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vendredi 29 janvier 2021

L'attitude éclairée des électeurs israéliens

 


L’ATTITUDE ÉCLAIRÉE DES ÉLECTEURS ISRAÉLIENS


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           


          Les sondages n’ont aucune valeur scientifique surtout lorsque certains donneurs d'ordre les manipulent eux-mêmes mais ils ont une grande capacité à prouver que les électeurs israéliens sont d’habiles politiques qui font preuve de beaucoup de cohérence. D’une manière générale ils refusent les nouveaux prophètes et ceux qui participent à promouvoir les dissensions au sein des formations politiques. Ils s’expriment en refusant de cautionner les nouveaux partis et les migrations de ceux qui sont seulement mus par leur seul égo.


Saar et Yaalon à la Knesset


Cela explique que Gideon Saar n’arrive pas à percer son plafond de verre dès lors qu’il n’a proposé aucun programme politique original qui le distingue du Likoud en dehors de prôner le «tout sauf Bibi». Par ailleurs son idéologie de droite radicale ressemble à celle de Naftali Bennett de Yamina sans pour autant qu’ils aient trouvé ensemble de terrain d’entente, chacun préférant jouer dans sa propre cour.

À lire les sondages, beaucoup de petites formations ont été rejetées par les électeurs au point de les empêcher d’atteindre le seuil électoral tant qu’elles ne proposent de programme politique original capable de se substituer à celui du gouvernement et même à celui des oppositions. Ce sont des micros partis qui n’existent que par le seul souffle d’un leader.

Ofer Shelah


Ainsi, Ofer Shelah a quitté sa confortable deuxième place à Yesh Atid après son échec de devenir calife à la place du calife. Il était un inconnu politique avant de rejoindre Yaïr Lapid, certes un bon journaliste mais la mayonnaise ne prend pas toujours dans le mélange des genres. Cependant, son impatience et son ingratitude l'ont poussé à vouloir tuer le père en pensant faire mieux. Seul, il n’est crédité que de 0,4% des voix alors que le seuil électoral pour entrer à la Knesset est de 3,25%. Devant son échec patent, ce Centriste cherche une voie de secours chez les Travaillistes pour garder son poste de député. Le grand écart pour exister encore.

Moshé Yaalon, chef de Telem et l’un des leaders du «quarteron» qui avait percé aux élections du 2 mars 2020, a décidé lui-aussi de faire cavalier seul alors qu’il se présentait aux côtés de Yaïr Lapid. Mais il ne semble pas convaincre puisqu’il n’obtient que 0,3% des voix malgré un grand investissement en publicité dans les médias. Ses amis ne comprennent pas qu’il lâche la proie pour l’ombre avec le risque, aujourd’hui évident, de ne pas figurer parmi les futurs députés.  

Le  quarteron

Le Nouveau Parti Économique fondé en décembre 2020 par l'économiste et ancien comptable général du ministère israélien des Finances, Yaron Zelekha, est dans la tourmente bien qu’il réussisse cependant à amener à lui 2,8% des électeurs. Sa compétence aurait été plus efficace au sein d’une grande structure déjà existante.

Rupture chez les travaillistes


Le parti du maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, frôle et l’atteint parfois le seuil électoral. Mais les électeurs se demandent pourquoi cet ancien militant et élu travailliste a fui son parti moribond au lieu de chercher à lui redonner une âme. Il en avait l'aura, les moyens et la capacité. D’ailleurs depuis que Merav Michaeli a été élue à la tête des Travaillistes, elle a redonné espoir à tous les militants orphelins qui ont repris courage et qui ont compris que, tant qu’un souffle existe, il faut continuer le combat. Certains qui l’avaient quitté ont même décidé de se réinscrire au parti. Cette nouvelle gouvernance a permis aux Travaillistes tombés pendant des mois dans les profondeurs, de dépasser le seuil électoral pour figurer certainement à la prochaine Knesset. Mais la vieille garde, les vieux grognards, ne supportent pas d'avoir été évincés et quittent leur structure historique sans songer à jouer le rôle de Vieux Sages. 

La droite radicale connait les mêmes soubresauts. Les sionistes religieux ont eux aussi une stratégie de division dans une guerre de chefs.  Le parti national de Bezalel Smotrich pointe à 2,2% tandis que Otzma Yehudit d’Itamar ben Gvir est crédité de 2,1% des voix alors que Habayit Hayehudi de Hagit Moshé atteint péniblement 0,3% des voix. Rien ne distingue leur idéologie au point de se séparer sauf la volonté de chacun d’être leader perdant d’un micro parti.  

La droite radicale décomposée

Les partis arabes ont été touchés par le syndrome de la division puisque le dirigeant du parti Raam, Mansour Abbas, se sépare de la liste commune. Non seulement il n’est pas sûr de dépasser le seuil électoral car les électeurs sont volatils mais il pénalise certainement la liste commune arabe qui aura moins d’impact dans le paysage électoral israélien et moins d’influence face aux partis sionistes.

A la veille du dépôt des listes fixé au 4 février, tout reste figé dans les États-majors politiques. Les électeurs israéliens sont les seuls à faire preuve d’une cohérence très éclairée. Ils rejettent la division et l’aventure des nouveaux venus briseurs de rêves. Ils privilégient les valeurs sûres plutôt que la nouveauté futile après avoir été vaccinés par l’expérience sans lendemain de Kahol-Lavan qui a gaspillé en quelques mois l’élan de renouveau qu’il avait insufflé au pays. Les nouveaux illusionnistes de la politique ne font plus recette parce qu’ils ne diffusent rien de concret ni de solutions pérennes aux maux sécuritaires et sanitaires qui traversent le pays.

Droite radicale

 Le peuple veut un rassemblement et non des micros-unités stériles. Les sondages, qui se sont toujours trompés ont au moins l’avantage aujourd'hui de mettre les choses au point. La politique est une affaire qui se gère à long terme, après des années d’expérience au bas niveau militant, avant de se lancer dans l’arène politique des Grands. Les valeurs sûres résistent toujours au coup de boutoir des nouveaux venus gourmands. 

L’opposition s’est perdue dans ses divisions, ses guerres internes, ses réunions fratricides et ses violences verbales. Elle s’est ainsi éloignée de sa mission essentielle de représenter une alternance. Dans l'état actuel des forces politiques, le Likoud reste encore le parti en tête de plusieurs longueurs devant ses poursuivants. Il le doit à la capacité de division de l'opposition.

1 commentaire:

Stephan BLAJMAN a dit…

Amir perez est la pire chose qui soit arrivé à la gauche israélienne et au parti Avoda, il a le culot de garder son poste au gouvernement auprès de Bibi, Mirav à raison de ne pas le laisser s'en tirer si facilement alors qu'il a pratiquement réussi à détruire le parti