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dimanche 11 septembre 2022

La Reine Elisabeth II n'a jamais visité Israël

 

LA REINE ELIZABETH II N’A JAMAIS VISITÉ ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

La reine Elizabeth II reçoit l'ancien président Shimon Peres au palais de Buckingham à Londres le 20 novembre 2008


La reine Elisabeth II a visité plus de 120 pays durant son règne mais elle n’a jamais mis les pieds en Israël. Certains veulent y voir un boycott non officiel de la Reine car, parmi la famille royale, le prince William est venu en Israël en 2018 à l’occasion du 70ème anniversaire de l’Indépendance d’Israël et le prince Charles en 2020. Les raisons essentielles sont liées à l’Histoire et à la région et non pas spécifiquement à Israël. 



Le mandat britannique de la Palestine a régné entre 1920 et 1948.


Pour maintenir les relations commerciales avec la plupart des pays arabes, le Royaume Uni ne devait pas indisposer les riches Émirats arabes du Golfe et les potentats anachroniques du Moyen-Orient alors que de nombreux accords commerciaux étaient en permanence en cours de signature. Une autre raison plus politique est avancée, liée à l’insurrection juive contre le mandat britannique. Les groupes armés sionistes avaient fait beaucoup de victimes dans le camp anglais avent 1948 tandis que les représailles anglaises contre les Juifs avaient été sanglantes avec de nombreuses pendaisons.

Le prince Philip et la reine Elizabeth avec le prince Hussein lors d'une visite officielle en Jordanie en 1984


C’était aussi sans compter sur les maladresses israéliennes qui ont été nombreuses, en particulier lors de la visite de la Reine en Jordanie en 1984. Israël avait eu l’indélicatesse d’envoyer des avions de chasse militaires survoler le convoi royal en visite à la frontière avec la Cisjordanie. Ce pied de nez avait pour but de prouver ouvertement qu’Israël était maitre de la région. La reine avait réagi à la noria des avions en lançant «comme c’est effrayant» et «quelle carte déprimante» en se penchant sur une carte des implantations de Cisjordanie. Il s'agissait aussi pour Israël de marquer sa désapprobation d'avoir été ignoré durant cette visite à quelques encablures de Jérusalem.

Le prince a visité l'église de Marie-Madeleine, où sa grand-mère est enterrée


Celui qui deviendra le roi Charles III, avait effectué une visite officielle en tant que Prince de Galles en janvier 2020.  Le prince Charles avait alors visité la tombe de sa grand-mère paternelle, la princesse Alice, enterrée dans l'église de Marie-Madeleine de Jérusalem.  Elle avait été honorée par le peuple juif pour ses efforts humanitaires à Athènes occupée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. La princesse Alice de Battenberg avait épousé le prince Andrew de Grèce et de Danemark, avec qui elle a eu un fils, le prince Philip, qui renoncera plus tard à son titre grec pour devenir duc d'Édimbourg après avoir épousé la reine Elisabeth. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle avait aidé à soustraire aux nazis des réfugiés juifs et donc avait été déclarée «Juste parmi les nations».

Le duc d'Édimbourg avec sa mère la princesse Alice de Battenberg


Dans son discours, Charles avait averti que les leçons de l'Holocauste étaient toujours «extrêmement pertinentes» et avait appelé les dirigeants mondiaux à être «intrépides face aux mensonges et à la violence». À Bethléem il avait prié pour «une paix juste et durable au Moyen-Orient» après avoir été «frappé par l'énergie, la chaleur et la remarquable générosité du peuple palestinien». Mais les Israéliens n’avaient pas oublié sa lettre de 1986 à un ami dans laquelle il écrivait : «l'afflux de Juifs européens étrangers en Israël était à blâmer pour la poursuite du conflit entre Israël et le monde arabe. Un président américain doit sûrement avoir le courage de se lever et de s'attaquer au lobby juif aux États-Unis». Certes, il avait depuis évolué mais Israël avait une faible capacité d'oubli.

Mais la Reine avait été ferme en refusant à Israël la légitimation que sa visite aurait pu lui donner. Cependant elle n’avait pas hésité à recevoir officiellement au Royaume-Uni les présidents Éphraïm Katzir, Haïm Herzog et Ezer Weizman, et à conférer le titre de chevalier honoraire à l'ancien président israélien Shimon Peres. Mais cela se passait chez elle.  En revanche elle avait une relation étroite avec la communauté juive de Grande-Bretagne, puisqu’elle avait attribué au grand rabbin Immanuel Jakobovits et à son successeur, Jonathan Sacks, la pairie et conféré la chevalerie à de nombreux autres Juifs britanniques. Elle n'a jamais voulu faire un amalgame entre Israël et les Juifs britanniques.

Elisabeth et les dirigeants juifs britanniques


Il n’est pas impossible que le roi Charles III interprète les relations avec Israël avec plus d’actualité et répare l’absence de la reine Elisabeth II dans l’État juif.  Il est probable qu’il fera lui-même une visite officielle dans le pays pour devenir le premier chef d'État britannique à se rendre en Israël.      

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est bon d’avoir mentionné la période du Mandat dans votre article. Avant toute visite officielle du roi Charles III en Israël, il serait peut-être indiqué, de s’excuser sincèrement pour la mort de nombreux Britanniques, le 22 juillet 1946, au King David hôtel.
Tout comme nous avons apprécié les excuses du président allemand pour les 11 athlètes israéliens massacrés aux jeux de Munich, nos excuses pour l’attentât de l’Irgoun (Avant même la création d’Israël) permettrait de panser les plaies des familles britanniques concernées. Les Israéliens savent demander -à juste titre- réparation morale pour des crimes horribles passés ; faut aussi avoir la sagesse de reconnaître la douleur infligée aux autres, sans en attendre aucun bénéfice pour la relation future (…même si ce bénéfice sera presque certain, immédiat et hyper positif pour l’image et les retombées de toutes sortes pour Israel).
Jonathan Livingstone

Anonyme a dit…

M. Livingstone,

Vous ne pouvez pas blamer les Israéliens pour l'attentat du King David (qui visait des militaires et pas de civils) sans vous interroger sur l'attitude de la Grande Bretagne vis à vis du futur Israël à cette époque!

Marc

Anonyme a dit…

Marc, je suis provoc, je le reconnais mais le fond de mon commentaire est sincère et fondé sur le principe de la main tendue vers mon « ennemi ». Et le Royaume Uni n’est plus l’ ennemi d’Israël depuis longtemps.
Israël et l’Allemagne sont les meilleurs partenaires maintenant. Pourtant, Ben Gourion a été combattu pour avoir accepté les « réparations » (quel mot horrible) allemandes. « Réparations » = solde de tout compte de la part de l’Allemagne ??

Et on se sentirait encore « en guerre » avec la Grande Bretagne ??
Mettons l’amitié avec la G. B. bien au dessus de celle de l’Allemagne, à la place qu’elle mérite.

La paix des braves entre Israël et la G. B. n’apporterait que du Plus pour Israël.
« Réconciliation et entente » seraient les maîtres mots de la relation entre la G. B. et Israël.

Juste essayons le. Nous en serions superbement bluffé !!