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jeudi 18 août 2022

L'extrême-droite israélienne a le vent en poupe

  

L’EXTRÊME-DROITE ISRAÉLIENNE A LE VENT EN POUPE

 

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

         


        Bezalel Smotrich, Itamar Ben Gvir et leurs partisans récusent la terminologie d’extrême-droite, qu’ils trouvent péjorative, alors qu’elle est justifiée puisqu’ils animent le mouvement le plus à droite sur l'échiquier politique sioniste. Le Pen en France condamnait aussi cette qualification qui est purement géographique. L’idéologie extrémiste juive qu’ils prônent est proche de celle développée par le rabbin Meir Kahane, fondateur du parti Kach considéré comme organisation terroriste et interdit dès 1994 par le gouvernement israélien et le département d'État américain. 


Le Grand Israël


      Cette idéologie est fondée sur cinq points :

1/ Le Grand Israël : L'ensemble de Eretz Israël (Israël dans ses frontières bibliques) doit devenir juif, non seulement par un éventuel droit historique des Juifs sur cette terre, mais aussi parce que c'est un «commandement divin». Cela justifie la politique d'implantations juives massives en Cisjordanie.

2/ Démographie juive : Les Arabes n'ont aucun droit sur cette terre et doivent la quitter. L'objectif est donc le «transfert» des Arabes (y compris ceux qui ont la nationalité israélienne et qui seraient hostiles) vers les pays arabes, ou vers l'Occident.

3/ État religieux : L'État juif doit être fondé sur la loi religieuse, la Halakha. Le système judiciaire ne favorisera pas plus longtemps la loi laïque par rapport à la loi de la Torah.

4/ Recours possible à la violence : La violence est légitime pour assurer l'unité de la terre d'Israël.

5/ Expulsion des députés «déloyaux» et les Arabes qui attaquent l’armée considérés comme des «traîtres» à l'État.

Le rabbin Kahane à la Knesset (avec la barbe)


Une poignée de groupuscules d’extrême-droite existent alors que rien ne les différencie dans leur programme complètement voué aux thèses anti-Arabes. En effet, les questions personnelles priment sur leur idéologie et les militants se pressent pour être en tête des listes de crainte de ne pas être élus à la Knesset. Les prévisions à leur sujet évoluent en fonction des sondages qui n’ont pas réputation d’être précis en Israël. Certes, une seule stratégie commune, ils se retrouvent dans leur opposition à toute avancée palestinienne. Ils sont favorables à une intégration des implantations au sein de l’État d’Israël même s’il faut passer par un État binational avec le risque d’une population arabe devenant à terme supérieure à la population juive. Israël perdrait ainsi sa spécificité juive et deviendrait comme tous les autres pays occidentaux gangrénés par un islamisme décadent. Contrairement aux autres structures d’extrême-droite dans le monde, les religieux orthodoxes y sont majoritaires avec la volonté de développer un judaïsme religieux et d'imposer la Torah comme fondement du droit civil et politique. 

Habitants d'implantation


           La seule explication à cette diversité peut se trouver dans l’atavisme juif fondé sur la multiplication des chefs, parce que depuis l’origine du judaïsme, coexistent de multiples interprétations de la Torah, chacune donnant naissance à une secte disposant de ses propres certitudes. Ajoutée à cela, la guerre des égos génère des querelles de sémantique que les Talmudistes adorent. Il est donc difficile à l’Israélien moyen de se retrouver dans ce dédale politique.

            Appuyés par leurs querelles de personnes, le chef du Parti sioniste religieux, Bezalel Smotrich et celui des Kahanistes d’Otzma Yehudit, dirigés par Itamar Ben-Gvir, ne se sont pas entendus pour constituer une liste commune aux élections du 1er novembre 2022. Pourtant il s’agissait d’assurer la survie de leurs groupuscules malgré l’effondrement de Yamina. L’hémorragie subie par le parti de Naftali Bennett donne peu de chance à Ayelet Shaked de remonter la pente. Il est vrai que sa stratégie obscure de vouloir exister entre la droite et l’extrême-droite est mal perçue par les électeurs. Parmi ces trois groupuscules, une ou deux entités risquent de ne pas survivre au seuil électoral de 3,25% des votants.

