LA RÉALITÉ DES EXTRÉMISMES EN ISRAËL
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Tous les partis qui se
présentent aux élections ont le mérite de participer à la démocratie
israélienne à l’exception de deux partis, positionnés aux deux bords extrêmes
de l’échiquier politique.
La liste arabe a bénéficié d’une
indulgence à la fois du gouvernement qui n’a pas su ou pas voulu légiférer pour
interdire les comportements anti étatiques et des instances suprêmes. Il ne
fait aucun doute que les partis qui composent la liste arabe prônent la
disparition d’Israël en tant que tel et l’émergence d’une entité qui ferait
revenir le pays au magma de la veille de 1947.
Cohabitation compliquée
Les grandes villes arabes de
Taybe, de Kfar Kassem, d’Um El-Fahm, dont les habitants disposent de la
nationalité israélienne, profitent de toutes les manifestations pour brûler
dans les rues le drapeau israélien et pour défiler sous l’emblème palestinien.
Les représentants élus à la Knesset refusent de chanter l’hymne national lors
des ouvertures de sessions et manifestent leur réprobation en restant assis à
leurs sièges en narguant leurs collègues juifs. Au mieux, ils quittent la
Knesset durant l’hymne national mais aucune loi ne peut leur être opposée.
Ces comportements démontrent que
la cohabitation devient de plus en plus compliquée au sein de l'État juif. Le
problème de la double appartenance des Arabes d’Israël, qui représentent 21% de la population, fait douter de la
loyauté d’une communauté pourtant intégrée socialement et financièrement.
L’apparition systématique de drapeaux palestiniens dans les manifestations
arabes crée un malaise qui met en évidence le difficile positionnement de cette
minorité (qui comprend des Arabes musulmans et chrétiens). Les Arabes
israéliens disposent de tous les droits civiques et sociaux avec la seule
exception qu’ils sont exemptés du service militaire, ce qui leur interdit
d’accéder ensuite à certains postes sensibles. Mais de plus en plus d’Arabes
exigent, et c’est tout à leur honneur, de faire les trois années d’armée.
Les fils et petits-fils des 156.000 Palestiniens qui étaient restés en
1948 à l’intérieur des frontières d’Israël, représentent aujourd’hui une
communauté de 1,66 million. Ils demeurent éclatés entre leur soutien affectif
aux Palestiniens et leur volonté pragmatique et irréductible de rester en
Israël : «Nous sommes des Israéliens, nous nous sentons israéliens,
nous parlons souvent un excellent hébreu, nous sommes diplômés de l'université,
mais nous sommes toujours considérés comme des citoyens de seconde zone».
Loyauté douteuse
Les différentes interventions
militaires contre le Liban ou Gaza ont élargi le fossé qui s’est creusé entre
la population juive et la population arabe qui avait ouvertement manifesté sa
solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza sous prétexte qu’ils y
comptent encore des membres de leurs familles réfugiés en 1948. Arborant des
drapeaux palestiniens ou verts aux couleurs de l'islam, ils avaient rejoint en
masse les militants du «mouvement islamique», légal en Israël pour manifester
contre Tsahal.
Avigdor Lieberman avait alors
été le seul à prôner une logique de séparation. Ou bien ils pouvaient rester en
Israël et faire preuve de loyauté envers ses institutions et son gouvernement,
ou alors devenir palestiniens et déménager vers les territoires de Cisjordanie.
Il avait proposé des solutions pour se «débarrasser» des Arabes :
échange territorial avec adjonction de villes israéliennes et division de
Jérusalem pour offrir la partie arabe de l’Est, hors Lieux Saints, à un nouvel état palestinien. Mais cette solution
est rejetée par la Droite nationale qui refuse la création de deux États et qui
veut annexer la Cisjordanie, dans le cadre d'un seul État qui risque de perdre
à terme son identité et sa spécificité juive.
Que
fait-il dans cette galère ?
À l’autre bout de l’échiquier,
on se demande qu’est allé faire Elie Yshaï dans la galère de Yahad. Certes,
après avoir quitté Shass il savait qu’il ne pouvait atteindre seul le seul de
l’éligibilité des 3,25% des votants.
Alors il a décidé de puiser les voix parmi les déçus de Bennett et du
Likoud et enfin parmi ses anciens fidèles de Shass. Mais il a franchi un pas
étonnant en se liant à la personne la plus controversée de l’extrême-droite
israélienne. Baruch Marzel a un passé de militant violent qui a fait ses
premières armes au parti raciste Kach du rabbin Kahana, interdit depuis mais
qu’on essaie de faire renaître de ses cendres, sous d’autres cieux et d’autres appellations.
Les méthodes de certains
militants de Yahad n’ont rien de démocratiques. Elles cherchent plutôt à
attirer l’attention des medias plutôt que celle des électeurs. L’un de ses
militants a aspergé la tête de la députée Hanin Zoabi, ce qui a eu l’avantage
de faire parler d’elle et de la sortir de son anonymat pour ceux qui ne la
connaissaient pas encore.
