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vendredi 25 décembre 2020

Pas de pub pour les Chrétiens à Noël par Albert Naccache

 

PAS DE PUB POUR LES CHRÉTIENS À NOËL

Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE



Eglise et République

Radio France veut proscrire la mention «Chrétiens d’Orient» de ses publicités.  Ainsi, France inter a refusé de diffuser l’appel au don de l’Œuvre d’Orient sous prétexte qu’il faisait mention du mot chrétien. «Nous avions sollicité Radio France pour notre campagne de Noël mais nous ne leur avions pas encore envoyé le texte du spot. Le groupe avait donc motivé son refus d’avance et par principe uniquement à cause de la mention Chrétiens d’Orient qui allait apparaître, au motif que celle-ci représentait une entorse à la charte de leur régie publicitaire», explique Armelle Milcent, directrice de la communication de l’Œuvre d’Orient à La Croix.




Ainsi Radio France qui a pour mission d’informer, semble ignorer la situation catastrophique des Chrétiens d’Orient [1]. En effet les Chrétiens d’Orient n’en mènent pas large comme le montre l’actualité récente : La reconversion de Sainte Sophie en mosquée, la lourde défaite arménienne du Haut-Karabagh, la destruction du port de Beyrouth le 4 août 2020 et des quartiers chrétiens du 19ème et 20ème siècle qui se trouvent à proximité. La radio publique a refusé de diffuser la publicité car le terme Chrétiens d’Orient était susceptible selon elle, de «choquer les convictions religieuses, philosophiques ou politiques des auditeurs».

Selon la régie publicitaire, trois spots pour l’Œuvre d’Orient diffusés pendant la grande soirée pour le Liban le 1er octobre 2020 sur France Inter, à la suite de l’explosion qui a ravagé Beyrouth, avaient suscité des réactions parmi ses auditeurs, sans préciser le nombre et l’identité de ces auditeurs. La radio publique et les auditeurs «choqués» semblent ignorer que les 246 écoles chrétiennes de Beyrouth, détruites ou endommagées, reçoivent une majorité  d’élèves musulmans.

Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient.

          Finalement Radio France a accepté de diffuser la pub de l’Œuvre d’Orient à la suite de l’énergique action de son directeur général, Mgr Pascal Gollnisch, qui venait de recevoir le mardi 6 octobre des mains de Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères, le grand prix du rayonnement français.  Il avait alerté l’opinion publique, le ministre de la culture et le plus haut sommet de l’État.

Radio France a alors donné une réponse positive à L’Œuvre d’Orient «en proposant une alternative, consistant à parler de l’Œuvre d’Orient en lieu et place des chrétiens d’Orient dans son message publicitaire», pour les publicités devant passer sur France Inter et pour les annonces ultérieures. La régie publicitaire a proposé à l’association de remplacer la mention «Chrétiens d’Orient» par d’autres comme «frères d’Orient», «amis d’Orient» «enfants de Syrie» «des milliers de civils» …


          Le compromis a été possible car il s’agissait de ne pas rater la collecte qui permet en quelques jours de réunir les sommes qui constituent le trésor de guerre annuel de l’association. Mais il ne s’agit pas d’une initiative isolée. L’Église catholique, qui lance sa campagne nationale d’appel au don dans un contexte de baisse drastique de ses ressources due à la situation sanitaire, rencontre les mêmes difficultés pour faire sa publicité sur les antennes.

La Conférence des évêques de France a indiqué s’être vu refuser plusieurs fois la diffusion de ses campagnes dans différents médias. «Ce n’est pas la première fois que nous essuyons un refus de la part de supports et de régies publicitaires de diffuser nos messages d’appel au don», soupire Vincent Neymon, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France (CEF).

«Plusieurs diocèses se sont vu refuser des campagnes d’affichage pour le denier de la part de Mediatransports (la régie qui gère les publicités sur le réseau ferroviaire et les gares, ndlr), autour de 2016, notamment le diocèse de Saint Die des Vosges», spécifie Vincent Neymon à La Vie.

A la même époque, les spots télévisés d’appel au legs de la CEF, avait été refusés par TF1 et France télévisions, ajoute le porte-parole des évêques. «Et si les blocages persistent, nous changeons de logiciel, indique Vincent Neymon le recours à la justice n’est pas exclu».


