L’ATTITUDE ÉCLAIRÉE DES ÉLECTEURS ISRAÉLIENS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Saar et Yaalon à la Knesset |
Cela explique que Gideon Saar n’arrive pas à percer
son plafond de verre dès lors qu’il n’a proposé aucun programme politique original qui le
distingue du Likoud en dehors de prôner le «tout sauf Bibi». Par
ailleurs son idéologie de droite radicale ressemble à celle de Naftali Bennett de Yamina sans
pour autant qu’ils aient trouvé ensemble de terrain d’entente, chacun préférant jouer
dans sa propre cour.
À lire les sondages, beaucoup de petites formations
ont été rejetées par les électeurs au point de les empêcher d’atteindre le
seuil électoral tant qu’elles ne proposent de programme politique original capable
de se substituer à celui du gouvernement et même à celui des oppositions. Ce sont des
micros partis qui n’existent que par le seul souffle d’un leader.
Ofer Shelah |
Ainsi, Ofer Shelah a quitté sa confortable deuxième
place à Yesh Atid après son échec de devenir calife à la place du calife. Il était
un inconnu politique avant de rejoindre Yaïr Lapid, certes un bon journaliste
mais la mayonnaise ne prend pas toujours dans le mélange des genres. Cependant, son impatience et son ingratitude l'ont poussé à vouloir tuer le père en pensant faire mieux. Seul, il
n’est crédité que de 0,4% des voix alors que le seuil électoral pour entrer à
la Knesset est de 3,25%. Devant son échec patent, ce Centriste cherche une voie
de secours chez les Travaillistes pour garder son poste de député. Le grand écart pour exister encore.
Moshé Yaalon, chef de Telem et l’un des leaders du «quarteron»
qui avait percé aux élections du 2 mars 2020, a décidé lui-aussi de faire
cavalier seul alors qu’il se présentait aux côtés de Yaïr Lapid. Mais il ne
semble pas convaincre puisqu’il n’obtient que 0,3% des voix malgré un grand
investissement en publicité dans les médias. Ses amis ne comprennent pas qu’il
lâche la proie pour l’ombre avec le risque, aujourd’hui évident, de ne pas
figurer parmi les futurs députés.
Le quarteron |
Le Nouveau Parti Économique fondé en décembre 2020 par
l'économiste et ancien comptable général du ministère israélien des Finances,
Yaron Zelekha, est dans la tourmente bien qu’il réussisse cependant à amener à
lui 2,8% des électeurs. Sa compétence aurait été plus efficace au sein d’une grande structure déjà existante.
Rupture chez les travaillistes |
Le parti du maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, frôle et
l’atteint parfois le seuil électoral. Mais les électeurs se demandent pourquoi
cet ancien militant et élu travailliste a fui son parti moribond
au lieu de chercher à lui redonner une âme. Il en avait l'aura, les moyens et la capacité. D’ailleurs depuis que Merav Michaeli
a été élue à la tête des Travaillistes, elle a redonné espoir à tous les
militants orphelins qui ont repris courage et qui ont compris que, tant qu’un
souffle existe, il faut continuer le combat. Certains qui l’avaient quitté ont
même décidé de se réinscrire au parti. Cette nouvelle gouvernance a permis aux Travaillistes
tombés pendant des mois dans les profondeurs, de dépasser le seuil électoral pour
figurer certainement à la prochaine Knesset. Mais la vieille garde, les vieux grognards, ne supportent pas d'avoir été évincés et quittent leur structure historique sans songer à jouer le rôle de Vieux Sages.
La droite radicale connait les mêmes soubresauts. Les
sionistes religieux ont eux aussi une stratégie de division dans une guerre de
chefs. Le parti national de Bezalel
Smotrich pointe à 2,2% tandis que Otzma Yehudit d’Itamar ben Gvir est crédité
de 2,1% des voix alors que Habayit Hayehudi de Hagit Moshé atteint péniblement
0,3% des voix. Rien ne distingue leur idéologie au point de se séparer sauf la
volonté de chacun d’être leader perdant d’un micro parti.
La droite radicale décomposée |
Les partis arabes ont été touchés par le syndrome
de la division puisque le dirigeant du parti Raam, Mansour Abbas, se sépare de
la liste commune. Non seulement il n’est pas sûr de dépasser le seuil électoral
car les électeurs sont volatils mais il pénalise certainement la liste commune
arabe qui aura moins d’impact dans le paysage électoral israélien et moins d’influence
face aux partis sionistes.
A la veille du dépôt des listes fixé au 4 février, tout reste figé dans les États-majors politiques. Les électeurs israéliens sont les seuls à faire preuve d’une cohérence très éclairée. Ils rejettent la division et l’aventure des nouveaux venus briseurs de rêves. Ils privilégient les valeurs sûres plutôt que la nouveauté futile après avoir été vaccinés par l’expérience sans lendemain de Kahol-Lavan qui a gaspillé en quelques mois l’élan de renouveau qu’il avait insufflé au pays. Les nouveaux illusionnistes de la politique ne font plus recette parce qu’ils ne diffusent rien de concret ni de solutions pérennes aux maux sécuritaires et sanitaires qui traversent le pays.
Droite radicale |
Le peuple veut un rassemblement et non des micros-unités stériles. Les sondages, qui se sont toujours trompés ont au moins l’avantage aujourd'hui de mettre les choses au point. La politique est une affaire qui se gère à long terme, après des années d’expérience au bas niveau militant, avant de se lancer dans l’arène politique des Grands. Les valeurs sûres résistent toujours au coup de boutoir des nouveaux venus gourmands.
L’opposition s’est perdue dans ses divisions, ses guerres internes, ses réunions fratricides et ses violences verbales. Elle s’est ainsi éloignée de sa mission essentielle de représenter une alternance. Dans l'état actuel des forces politiques, le Likoud reste encore le parti en tête de plusieurs longueurs devant ses poursuivants. Il le doit à la capacité de division de l'opposition.
1 commentaire:
Amir perez est la pire chose qui soit arrivé à la gauche israélienne et au parti Avoda, il a le culot de garder son poste au gouvernement auprès de Bibi, Mirav à raison de ne pas le laisser s'en tirer si facilement alors qu'il a pratiquement réussi à détruire le parti
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