Baruch Marzel |
Si la liste atteint le seuil des quatre députés,
Baruch Marzel intégrera la Knesset ce qui laisse présager de sérieuses
empoignades physiques au sein des travées de l’assemblée. Il a eu la chance
d’être sauvé par la Cour suprême alors qu’il avait été invalidé par la
Commission Centrale électorale. C’est un spécialiste des coups fourrés qu’il
utilise comme seuls arguments, les arguments religieux l’ont longtemps
abandonné. Il veut être l’émule du docteur Baruch Goldstein, auteur du massacre du Caveau des Patriarches à
Hébron en 1994. Il avait tué 29 Palestiniens musulmans qui priaient, avant
d'être maîtrisé et battu à mort. Ce sacrifice a été vain. Baruch Marzel n’exploite
que la violence qui est son idéologie première et à ce titre il a soutenu de
nombreux crimes perpétrés contre les Arabes sous couvert de nationalisme.
Parti
Communautaire
Elie Yshaï, qui s’est frotté à
la démocratie à ses postes de ministre et de chef du parti orthodoxe séfarade, s’est
perdu dans Yahad. Pour sauver son poste de député et celui de Yoni Chetboun, il
a été contraint de cautionner les dérives de ses partenaires de liste. Alors qu’il
figurait au Shass au nom de la défense
des orthodoxes séfarades, il a réduit ses prétentions dans son nouveau parti en
se donnant une image communautaire limitée aux originaires de Tunisie, pour
attirer les quelques voix de ceux qui se souviennent encore de leurs racines
lointaines.
Yahad est un résidu de tous les
candidats extrémistes qui ont été rejetés par les partis nationalistes. Il
n’est pas sûr que les fidèles de Yshaï puissent le suivre jusqu’au bout dans
cette aventure controversée. Il était habitué à des prises de position
politique limites, du temps où il dirigeait le Shass. Il avait en effet
considéré l’homosexualité comme une maladie et avait fustigé les immigrés
clandestins africains qui apportaient avec eux le sida et la culture de la
consommation de drogue. Des positions qu’aiment les anciens de Kach. Il s’est d’ailleurs
senti pousser des ailes racistes au contact de ses nouveaux «amis» pour
leur donner des gages sur sa nouvelle conversion. Ainsi, il a violemment insulté
Hanin Zoabi qui n’a pas été invalidée par la Cour suprême : «vous appartenez
au parlement de Gaza».
Il a décidé de ménager l’avenir
de son poste ministériel en prenant dès à présent position pour Benjamin Netanyahou dont il a approuvé le
discours à Washington. Il en a profité pour faire un clin d’œil aux habitants
des implantations dont il lorgne les voix en précisant qu’il «quitterait
tout gouvernement qui soulève la possibilité de bannir les Juifs de leurs
maisons». Toute sa campagne électorale s’effectue dans les implantations en
puisant dans l’électorat de Bennett qui a ainsi perdu 4 à 5 députés au profit
de Yahad. En fait, il n’a trouvé comme
stratégie électorale que de faire du Bennett sans Bennett avec le risque, s’il
n’atteint pas le seuil de 3,25% des votants, de redistribuer ses voix à
l’ensemble des autres partis, de gauche en particulier.
Soutiens
tunisiens
Le sort de Yshaï
est lié à celui de Chetboun, qui a suivi une stratégie politique brouillonne
tout azimut, lui aussi embarqué dans une formation extrémiste qui n’est pas à
son image. Sioniste religieux, il avait choisi la carte des francophones, bien qu'il parle peu leur langue, car ils étaient orphelins d’un leader charismatique. Il
s’est brouillé avec son mentor Bennett qui l’avait lancé en politique. Alors,
il a basculé vers le soutien à la communauté tunisienne en intégrant dans Yahad
trois personnalités tunisiennes Michael Ayash, fondateur d’établissements
religieux à Safed, le rabbin Refael
Cohen, ancien maire adjoint de Safed et Sasson Trabelsi chef du conseil
religieux de Kfar Saba, après avoir confié l’idéologie religieuse du parti au
rabbin Meir Mazouz, lui aussi d’origine tunisienne.
La liste Yahad,
constituée de bric et de broc de marginaux, est aussi entachée par la présence
d’Amital Bareli qui a servi comme rabbin militaire à la division de Gaza
et qui a encouragé en juillet 2005 les soldats à désobéir aux
ordres de désengagement de Gaza. Le tribunal militaire de Commandement Sud l’avait
condamné à quatre mois de prison et l’avait dégradé. Cette personnalité
sulfureuse jette un doute sur la liste.
Bref, tant que
ces partis marginaux ne représentent qu’eux-mêmes avec 4 ou 5 députés pour
Yahad, cela devient préoccupant lorsqu’ils peuvent, comme la liste unie arabe
avec 13 à 15 députés, conditionner l’émergence d’une coalition à la Knesset et
peut-être y diffuser des thèses anti israéliennes dans l'hémicycle.
1 commentaire:
Je suis surpris voir agacer de cette histoire Séfarade/Ashkenase encore aujourd'hui,quand on me demande d'ou je suis je répond Juif,mais de culture occidentale et je ne comprends pas cette séparation systématique,ma famille arrive d'Egypte mais il y a de cela deux cent cinquante ans et si elle c'est fondue dans la société occidentale,grâce à ma grand-mère je sais que je suis juif et donc un respect inconditionnel à l'état d'Israël !
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