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lundi 28 mars 2022

Israël s'appuie sur les Kurdes irakiens contre l'Iran

 


ISRAËL S’APPUIE SUR LES KURDES IRAKIENS CONTRE L’IRAN

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

Kurdes abandonnés par les américains

        Les relations bilatérales d’Israël avec le Kurdistan irakien ont toujours existé bien qu’aucune mission diplomatique officielle n’ait été établie. Le gouvernement de la région du Kurdistan, une division administrative autonome à majorité kurde de l'Irak, a estimé que le conflit israélo-arabe ne pouvait générer aucune raison d'animosité avec Israël. Ajouté à cela qu’Israël avait exprimé son soutien à un État kurde indépendant en 2017 contre la volonté de la Ligue Arabe. La majorité de la population juive d'Irak avait fui vers Israël à partir de la fin des années 1940, via le Kurdistan et avec le soutien de l'Iran voisin.  Près de 300.000 Juifs kurdes résident aujourd’hui en Israël.



Kamuran Alî Bedirxan

Ben Gourion appliqua sa «doctrine de la périphérie» axée sur le développement des relations stratégiques avec les rares États non arabes au Moyen-Orient. En 1959, le leader kurde Mustafa Barzani avait envoyé Kamuran Alî Bedirxan à Genève pour rencontrer Golda Meir qui avait promis un soutien israélien inconditionnel à un Kurdistan indépendant. Israël a commencé à aider les peshmergas kurdes contre l'État irakien pendant la première guerre irako-kurde, qui a duré de 1961 à 1970 et a abouti à la signature de l'accord d'autonomie irako-kurde

Les relations entre Israël et les Kurdes sont anciennes puisqu’elles datent de 1958. Dans le cadre d’une alliance avec le Shah d’Iran, Israël avait armé et entraîné les Kurdes du nord de l’Irak pour les aider à lutter contre le gouvernement de Bagdad. Au milieu des années 1960, Israël avait envoyé le colonel Tzuri Sagi pour aider à constituer et à former l'armée kurde. Le soutien s’est transformé, en 1963, en une aide matérielle massive acheminée par l’intermédiaire de l’Iran et en un soutien humain avec l’envoi de conseillers techniques et de médecins. Les officiers kurdes reçurent directement, dans les montagnes du Kurdistan, des cours de formation dispensés par des officiers de Tsahal.

Le colonel Sagi avec Mustapha Barazani


Les Kurdes n’avaient d’ailleurs pas manqué de renvoyer l'ascenseur en 1967, durant la Guerre de Six-Jours. Devant la mobilisation générale des armées arabes contre Israël, ils ont fomenté des troubles dans leur région pour forcer les troupes irakiennes à se détourner des frontières israéliennes. Cela justifie la faible participation des Irakiens à la guerre de 1967. En remerciement, l’État juif avait fourni aux Kurdes le matériel russe récupéré sur les armées égyptienne et syrienne en déroute. Le leader kurde de l’époque, Massoud Barzani, avait confirmé avoir aussi reçu plusieurs millions de dollars d'aide de la part d’Israël pour financer sa révolte.

Aujourd’hui, cette relation durable d'Israël avec les Kurdes d'Irak lui a donné un avantage stratégique dans son conflit avec l'Iran. La révélation, non confirmée par Israël, que Tsahal détient une base secrète à Erbil, capitale de la région kurde d’Irak, ne peut donc pas étonner les observateurs. Cette information découle de la frappe de missiles iraniens sur un bâtiment à Erbil, en Irak, censé abriter une base israélienne. Cette attaque était une représailles à une frappe aérienne israélienne secrète qui a détruit l’usine iranienne de drones le mois dernier.

