FORUM DES ASSOCIATIONS FRANCOPHONES EN ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Il faut avouer que l’initiative de l’Ambassade de France était louable. Réunir le 22 novembre 2015 les associations francophones pour débattre de problèmes typiquement du ressort des autorités israéliennes était une gageure. D’une part, parce que les Francophones ne présentent pas un front uni qui leur permettrait de peser de leur poids auprès des autorités de tutelle. D’autre part, parce que les intérêts personnels priment sur l’intérêt de toute la communauté française. Une critique cependant sur le trop grand nombre de participants aux tables rondes ne donnant qu'un temps de parole de 5 minutes, insuffisant pour s'exprimer avec intérêt. Une seule table ronde aurait pu aborder tous les sujets qui sont d'ailleurs interconnectés. Notons la présence du député Elie Elalouf qui en quelques mots a su exposer le problème avec sa verve habituelle.
Certaines
exclusives ont joué à l'occasion de ce Forum. Des éminents professionnels n’ont
pas été invités par les organisateurs à préparer le programme et à donner leur avis. A fortiori, ils n’ont pas été invités aux tables
rondes comme si les organisateurs voulaient éliminer les fortes personnalités
et tous ceux qui pouvaient leur faire de l’ombre. Certains ont tenu bon et ne
se sont pas déplacés pour assister au Forum. D’autres, ont voulu marquer leur désapprobation par
leur présence.
David Harari |
Deux
exemples éloquents sont à citer. David Harari, ingénieur français, prix d’Israël,
père du drone des industries aéronautiques israéliennes, dirigeant d’une
association d’aide à la jeunesse défavorisée, n’a pas été convié à préparer les
thèmes de ce débat. Claude Grundman-Brightman, membre du directoire du Netanya
Academic College, qui milite beaucoup pour aider les jeunes Français à
acquérir un diplôme en Israël ne devait certainement pas être du niveau pour
donner son opinion sur un sujet qu’elle vit avec passion tous les jours.
Claude Grundman-Brightman à droite |
La
division est une maladie francophone. Il suffit de constater le nombre de
listes présentées aux élections locales par les Francophones pour se rendre
compte que chacun veut être tête de liste, chacun veut être Conseiller
municipal sinon Maire et qu’au final, ni Ashdod, ni Ra’ananna, ni Netanya et a
fortiori ni Tel-Aviv n’ont eu de représentant français. Il suffit de constater
qu’une centaine d’associations ont été recensées par l’Ambassade pour mesurer
le chemin encore à parcourir. Si ce Forum permet au moins de sensibiliser les Francophones
sur la nécessité de se regrouper, alors un grand pas sera effectué.
L'ambassadeur avec Dapha Poznanski, Dov Maïmon, et Nathalie Dian |
Mais
c’est une mission impossible tant les blocages conflictuels sont nombreux. Les Français n’ont pas encore la culture de
l’intérêt communautaire consistant à s’investir et à financer tout ce qui peut
permettre de donner un écho à leurs voix. Une dizaine de feuilles de choux,
sans consistance, sont éditées en français chaque mois parce que tout le monde
lorgne sur le poste de rédacteur en chef ou sur les revenus de la pub, au
détriment de l’intérêt collectif. Des dizaines de sites Internet font du
copier-coller des mêmes articles pourvu qu’ils gagnent quelques shekels par la
publicité. Alors, par manque d’union, la voix des Français s’éteint et se perd
dans l’immensité des exclusives et des exigences insolubles personnelles.
Frank Vermeulin consul général, ordonnateur du Forum |
Les
instigateurs de ce Forum ont l’avantage d’être réalistes car ils ont compris qu’ils
ne devaient pas choquer les susceptibilités en exigeant une union. Ils ont
refusé de mettre la barre très haut : «Le Forum n’a pas vocation à
fédérer les différentes associations qui se sont toutes créées sur le principe
de la liberté et de l’initiative locale, mais il peut en revanche contribuer au
dialogue et à la coopération entre tous ceux qui interviennent en faveur
de nos compatriotes». C’est une bonne base de travail si chacun garde son
drapeau dans la poche.
À
ceux qui vont poursuivre concrètement cette aventure, un seul conseil :
favoriser l’émergence de la vérité et non pas se comporter en propagandistes de l’Agence
Juive afin d’éviter les déceptions et les drames familiaux. Le conseil est
aussi valable pour certains de nos dirigeants élus qui n’hésitent pas à se
glorifier de victoires, seulement du domaine de leurs rêves. Les fausses joies
mènent souvent à la démoralisation. Il est inacceptable qu’un élu de la
République publie, le 21 novembre 2014, des fausses nouvelles sur sa page Facebook pour s’attribuer
des éloges non mérités : «J’ai été reçu une nouvelle fois hier soir à
son domicile à Jérusalem par le Premier Ministre Benyamin Netanyahu. Il a
décidé, malgré l’actualité sécuritaire, d’annoncer en Conseil des ministres,
dès ce dimanche 23 novembre, les avancées législatives qu’il a initiées
concernant les équivalences de diplômes entre la France et Israël. À l’issue de
ce Conseil des ministres, nous organiserons un point de presse commun à ce
sujet. Je vous tiens informés». Nous sommes toujours dans l’attente de ce
point de presse et de la réalité des équivalences. Deux spectateurs au Forum se sont d'ailleurs estimés trompés
par cette fausse information parce qu'en tant que dentistes, ils n’ont toujours pas obtenu,
une année après leur alyah, le droit de pratiquer.
