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dimanche 11 septembre 2022

Perspectives électorales figées en Israël

 

PERSPECTIVES ÉLECTORALES FIGÉES EN ISRAËL


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

         


          Si l’on voulait résumer la situation électorale en Israël à la veille de la clôture du dépôt des listes qui aura lieu le 15 septembre 2022, on pourrait la résumer en quelques phrases. Le Likoud, sûr de lui-même et encore dominateur, est en tête de tous les sondages, laissant ses poursuivant à plusieurs sièges d’écart mais il n'arrivera pas à constituer une majorité. Le Centre plie mais ne se rompt pas. La Gauche sort péniblement de la torpeur et de l’abime dans lequel ses précédents dirigeants l’ont plongée. Les religieux orthodoxes se maintiennent fidèles à eux-mêmes grâce à la discipline imposée par leurs rabbins. L'extrême-droite a le vent en poupe car elle a récupéré les sièges de Yamina en déroute complète. Enfin, les partis arabes surmontent leurs divisions pour éviter de perdre quelques plumes. C’est pratiquement la même situation qui a existé lors des précédents scrutins, certaines tentatives politiques remplaçant d’autres. Cela prouve que les électeurs ne sont pas volatils et qu’ils restent attachés à leurs convictions.




Alors on maudit le système électoral à la proportionnelle intégrale alors qu’il n’est pas coupable des dérives des dirigeants politiques qui ne savent ni s'entendre et ni se regrouper. En Israël, il est important que toutes les composantes du peuple juif soient représentées à la Knesset. Il appartient donc aux députés d'organiser un gouvernement de coalition qui ne soit pas de transition et qui perdure au moins pendant deux à trois ans ; l’idéal serait pendant toute la mandature de quatre années. Contrairement aux critiques, le système n’est pas si mauvais puisqu’il a tenu depuis la création de l’État.

On voit en France que la stabilité n’est pas plus grande dans un système majoritaire, mais certaines minorités sont alors exclues de la gouvernance et se voient obligées d’agir dans la rue à défaut d’avoir des représentants au parlement. Le système israélien a été amélioré à l’usage pour éliminer les fantaisistes et les individualistes, comme Flatto-Sharon seul élu de sa liste élu en 1977, alors que 14.173 voix suffisaient pour élire un député. En imposant un seuil électoral minimum de 3,25%, en mars 2021 il fallait qu’une liste ait recueilli 143.327 voix pour être admise à la Knesset et chaque député pesait 36.210 voix. Ce seuil augmente à chaque élection au fur et à mesure que la population s'agrandit par l'alyah ce qui rend plus difficile l’accès à la députation.

A la droite du Likoud


L’existence de ce seuil d’éligibilité aurait dû pousser les partis à se regrouper pour éviter la sanction. À l’exception de l’extrême-droite, les partis se scindent au lieu de mettre leurs moyens en commun. Les Travaillistes refusent de s’unir à Meretz parce qu’ils s’appuient sur des sondages qui se sont pourtant toujours trompés en Israël. Rien ne va plus au sein des religieux orthodoxes pour des questions de gros sous et non pas pour des questions d’idéologie. Agoudat Israël et Degel Ha Torah se séparent pour faire cavaliers seuls avec le risque de laisser sur le carreau une des deux formations. Yamina est dans la tourmente après le départ de Naftali Bennett et d’autres députés. Zvi Hauser et Yoaz Hendel, qui avaient rejoint Ayelet Shaked viennent de renoncer. Ce sera certainement la fin de l’épopée de Yamina à la Knesset. Hauser et Hendel, qui étaient très proches de Netanyahou, ne supportent pas qu’on envisage de rejoindre le Likoud après les élections. La haine est tenace. Des candidats de qualité, à l’instar du grand économiste Yaron Zelekha, refusent par prétention de négocier une place éligible dans un autre grand parti et se présentent seuls sans aucune chance de réussir.

