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mercredi 20 janvier 2021

L'Allemagne soutient une organisation terroriste anti-Israël par Francis MORITZ

 


L’ALLEMAGNE SOUTIENT UNE ORGANISATION TERRORISTE ANTI-ISRAËL


Par Francis MORITZ


Démonstration de force du groupe Hayat Tahrir al Sham

Le procureur fédéral a ouvert une enquête sur les activités du groupe terroriste djihadiste, Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de Libération du Levant, HTS) basé en Syrie et doté d’un réseau international de financement, qui reçoit le soutien de l’Allemagne, fidèle amie d’Israël. Ce groupe, qui contrôle le gouvernement auto proclamé du nord de la Syrie à Idlib, est accusé de graves crimes contre les Droits de l’homme, tout particulièrement des meurtres perpétrés contre des personnes accusées d’adultère ou de blasphèmes. Ces djihadistes font régner la terreur dans le territoire qu’ils contrôlent. Très curieusement Berlin a exercé à plusieurs reprises de fortes pressions sur Moscou et Damas, afin de ne pas attaquer HTS. Malgré le changement de ministre des affaires étrangères allemand, la même politique se poursuit.


Steinmeier devant le tombeau d'Arafat

Dès 2016, les membres d’une autre organisation terroriste ont été condamnés, alors que le ministre des Affaires étrangères d’alors, devenu président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, voulait à tout prix les associer aux négociations de paix. Il contestait l'exclusion de ces terroristes, en déclarant : «on ne peut pas choisir ses partenaires de négociation lorsqu'on tente de réorganiser la Syrie. Seuls Daesh et Al-Qaïda ne sont pas autorisés à y participer». Sa déclaration était dirigée contre Moscou pour qui des organisations, comme HTS affilié d’Al Qaeda, n‘auraient aucun rôle dans la reconstruction de la Syrie et  devaient en être exclues.  Ce n'est que récemment que le procureur fédéral a qualifié ce groupe «d’organisation terroriste»; si la justice allemande classait explicitement Tahrir-al-Cham comme organisation terroriste, cela affecterait non seulement le ministère allemand des Affaires étrangères, mais aussi la Turquie, également membre de l'OTAN, qui soutient cette milice depuis des années.

Abu Mohammed al-Jawlani leader de HTS

En 2017, le groupe a fusionné avec d'autres groupes pour former HTS. Cette décision visait à accroître son propre poids et à se rendre indépendant d’Al-Qaeda. L'organisation compterait environ 20.000 miliciens opérant dans le nord de la Syrie, où en 2019 elle devient le groupe dominant. HTS, comme Al-Qaeda, est classé organisation terroriste par l’ONU. Il contrôle de facto le gouvernement des rebelles à Idlib, auto proclamé «gouvernement syrien de salut». Trois millions de personnes vivent actuellement à Idlib, dont plus d'un million de réfugiés - dont la majorité est composée de salafistes et de djihadistes qui, après la reconquête d'Alep-Est et de la Ghouta orientale par Damas, se sont installés dans ce territoire dominé par les djihadistes. Les structures de pouvoir internes à Idlib se composent principalement de personnalités HTS qui contrôleraient toutes les décisions stratégiques et politiques.

Militants de Hayat Tahrir al Cham (HTS) en Syrie

De plus, le groupe filtre tous les recrutements, administratifs, éducatifs et le système judiciaire. Ses membres arrêtent systématiquement ceux qui manifestent une forme d’opposition, beaucoup sont torturés. L'année dernière, un rapport d'enquête des Nations Unies a confirmé que HTS avait détenu, torturé et assassiné de nombreux civils qui exprimaient des «opinions dissidentes», y compris des journalistes; Les femmes et les filles sont «systématiquement victimes de discrimination» et privées de leur liberté. En novembre, l'ONU a réitéré ses allégations et souligné que HTS était responsable, entre autres, de l'exécution d’innocentes accusées d’adultère ou de blasphème : HTS en détient un grand nombre qui ont été enlevées et torturées dans au moins 32 prisons à Idlib ; on y parle aussi de viol et de meurtre.

Il y a quelques jours, le procureur fédéral a ordonné la perquisition des domiciles de 14 personnes appartenant à «un réseau international de soutien des activités terroristes du HTS en Syrie, accusé de collecter des fonds pour HTS ; il y a soupçon de financement du terrorisme et soutien d'une organisation terroriste à l'étranger».

Combattants du groupe Hayat Tahrir el Sham

Ce n’est pas le premier procès mené en Allemagne relatif au soutien d’organisations terroristes opérant en Syrie. Un procès devant le tribunal régional supérieur de Stuttgart avait débuté en 2015 contre quatre membres d’Ahrar-al-Cham (mouvement des hommes libres de Syrie). Après leur condamnation et le rejet de l'appel par la Cour fédérale de justice le 22 novembre 2017, la décision a provoqué une certaine agitation. En effet, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Frank-Walter Steinmeier, avait officiellement proposé d'associer ce groupe aux négociations de paix au début de 2016. Il a été dit qu’il était sur place pendant toute la durée du procès. La question se posait de savoir si le ministre voulait réellement qu'une organisation terroriste participe aux négociations de paix ; définitivement oui. Le tribunal régional supérieur de Stuttgart a répondu par l’affirmative, en concluant que «Ahrar-al-Cham répondait parfaitement à la définition d'une organisation terroriste ...»

Ces dernières années, comme son prédécesseur, Heiko Maas a préconisé à plusieurs reprises de mettre fin aux offensives menées par Damas et son allié russe contre les terroristes de HTS. Le ministre a mis en avant des préoccupations d'ordre humanitaire. Or ni Maas ni le gouvernement fédéral n'avaient de telles inquiétudes lorsque la coalition anti-Daesh, avec la participation de la Bundeswehr, bombardait Mossoul, Raqqa, d'autres villes irakiennes et syriennes et y aurait commis des crimes de guerre majeurs.

En fait, Berlin couvre et cautionne de facto une organisation terroriste. L'argument humanitaire n’est qu’apparent, le véritable motif est d’empêcher le gouvernement de Damas de reprendre le contrôle pour se ménager une zone économique et bénéficier d’un possible renvoi d’ascenseur par les djihadistes, l’heure venue, si elle arrivait un jour. Paradoxe des paradoxes, le Hezbollah est totalement interdit, mais il ne contrôle pas de territoire. S’il est vrai que l’Allemagne est une puissance sur le plan économique, il n’en va pas de même au plan diplomatique, surtout dans une U.E où 27 ministres des affaires étrangères espèrent se faire une place au soleil. C’est également la démonstration que le système judiciaire peut parfois manifester son indépendance face au pouvoir politique et ses objectifs. Le zèle diplomatique ne peut pas remplacer un certain sens moral.

 

1 commentaire:

2 nids a dit…

Manquait plus que ça ! et la chancelière Angéla, elle a rien à dire? elle s'en va sur la "pointe des pieds" et basta...?