Shaked et les sionistes religieux


Dans le fond, les démocrates saluent cette dichotomie qui pourrait renvoyer certains chefs à leurs chères études. Yaïr Lapid avait déjà affirmé lors des précédentes élections que : «La décision des Sionistes religieux de courir avec le raciste et anti-juif Otzma Yehudit est une honte pour le sionisme religieux qui a perdu le droit de parler des valeurs juives».

            Même Gideon Saar qui, contrairement aux apparences, n’a jamais fait partie de cette droite dite modérée, a toujours affiché sa sensibilité d’extrême-droite puisqu’en tant qu’étudiant il avait pris la tête du mouvement des jeunes de Tehiya (renaissance), dirigé par la passionaria Géoula Cohen. Il a toujours montré clairement ses opinions en s'opposant au désengagement de Gaza et au discours de 2009 de Netanyahou au centre Begin-Sadate : «A travers le monde, on ne cesse de dire qu’une solution à deux États reste le parcours à suivre pour un accord. Il faut que je vous le dise : Ce positionnement n’aide personne. Deux États, c’est une illusion». Mais à la différence des autres groupuscules, il n’a jamais prôné de thèses racistes et est resté attaché à ses thèses nationalistes. Certes, le côté ultranationaliste de Saar effraie certains militants de Kahol Lavan mais ils comprennent ses convictions malgré tout modérées. L'intérêt est de ratisser large.



            Nouveau stratège politique, Gantz veut se distinguer de Netanyahou qui se positionne encore plus à droite, en s’emparant des électeurs de la droite modérée inquiets de la radicalisation du Likoud. On découvre alors le vrai Saar, l’adversaire résolu de la solution à deux États et surtout le tenant de la ligne dure au Likoud. Il veut contrer Netanyahou sur sa droite, là où il peut draguer le maximum de voix et où il peut enfoncer son clou méthodiquement. Lors de sa visite du quartier de Givat Hamatos à Jérusalem, il s’était prononcé contre le gel de la construction dans la région : «cet emplacement a une importance stratégique. La construction ici nuira à la continuité territoriale recherchée par les Palestiniens et servira de barrière à la création d'un État palestinien. Par conséquent, il y a également des pressions politiques, principalement européennes, pour empêcher la construction de Juifs ici. Givat Hamatos fait partie du plus grand gel des bâtiments à Jérusalem et ses environs, avec E1 et Atarot. Au total, plus de 17.000 logements sont gelés. L'avenir de Jérusalem sera déterminé par des actes, pas par des mots. Le gel de la construction dans la ville doit être arrêté. Si nous ne construisons pas, nous ne pouvons garantir l'avenir de la ville et de la majorité juive pour les générations à venir». Mais pour s’allier à Gantz, il a fini par mettre un peu d’eau dans sa vodka.



            Avec cette sémantique, il s’agit de se distinguer des extrêmes et surtout d’Avigdor Lieberman, lui aussi nationaliste, mais fervent antireligieux. Depuis longtemps l’opinion israélienne a basculé vers la radicalisation mais cette droite n’arrive pas à émerger et à montrer sa véritable puissance parce qu’elle reste divisée. Il s’agit de dépasser sur sa droite Ayelet Shaked qui n’est pas dans sa phase montante en raison de son positionnement paradoxal de laïque parmi des sionistes religieux. Cela la qualifie d’opportuniste et d’instable dans ses démarches. Ses dents longues la poussent à s'agiter plutôt qu'à se démener efficacement.  

            En fait ces micro partis n’ont pas compris qu’il leur manque un fédérateur charismatique pour les conduire à la victoire puisque le pays est en majorité à droite. C’est pourquoi Gantz a confié à Saar l’objectif de grignoter une partie des nationalistes modérés peu à l’aise au Likoud et encore moins auprès de la droite extrême. C’est le seul moyen trouvé par Gantz pour arriver au pouvoir par la grande porte. 

           

 

2 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

« Oui, toute la tora est accomplie en une seule parole, dans le :

« Aime ton compagnon comme toi-même ! »

Mais si vous vous mordez et dévorez les uns les autres,

prenez garde d’être détruits les uns par les autres. »



Galates 5, 14 – La Bible – Chouraqui – Desclée de Brouwer

Georges Kabi a dit…

Moi, je vais faire comme les russophones ou les Arabes, je voterai pour le parti ou un hungsaophone est le leader. Eh oui, je suis bien ne et grandi en France, mais ma langue native n'est pas le francais, mais le hongrois et j'ai du etre naturalise (de mon temps le droit du sang primait au droit du sol). Dex partis sont diriges par des hungaraphones...