Yaron Zelekha


Le drame est que cette politique de listes, totalement entre les mains des chefs de partis, empêche de faire éclore de nouvelles pousses capables de modifier l’équilibre des vieux partis. Des jeunes et des femmes, compétents et volontaires, sont privés d’apporter un peu de souffle à un système vieilli, sclérosé et sans avenir. D’autres, dont la patience était encore une vertu politique rare, décident de quitter la scène politique après moins d’un an de présence à la Knesset. Quelques femmes méritantes et compétentes ont fait une brève incursion dans le monde des hommes pour devenir aussitôt leurs victimes à l’instar de Omer Jankélévitch, Hila Peer, Michal Cotler-Wunsh, et d’autres encore. La liste Likoud ne comporte que deux femmes dans les vingt premières places et quatre dans les suivantes éligibles. Des rumeurs persistances prétendent que les listes ont été conçues au sommet et que les militants avaient reçu le «conseil» de voter en conséquence pour éliminer les contestataires et surtout les jeunes réputés pour avoir la propension à vouloir changer les règles internes.

Benny Gantz a été de ceux qui ont ouvert les portes aux jeunes et aux inconnus. Mais plusieurs nouveaux venus ont été terrassés par les querelles internes et les guerres d’égos qui les ont décimés. Ils avaient cru à un renouvellement de la classe politique mais, finalement, les mêmes continueront à décider du sort des Israéliens, les mêmes professionnels de la politique. En 2021, les listes avaient fait la part belle aux femmes, dans une sorte de quasi-parité, orthodoxes exclus, mais en 2022, elles ont été confinées aux postes subalternes. Les jeunes ont compris qu’il fallait être retors en politique alors qu’ils ont pêché par manque d’expérience politique, par une droiture sans faille et même par naïveté. 

Accord Eizenkot, Gantz  et Saar


Par ailleurs l'armée ne fait plus recette comme dans le passé. L'insertion d'un ancien chef d'Etat-major, Gadi Eizenkot, dans une liste n'a pas remué les foules dans les sondages. C'est un signe qu'Israël a changé. Mais les Israéliens choisissent en toute liberté et on ne peut pas les accuser de respecter la démocratie ; c’est leur droit même si les mêmes squattent le pouvoir depuis 12 ans. Le renouvellement régulier de la classe politique n'est pas encore pour demain sachant que les pseudos adversaires du Likoud n'ont pas appris à se regrouper. Une liste unique avec Gantz, Lapid et Eizenkot aurait pu décrocher le pompon et se hisser à la première place aux élections pour être désignée pour constituer la coalition. Mais c’est sans compter sur les problèmes d’égos.

3 commentaires:

Cmoiwilly a dit…

Il est bien temps de se débarrasser de parasites de la société politique , tels que Liberman et Benjamin Nathanyaou , on les trop vus , d’autre part , afin qu’il y est un gouvernent stable et solide et qu’il fasse enfin un mandat complet , il faut mettre le seuil d’éligibilité à 5 % minimum
Ca a trop duré ce système à la con où ce sont les petits partis les faiseurs de rois

Georges Kabi a dit…

L'augmentation du taux d'eligibilite avait ete une intiative de Liebermann dans le but d'elimier les partis arabes. Ils etaient 4 partia, ils ont enterre leurs ideologies et se sont presentes sur une liste communne. L'augmentation du taux d;eligibilite est en fait dependant de l'augmentation de la population. Aussi, pour changer le stteme, tout en preservant ce qui est positif, il serait bon de limiter la longevite des deputes, a obliger tous les partis a organiser des elections primaires afin que les listes puissent se renouveler.

frenkel david a dit…

La Gemarah nous dit que la destruction du second temple "le chorban beth hamikdash" et l'exil, le "galouth" sont survenus à cause de la haine gratuite "Sinath chinam" des juifs entre eux. Je crains fort que l'Histoire se répète, à l'heure où Israël, le juif des nations, est menacé de toutes parts, médias français compris.