Des missiles iraniens ont frappé ce bâtiment à Erbil


Selon les services de renseignements, six drones quadricoptères suicides avaient explosé dans l'installation iranienne près de Kermânchâh, en Iran, le 12 février et dans une usine de stockage de drones militaires détruisant plusieurs dizaines. Pour Israël, l'attaque contre l'installation iranienne de drones fait partie d'une nouvelle approche pour contrer le programme croissant de drones de l'Iran, une reconnaissance tacite qu'il est plus facile de détruire préventivement un drone que d'en intercepter un en cours de route. Des drones iraniens ont été déployés dans de nombreuses attaques contre Israël, ainsi que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et, en octobre dernier, une base américaine en Syrie.

Pour l'Iran, l'attaque de missile à Erbil reflète à la fois une politique plus agressive de réponse aux attaques israéliennes. L'utilisation par l'Iran de missiles balistiques au lieu de roquettes ou de drones constitue une grave escalade. Pendant des années, Israël et l'Iran se sont engagés dans une guerre largement secrète, gardant leurs actions brèves, limitées et, sinon complètement secrètes, du moins niables, dans le but d'empêcher une guerre directe à grande échelle qu'aucune des parties ne veut. Mais comme le démontrent les récentes frappes, chaque partie est prête à tester ces limites.

Drone militaire iranien


Le programme de drones de l'Iran inquiète les responsables israéliens et américains et leurs alliés du Golfe. En effet les services israéliens de renseignement ont répertorié 15 attaques de drones menées par l'Iran ou ses mandataires dans la région de février 2018 à septembre 2021. Des drones ont attaqué Israël à plusieurs reprises. D’ailleurs l’an dernier un avion de chasse israélien F35 a intercepté deux drones qui avaient décollé d'Iran, alors qu'ils se rendaient dans la bande de Gaza pour déposer une réserve de pistolets pour le Hamas. En octobre dernier, cinq drones suicides chargés de roulements à billes et d'éclats d'obus ont été lancés sur la base américaine d'Al Tanf, en Syrie. Le véritable signal d'alarme sur la menace du programme iranien de drones est venu en 2019, avec deux frappes sur deux installations pétrolières saoudiennes menées par une combinaison de drones et de missiles de croisière.



Aujourd’hui, les Kurdes représentent une force capable de déstabiliser le régime iranien tandis que le Mossad s’installe dans d’autres régions limitrophes de l’Iran, en particulier en Azerbaïdjan, qui mettrait ses bases aériennes à la frontière nord à la disposition des Israéliens pour y stocker des F35. Par ailleurs des unités de commandos kurdes mènent des opérations secrètes à l’intérieur des zones kurdes d’Iran et de Syrie et surtout des opérations de renseignements, certaines menées depuis la base secrète d’Erbil. Certes la destruction de drones pose des problèmes temporaires à l’Iran qui a la capacité de renouveler ses stocks dans d’autres usines. Mais pour Israël, il s’agit d’un avertissement envoyé aux Mollahs que la défense d’Israël veille.

2 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Trés intéressant, merci de vos informations.
Il ne faudrait pas qu'en cas de guerre déclenchée par l'Iran contre les Kurdes, Israel abandonne ses alliés.

Georges Kabi a dit…

Il ne faut pas oublier que l'Iran a, en son sein, une forte minorite kurde.
Si les Kurdes (45 millions) n'ont toujours pas d'Etat, c'rest a cuse de leurs divisions internes compliquees par le fait qu'ils vivent dans des regions hautement petroliferes.
Les Kurdes turcs (environn 20 millions) sont en bisbille avec Israel apres la malheureuse de ision de livrer aux Turvs le chef du P KK kurde turc, Ocalan qui purge une peine de prison a vie dans un penitencier turc. les Kurdes syriens se mefient d'Israel apres l'abandon du soutien americain. Les Kurdes iraniens (plus de 10 millions) se sont vus octroyes par le regime des mollahs de tres large concessions, notamment des services d'information en langue kurde, une representation au Parlement iranien, une quasi-autonomie culturelle et naturellement regieuse (les Kurdes sont en tres grande majorite musulmans sunnites).