Ratp : Les prêtres, le parti pris de la bêtise. L'affiche du concert des Prêtres initialement refusée par la RATP.

En avril 2015, cette mention «Chrétiens d’Orient» sur une publicité avait déjà créé la polémique. La RATP avait demandé le retrait de la mention «Pour les Chrétiens d’Orient», sur des affiches placardées dans les couloirs du métro et annonçant le concert à l’Olympia du groupe les Prêtres dont les bénéfices devaient être reversés à l’Œuvre d’Orient. Face au tollé et à la réaction unanime de la classe politique, la régie avait revu sa décision.

La mairie de Saint-Denis efface Noël des festivités pour ne pas heurter les «communautés non chrétiennes». Le maire PS Mathieu Hanotin parle des «communautés non chrétiennes» et un «slalom lexical» amène l’équipe municipale à lancer les « Festivités du bel hiver ».

Hostilité de la gauche non chrétienne

La gauche non chrétienne marxiste, internationaliste, socialiste, anticoloniale, de culture musulmane, islamo-gauchiste, … refuse de reconnaitre la spécificité de la tragédie des Chrétiens d’Orient avec trois principaux arguments :

1/ toutes les minorités ethnoreligieuses sont des victimes et pas seulement les Chrétiens.

2/ la population majoritaire est elle aussi victime d’attentats.

3/ Distinguer les Chrétiens les ferait apparaitre comme une excroissance occidentale en Orient.

Débats houleux au Conseil régional d'Île de France, 19 février 2016

          Le vendredi 19 février 2016, le Conseil régional d’Île-de-France votait une délibération concernant le soutien aux minorités au Moyen-Orient. Arnaud Le Clère [2], conseiller régional (Les Républicains) d’Île de France et membre du bureau du mouvement Sens Commun, nous raconte comment «l’idéologie laïciste de gauche» s’est manifestée durant les débats pour tenter de supprimer la mention «Chrétiens d’Orient».…

La délibération n'a pas été sans heurts ! Les amendements et les prises de paroles des représentants des groupes de gauche ont clairement laissé paraître la gêne de la gauche sur le fait qu’il y ait une mention explicite des termes «Chrétiens d’Orient». Par l’intermédiaire de son représentant, Mounir Satouri, le groupe Europe écologie les verts et apparentés a déclaré que «la mention spécifique aux Chrétiens d’Orient est infondée et inutile». 

La représentante du Front de gauche, Céline Malaisé, a quant à elle déclaré «qu’il n’est nullement légitime de préciser l’origine des populations concernées qui implique de fait le principe de tri, […] d’autant que cette sélection s’effectuerait sur des critères religieux qui n’ont pas lieu d’être dans une délibération émanant d’une institution publique». Au final, tous les groupes de gauche, y compris le Parti socialiste, se sont prononcés pour le retrait de la mention dans l’article. Ce qui ressemble à un militantisme anticlérical, nous empêche d’appréhender sereinement la réalité du Moyen-Orient.


[1] Voir mon livre «Suis-je le gardien de mon frère ? La tragédie des chrétiens d’Orient» présenté sur ce site.  https://benillouche.blogspot.com/2019/11/suis-je-le-gardien-de-mon-frere-dalbert.html

[2] « Conseil régional d’Île-de-France : débats houleux au sujet des « Chrétiens d’Orient » par Hugues Lefèvre et Arnaud Le Clère - La famille chrétienne 26/02/2016

 

 

 

1 commentaire:

Marianne ARNAUD a dit…

Merci monsieur Naccache, d'avoir attiré l'attention sur le sort fait aux Chrétiens d'Orient dans l'indifférence à peu près générale, il faut bien le dire.
Cependant n'oublions pas que les Chrétiens sont avertis, de longue date, du sort qui peut leur être réservé : :

"Le frère livrera un frère à la mort, le père un enfant.
Enfants contre parents, ils se lèveront et les mettront à mort.
Vous serez haïs par tous à cause de mon nom ;
mais qui tiendra jusqu'à la fin sera sauvé."

Matyah 10, 21-22 - La Bible - traduite et présentée par André Chouraqui