ISRAËL S’APPUIE SUR LES KURDES IRAKIENS CONTRE L’IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Kurdes abandonnés par les américains |
Kamuran Alî Bedirxan |
Ben Gourion appliqua sa «doctrine
de la périphérie» axée sur le développement des relations stratégiques avec
les rares États non arabes au Moyen-Orient. En 1959, le leader kurde Mustafa
Barzani avait envoyé Kamuran Alî Bedirxan à Genève
pour rencontrer Golda Meir qui avait promis un soutien israélien inconditionnel
à un Kurdistan indépendant. Israël a commencé à aider les peshmergas kurdes
contre l'État irakien pendant la première guerre irako-kurde, qui a duré de
1961 à 1970 et a abouti à la signature de l'accord d'autonomie irako-kurde
Les relations entre Israël et les
Kurdes sont anciennes puisqu’elles datent de 1958. Dans le cadre d’une alliance
avec le Shah d’Iran, Israël avait armé et entraîné les Kurdes du nord de l’Irak
pour les aider à lutter contre le gouvernement de Bagdad. Au milieu des années
1960, Israël avait envoyé le colonel Tzuri Sagi pour aider à constituer et à
former l'armée kurde. Le soutien s’est transformé, en 1963, en une aide
matérielle massive acheminée par l’intermédiaire de l’Iran et en un soutien
humain avec l’envoi de conseillers techniques et de médecins. Les officiers
kurdes reçurent directement, dans les montagnes du Kurdistan, des cours de
formation dispensés par des officiers de Tsahal.
Le colonel Sagi avec Mustapha Barazani |
Les Kurdes n’avaient d’ailleurs
pas manqué de renvoyer l'ascenseur en 1967, durant la Guerre de Six-Jours.
Devant la mobilisation générale des armées arabes contre Israël, ils ont
fomenté des troubles dans leur région pour forcer les troupes irakiennes à se
détourner des frontières israéliennes. Cela justifie la faible participation
des Irakiens à la guerre de 1967. En remerciement, l’État juif avait fourni aux
Kurdes le matériel russe récupéré sur les armées égyptienne et syrienne en
déroute. Le leader kurde de l’époque, Massoud Barzani, avait confirmé avoir
aussi reçu plusieurs millions de dollars d'aide de la part d’Israël pour
financer sa révolte.
Aujourd’hui, cette relation
durable d'Israël avec les Kurdes d'Irak lui a donné un avantage stratégique
dans son conflit avec l'Iran. La révélation, non confirmée par Israël, que
Tsahal détient une base secrète à Erbil, capitale de la région kurde d’Irak, ne
peut donc pas étonner les observateurs. Cette information découle de la frappe
de missiles iraniens sur un bâtiment à Erbil, en Irak, censé abriter une base
israélienne. Cette attaque était une représailles à une frappe aérienne
israélienne secrète qui a détruit l’usine iranienne de drones le mois dernier.
Des missiles iraniens ont frappé ce bâtiment à Erbil |
Selon les services de
renseignements, six drones quadricoptères suicides avaient explosé dans
l'installation iranienne près de Kermânchâh, en Iran, le 12 février et dans une
usine de stockage de drones militaires détruisant plusieurs dizaines. Pour
Israël, l'attaque contre l'installation iranienne de drones fait partie d'une
nouvelle approche pour contrer le programme croissant de drones de l'Iran, une
reconnaissance tacite qu'il est plus facile de détruire préventivement un drone
que d'en intercepter un en cours de route. Des drones iraniens ont été déployés
dans de nombreuses attaques contre Israël, ainsi que l'Arabie saoudite, les
Émirats arabes unis et, en octobre dernier, une base américaine en Syrie.
Pour l'Iran, l'attaque de missile
à Erbil reflète à la fois une politique plus agressive de réponse aux attaques
israéliennes. L'utilisation par l'Iran de missiles balistiques au lieu de
roquettes ou de drones constitue une grave escalade. Pendant des années, Israël
et l'Iran se sont engagés dans une guerre largement secrète, gardant leurs actions
brèves, limitées et, sinon complètement secrètes, du moins niables, dans le but
d'empêcher une guerre directe à grande échelle qu'aucune des parties ne veut.
Mais comme le démontrent les récentes frappes, chaque partie est prête à tester
ces limites.
Drone militaire iranien |
Le programme de drones de l'Iran inquiète
les responsables israéliens et américains et leurs alliés du Golfe. En effet les
services israéliens de renseignement ont répertorié 15 attaques de drones
menées par l'Iran ou ses mandataires dans la région de février 2018 à septembre
2021. Des drones ont attaqué Israël à plusieurs reprises. D’ailleurs l’an
dernier un avion de chasse israélien F35 a intercepté deux drones qui avaient décollé
d'Iran, alors qu'ils se rendaient dans la bande de Gaza pour déposer une
réserve de pistolets pour le Hamas. En octobre dernier, cinq drones suicides chargés
de roulements à billes et d'éclats d'obus ont été lancés sur la base américaine
d'Al Tanf, en Syrie. Le véritable signal d'alarme sur la menace du programme iranien
de drones est venu en 2019, avec deux frappes sur deux installations
pétrolières saoudiennes menées par une combinaison de drones et de missiles de
croisière.
Aujourd’hui, les Kurdes
représentent une force capable de déstabiliser le régime iranien tandis que le
Mossad s’installe dans d’autres régions limitrophes de l’Iran, en particulier
en Azerbaïdjan, qui mettrait ses bases aériennes à la frontière nord à la
disposition des Israéliens pour y stocker des F35. Par ailleurs des unités de
commandos kurdes mènent des opérations secrètes à l’intérieur des zones kurdes
d’Iran et de Syrie et surtout des opérations de renseignements, certaines
menées depuis la base secrète d’Erbil. Certes la destruction de drones pose des
problèmes temporaires à l’Iran qui a la capacité de renouveler ses stocks dans
d’autres usines. Mais pour Israël, il s’agit d’un avertissement envoyé aux
Mollahs que la défense d’Israël veille.
2 commentaires:
Trés intéressant, merci de vos informations.
Il ne faudrait pas qu'en cas de guerre déclenchée par l'Iran contre les Kurdes, Israel abandonne ses alliés.
Il ne faut pas oublier que l'Iran a, en son sein, une forte minorite kurde.
Si les Kurdes (45 millions) n'ont toujours pas d'Etat, c'rest a cuse de leurs divisions internes compliquees par le fait qu'ils vivent dans des regions hautement petroliferes.
Les Kurdes turcs (environn 20 millions) sont en bisbille avec Israel apres la malheureuse de ision de livrer aux Turvs le chef du P KK kurde turc, Ocalan qui purge une peine de prison a vie dans un penitencier turc. les Kurdes syriens se mefient d'Israel apres l'abandon du soutien americain. Les Kurdes iraniens (plus de 10 millions) se sont vus octroyes par le regime des mollahs de tres large concessions, notamment des services d'information en langue kurde, une representation au Parlement iranien, une quasi-autonomie culturelle et naturellement regieuse (les Kurdes sont en tres grande majorite musulmans sunnites).
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