LE PREMIER MINISTRE YAÏR LAPID, PLAYBOY ET
PRAGMATIQUE
Par Jacques BENILLOUCHE
Contre toute attente,
il avait réussi à mettre sur pied un gouvernement de bric et de broc, qui a cependant duré une année. Il avait accepté de se mettre en retrait puisque Naftali Bennett, avec son parti de 7 députés, est devenu premier ministre à sa
place. Par pragmatisme, il n’a jamais cherché à s’imposer personnellement. Ce
fut le cas lorsqu’il avait fusionné avec Benny Gantz aux élections de mars 2020
mais la rupture avait été acté lorsque Gantz avait accepté de rejoindre
Netanyahou pour éviter de nouvelles élections. Lapid l’avait pourtant mis en
garde : «J'ai dit à Benny Gantz que j'avais déjà travaillé avec Netanyahou
et donc qu’il ne te laissera pas avoir les mains sur le volant». À cela
Gantz avait répondu avec naïveté «nous avons confiance en lui, il a changé».
Mais Lapid savait par expérience qu’on ne change pas à 71 ans. L’avenir lui a
donné raison.
Grande sortie orthodoxe |
Comme son père, il déteste le milieu orthodoxe parce que lui se présente comme patriote, libéral et surtout laïc. Les Juifs orthodoxes le
lui rendent bien. Il n’aimait pas les actions inutiles comme les
manifestations de rue qui avaient lieu tous les samedis face à la résidence de Netanyahou à Jérusalem. Il ne les condamnait pas mais il
ne les approuvait pas. Il ne courrait pas après les honneurs de premier
ministre car son objectif était de «chasser le roi Netanyahou de son trône
et de briser les barrières qui divisent la société israélienne».
Les observateurs avaient été étonnés par cette alliance contre-nature avec le sioniste religieux Naftali Bennett mais c’était pour le bien du pays et elle n’a pas démérité puisqu’aucun conflit n’a éclaté entre les différents ministres, tous indépendant dans leur ministère contrairement à Netanyahou qui cumulait jusqu’à cinq portefeuilles à la fois. La dissolution a été voté à une majorité de 110 députés sur 120. Lapid était las de cette guérilla permanente de députés pensant plus à leurs intérêts qu’aux intérêts d’Israël. Alors il a demandé aux Israéliens d’arbitrer. Son ami, le député de Yesh Atid, Boaz Toporovsky, a déclaré : «C'est un triste jour pour la démocratie. Nous le faisons le cœur lourd mais sans regrets, car le bien de l'État a toujours été et sera toujours avant toute autre chose». Lapid a pris de vitesse Netanyahou qui se préparait à mettre en place, sans élections, un gouvernement alternatif avec l’aide de quelques félons de la coalition et de la liste arabe. Ayelet Shaked, actuelle ministre de l'intérieur, avait annoncé qu'elle acceptera de siéger dans un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahou même sans élection. Il n’était pas sûr qu’il aurait réussi mais il fallait étouffer dans l‘œuf toute démarche populiste.
Le quatuor Bennett, Lapid, Lieberman et Gantz a pris
la décision ensemble et ils n’ont pas démérité. Ils ont toujours fait preuve
d’intégrité et de camaraderie dans toutes les épreuves qui secouaient le
gouvernement. Ils ont estimé qu’ils ne pouvaient pas continuer et que l’appel
au peuple devenait indispensable. Les manœuvres des députés Itamar Ben Gvir et de Bezalel
Smotrich du Parti sioniste religieux ultranationaliste, commençaient à menacer
la démocratie. Lapid a pensé que la démocratie était en danger et que
l’arbitrage du peuple était indispensable. Il a fait appel à l’ancien chef d’État-Major,
Gadi Eizenkot, qui a décidé d’entrer en politique alors qu’il a longtemps
disposé d’une aura exceptionnelle dans le pays. En tant qu’originaire du Maroc, il
peut amener à lui les anciens de son pays, tous inféodés au Likoud.
Ben Gvir et Smotrich |
Lapid a fait preuve de vitesse vis-à-vis de Netanyahou
dont les sondages sont en berne puisqu’il ne réussit toujours pas à
drainer sur son nom une majorité à la Knesset. Alors Lapid a décidé de rebattre
les cartes et d’utiliser les aspects positifs d’une année de gouvernance. Le
Covid est enrayé, le budget est en équilibre depuis 2008 avec des dépenses
égales aux recettes, le chômage a disparu, le Hamas a choisi la coopération en
envoyant 20.000 ouvriers en Israël, Tsahal a gagné en crédibilité vis-à-vis de
l’Iran, les Palestiniens de Cisjordanie sont matés par la police et l’armée. A
présent les Israéliens choisiront en fonction de ces réalisations.
2 commentaires:
Israël n'a pas tout essayé, au rayon des Premiers Ministres.
Après Ben Gourion, toutes sortes de profils se sont présentés: d'anciens généraux, une grand-mère, un ancien chef des services secrets, le père de la défense nucléaire israélienne, un ashkénaze qu'adulèrent les séfarades, un idéaliste porté sur la bouteille, un escroc condamné pour corruption. Et puis Bibi. Les seuls que le virus du pouvoir n'a pas touché, ce sont les orthodoxes. C'est dommage : il faudrait peut-être les coacher. Pourquoi s'excluent-ils ainsi du jeu ?
Les religieux, ou plutot les ultra-orthodoxes ne veulent pas de responnsabilites, mais seulement des budgets consequents. Bibi leur a toujours accorde ce qu'ils voulaient d'ou leur fidelite a ce triste prsonnage. Mais ils viennent de le menacer en disant que si ul n'arriverait pas a former un nouveau gouvernement (avec ou sans elections), ils etaient prets a revoir leurs positions par rapport au centre et meme au "diable" Lapid.
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