Espérons
que le Forum aura pour conséquence heureuse de privilégier la seule vérité en n'alignant pas les
nécessaires chiffres de l’Alyah. Quelles que soient les réticences, il faut que les Francophones réussissent, enfin!
6 commentaires:
Ainsi nous apprenons que - tandis quei la France emploie des médecins diplômés de Ouagadougou ou Pétaouchnok - Israël refuse d'employer des médecins diplômés en France !
Verflucht ! comme aurait dit ma mère.
Vous mettez l'accent avec raison sur un travers bien français que les juifs ont transporté avec eux : l'individualisme.
Et ce à la différence des autres nationalités notamment Russes ou américaines où le sens de la solidarité, de la collectivité et de l'organisation sont plus effectifs.
Il est difficile de faire"bouger" les français, c'est un fait.
Ceux ci sont généralement exigeants, nombre d'entre eux s'imaginant retrouver pour le meme emploi des conditions de rémunérations identiques ce qui n'est pas le cas pour d'autres ethnies, le français ayant été habitué à etre "gaté" en France.
Peu de français accepteront de commencer à zéro au bas de l'échelle sociale.
Pour donner un exemple concret vous pourrez trouver en Israel des avocats américains faire le ménage chez des particuliers,en attente de passer leur diplome. Jamais chez un avocat français, la mentalité étant de loin différente face aux réalités.
Pour répondre à l'étonnement de Mme Arnaud quant aux difficultés qu'éprouvent les médecins diplomés français,
sans les justifier :
+Israel est un petit pays et hélas les professions font obstacle et comme partout se protégent face au surnombre pour lutter contre la paupérisation ou tout au moins la diminution potentielle de revenus.
+Israel s'est à un moment trouvé submergé de faux diplomes,notamment lors de l'afflux de personnes de l'ex URSS et a renforcé le système de controle par des examens, sans parler de diplomes "sur le papier" bien réel mais dont le niveau était loin des normes occidentales requises.
+ Il faut savoir également qu'Israel est à la pointe de la 'discrimination positive" permettant à la population arabe de passer des examens avec plus facilités que pour les juifs d'Israel ou de France: en un mot leur quota de points à l'examen des psychométriques pour rentrer à l'université ou pour passer des diplomes ou des équivalences leur sont ouverts avec une réussite pour moins de points que pour les autres.
Un jeune israélien ayant sacrifié une partie de sa jeunesse, finissant l'armée à l'age de 23 ou 25 ans se trouve défavorisé par rapport aux arabes israéliens pour les examens d'entrée préalables à l'Université. C'est le cas pour mes jeunes enfants israéliens deouyis leur tout jeune age.
Pour revenir au coeur du sujet, un exemple frappant vécu dans ma famille porte sur les examens de pharmaciens ou de préparateurs ou bien pour leur équivalence dans le cadre de diplomes étrangers...les israéliens juifs ou les candidats à l"Alyah doivent travailler plus dur pour etre admis.
Voilà qui en fait du monde sur le marché.
Ceci dit Israel a un coté pragmatique quant à la "bienveillance" de l'équivalence de diplomes pour faciliter l'emploi de medecins dans des zones de besoin comme le Golan par exemple où ceux ci ne veulent pas s'installer.
Je suis d'accord, hélas, sur la division des francophones," même pas cap." d'avoir des représentants aux conseils municipaux. Pourtant de nombreux maires dans le nord lorgnent sur l'alyah de France et aimeraient intégrer des olim. Lesquels olim galèrent pour trouver du travail, un logement... Un beau gachis..
Quand j'ai fait mes classes a Tsahal, ma compagnie comptait 4 Francais. Entre les exercices, il y avait pas mal de temps mort et les soldats se regroupaient selon leur origine: les Russes, Les Georgiens, les Roumains, les Nord-Americains et anglo-saxons, les sud-americains. Les 4 francais se tenaient aux 4 coins du rassemblement
Tout simplement il faut savoir que ces Français sont, pour la plus part d'origine orientale, avec des comportements sans aucune discipline. "L'intérêt communautaire" étant très loin de leur culture d'origine.
Chassez le naturel il revient au galop !!
Le Forum des Associations francophones était un pari fait par l'Ambassadeur de France en Israël. Pari réussi. Le regard des Autorités françaises en Israël sur l'alya de France s'est modifié. Celui de la société civile israélienne aussi. Espérons que celui des Autorités israéliennes sur cette immigration va changer. Nous les avons sans cesse alertées sur les problèmes rencontrés par les nouveaux immigrants de France. Nous avons reçu beaucoup de belles paroles...des paroles verbales, comme aurait dit le Canard Enchaîné. Bien peu a été fait jusqu'ici. Comme je l'ai dit lors de mon intervention, n'ayons pas froid aux yeux. Tout nous est permis. Le ciel est la limite.Nous sommes forts de notre double histoire, de notre double nationalité que nous devons porter fièrement. Nous sommes forts de nos compétences, de notre dynamisme, de notre énergie, de notre culture, de notre belle langue française. Ici, nous sommes des pionniers et nous devons chaque jour penser, agir et oser en pionniers dans l'intérêt de tous les Français et les francophones d'Israël. Le Forum des Associations francophones était un premier pas. Vers l'émergence d'un lobby francophone que j'appelle de mes voeux depuis 1992. C'est un début, continuons le combat...
Cordialement,
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