulement intéressés par un tremplin politique. Meretz en particulier dispose d’excellents militants sincères et tenaces dans leurs convictions mais on leur préfère des personnes capables de susciter l’intérêt des médias.

Rinawie Zoabi


Le départ de Zoabi vers les extrêmes, à savoir la Liste Arabe Unie est dans la normalité des choses. Il condamne ceux qui veulent intégrer à tout prix des Arabes dans une liste juive pour prôner la mixité arabo-juive. Elle met en évidence le fait qu’en Israël, si les Arabes sont des citoyens reconnus à part entière, le mélange des genres est encore du domaine du rêve. Même si les droits des Arabes sont reconnus, le principe du eux chez eux et nous chez nous prédomine en raison des écarts de mentalité et surtout de religion. Les Arabes sont certes indispensables pour l’avenir d’Israël mais Zoabi prouve que les différences au sein des communautés sont tellement perceptibles qu’il ne sert à rien de tenter de transgresser les normes et les traditions établies.



Elle s’est justifiée par écrit : «Le mois de Ramadan a été insupportable. Les scènes dont nous avons été témoins sur le Mont du Temple de policiers violents contre une congrégation de fidèles, et les funérailles de la journaliste Shereen Abu Akleh, m’ont conduit à une seule conclusion personnelle et morale : je ne peux pas continuer à soutenir l'existence d'une coalition qui harcèle honteusement la communauté dont je suis issue. Au vu de ce que j'ai dit, je vous notifie le retrait de ma candidature à toute future nomination et de la cessation de mon appartenance à la coalition».

Zoabi avait été admise dans un parti israélien naïf prônant l’amitié entre communautés mais elle a décidé de retourner parmi les siens prouvant ainsi que la mixité n’est qu’un leurre et un effet d’éloquence Il est bon que les deux communautés se respectent, s’entraident, collaborent, se complètent mais chacune selon les critères connus préétablis. Zoabi retourne parmi les siens qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Meretz est déçu qu’elle ait oublié la première main tendue pour faire d’elle une députée mais espère cependant qu’elle n’ira pas jusqu’à faire tomber le gouvernement pour le confier au Likoud. Les dirigeants de Meretz, dans leur grande bonté, ont été bernés face à leur dogmatisme anachronique consistant à vouloir à tout prix une liste mixte judéo-arabe mais ils ont choisi le mauvais cheval. Le parti paiera cher ce mauvais calcul et il est probable qu’il rejoindra le cimetière des partis qui ont compté en Israël, aux prochaines élections.

Les journalistes de télévision ont le défaut d’échafauder à longueur d’interventions des hypothèses après le départ de certains députés vers d’autres cieux. Il s’agit d’une attitude comique si la situation politique n’était pas dramatique. Toutes les hypothèses sont envisageables mais le vote d’une motion de censure contre le gouvernement est pour l’instant improbable car l’opposition peine encore à rassembler les 61 sièges indispensables. Tout d’abord, Zoabi a confirmé par écrit qu’elle quittait la coalition sans préciser qu’elle rejoignait l’opposition mené par Netanyahou. La coalition est certes en danger mais l’arrêt de mort n’a pas été signé. 

Yaïr Lapid a eu un grand entretien personnel avec elle et il semble que les intentions de Zoabi sont de quitter la coalition sans faire tomber le gouvernement. C’est d’ailleurs le cas de la Liste Arabe Unie qui s’oppose souvent, sinon toujours, mais qui ne mêle pas ses voix au Likoud dans le vote des motions de censure. Pour des raisons très pratiques, Zoabi n’est pas sûre de garder son poste de député en cas de nouvelles élections donc elle peut s’opposer tout en permettant au gouvernement minoritaire de continuer ses fonctions jusqu’au 27 juillet au moins, date de la fin de la session de la Knesset.

Gouvernement Sharon 28.2.2003 4.05.2006


L’Histoire a montré que d’autres gouvernements minoritaires ont pu fonctionner. En juin 1990, Yitzhak Shamir a pu gouverner avec 59 députés avec le soutien extérieur du parti Moledet. Mais un mois plus tard, l’attrait d’un poste ministériel a poussé Ephraïm Gur à rejoindre la coalition et Agoudat Israël à sauver ses besoins financiers en rejoignant Shamir.

En 1993 Yitzhak Rabin avait constitué un gouvernement de 62 députés mais Shass avait décidé, durant l’été 1993, de quitter la coalition pour la ramener à 56 sièges. Rabin a pu gouverner avec le soutien de 5 députés arabes. Mais en janvier 1995, trois députés de Tzomet ont rejoint la coalition pour permettre à Rabin de gouverner avec 59 sièges et le soutien extérieur des partis arabes.

Le 30ème gouvernement d’Ariel Sharon s’est trouvé minoritaire avec 59 députés après le départ des factions de droite opposés au désengagement de Gaza et celui du parti centriste Shinoui opposé aux questions de religion dans l’État.  Mais en janvier 2005, Dégel Ha Torah et Agoudat Israël rejoignirent la coalition. On sait que les partis orthodoxes n’ont aucune conviction politique et qu’ils recherchent uniquement des financements prélevés dans les ministères pour leurs écoles talmudiques en échange de concessions politiques.

La coalition de Bennett est à la recherche d’un transfuge. Un député druze du Likoud s’est manifesté pour rejoindre la coalition en raison de la loi controversée sur la nationalité votée par Netanyahou qui fait des Druzes des citoyens de seconde classe. Gantz envisage de supprimer ou d’amender cette loi. Tout est donc encore probable. Le gouvernement Bennett n’est pas mort, il bouge encore. Pour Benny Gantz les considérations de sécurité nécessitent de garder le gouvernement actuel uni : «Après des années de paralysie politique qui ont nui à notre gouvernement et à notre sens politique, nous avons un gouvernement fonctionnel. Nous ne manquons pas de difficultés mais nous servons bien les citoyens d'Israël, et j'ai l'intention de continuer à faire tout mon possible pour permettre à notre gouvernement de continuer à fonctionner». 

Pour Bennett : «C'est vrai que c'est difficile, mais l'avenir de l'État est en danger. Nous devons combattre et vaincre le terrorisme palestinien et nous devons nous battre pour maintenir l'unité de notre nation en interne. Nous n'avons pas d'autre pays. Par conséquent, nous devons tous rester forts». À cela, Rinawie Zoabi a répondu : «Je soutiendrai la coalition tant qu'elle sera attentive aux besoins de la société arabe». La coalition ne lui en demande pas plus !

1 commentaire:

Georges Kabi a dit…

Madame Zouabi a renonce a demissionner apres que Yair Lapid ait debloque 200 millions de shekels pour les villages arabes. J'en viens a souhaiter que cette coalition tombe, meme si l'extremiste de droite Ben Gvir soit bomme Ministre de la Police dans une coalition de droite!
Les degradations commises par des Arabes dans l'hopital Hadassah a Jerusalem n'etaient pas fortuits. Les Arabes ont appris des citoyens juifs que pour obtenir quelque chose de l'administration il faut leur taper fort sur la tete. Isrtael deviet de plus en plus un Etat du tiers-monde.