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mardi 5 octobre 2021

Israël connection, la mafia juive

 

ISRAËL CONNECTION, LA MAFIA JUIVE


Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps




        Chaque semaine, on annonçait des règlements de compte entre petites mains et seconds couteaux, et parfois, des tentatives d’élimination de certains caïds. Israël était devenu un pays comme les autres, avec ses bandits, ses voleurs et ses génies du high-tech. Le pays était sous la coupe des gangs mafieux qui n’hésitaient pas à assassiner en pleine rue de Tel Aviv, comme ce 10 janvier 2013, quand un inconnu à moto avait lancé un explosif contre Nissim Alperon, chef de l’une des familles du crime organisé israélien, qui avait réussi à s’extraire à temps du véhicule et à disparaître avant l’arrivée de la police. Avant lui, son frère Yaacov avait eu moins de chance puisqu’il avait été tué le 17 novembre 2008 dans l'explosion d'une bombe dans sa voiture, en plein centre de Tel-Aviv.





Ces deux épisodes sont des symboles de la guerre des gangs qui faisait rage entre les groupes mafieux israéliens qui exploitaient des casinos clandestins en Israël et légaux à l’étranger. Ils géraient la prostitution, le blanchiment d'argent, le racket et les extorsions de fonds, le prêt usuraire, la drogue et le trafic d'armes, le recel de biens volés, la contrebande des diamants... L’arrivée massive des Juifs d’ex-URSS à partir de 1989 avait drainé de nombreux mafieux russes dans le pays, qui ont vu Israël comme un endroit idéal pour blanchir de l'argent grâce à la libre circulation des capitaux et à un système bancaire favorable aux nouveaux immigrants juifs exemptés de taxes.

Le crime organisé russe s’était donc cherché une place dans un environnement déjà encombré par les Israéliens «de souche» et les Juifs d’Afrique du nord arrivés après l’indépendance d’Israël dans les années 1955-62 de Tunisie et du Maroc en particulier. Il a été l’occasion d’une guerre de gangs qui a éliminé beaucoup de mafieux délogés par les nouveaux venus.

James_B_Cunningham


Ses développements en multinationales axées surtout vers les Etats-Unis et l’Europe avaient poussé l’ambassadeur américain à Tel-Aviv, James Cunningham, à informer le FBI et le département d’État que de nombreux agents des familles étaient détenteurs de passeports étrangers, non israéliens, leur permettant de se déplacer librement, sans visa, vers les Etats-Unis. Il avait constaté que les tentatives de l’ambassade pour empêcher ces suspects, délégués par les chefs mafieux pour agir en leur nom à l’étranger, n’ont pas été couronnées de succès. Il avait expliqué que «le crime organisé avait des racines de longue date en Israël, mais que ces dernières années il y a eu une forte augmentation de la portée et l'impact des réseaux de ce crime».

James Cunningham avait mis en garde contre l’audace des assassins qui avaient agi à quelques centaines de mètres de son ambassade et qui n’hésitaient pas à faire des victimes collatérales innocentes, comme cette femme de 31 ans tuée par une balle perdue à la plage de Bat-Yam. On croyait revivre l’épopée des gangsters de Chicago qui ne reculaient devant rien parce que, selon James Cunningham, les tribunaux «semblent incapables de faire face à l’ampleur du problème».

Rosenstein


En Israël, six familles régnaient sur les syndicats du crime. Les plus connues ont fait les manchettes des grands journaux : Abergel, Abitbol, Alperon et Rosenstein. La famille Abitbol, plus connue sous le surnom du grand-père Baïza, est francophone et disposait de nombreuses boucheries casher de gros et de détail à Paris, avant de s’installer définitivement à Netanya et à Montréal. Elle a été pratiquement décimée par les assassinats et neutralisée par les emprisonnements de longue durée. Mais les éliminations ont créé un vide, vite comblé par des nouveaux venus qui ont cherché, souvent par la violence et le meurtre, à s’imposer en successeurs.

Les clans Mulner, Shirazi, Cohen, Harari, Ohana, Kdoshim et Domrani sont donc entrés dans le monde du crime à l’occasion de règlements de compte sanglants. Ainsi François Abitbol, 45 ans, réputé pour être l’un des patrons de la mafia en Israël, avait été abattu en juillet 2011 dans sa voiture, au moment où il faisait le plein à une station-service, près de la ville de Netanya où il résidait. Son père, Félix, avait été assassiné en 2002 par un rival à l’intérieur du casino de Prague que sa famille contrôlait. Son frère, Assi, est en sécurité en prison où il purge une longue peine pour blanchiment d’argent et pour appartenance à une organisation criminelle.

Abitbol parrain de la mafia


Les Arabes ont commencé à s’imposer aussi dans leurs quartiers, Adjami à Jaffa par exemple qui a d’ailleurs fait l’objet d’un film éponyme réaliste et violent. Ils étaient aussi les grands pourvoyeurs de prostituées en provenance de l’Est qui étaient acheminées, avec la complicité des bédouins du Sinaï, à travers la frontière égyptienne dans des conditions d’inhumanité dramatiques. La barrière de sécurité érigée contre les terroristes islamistes et les clandestins africains a tari la source de l’Est.

Les Américains ont suivi de près les activités aux États-Unis des membres liés au grand banditisme tandis qu’Israël n’hésite plus à extrader ses ressortissants membres du syndicat du crime. Zeev Rosenstein avait été extradé aux États-Unis en 2006 pour y être condamné à douze ans de prison. Itzik et Meir Abergel ont été extradés en janvier 2011 avec trois autres suspects accusés d’assassinat, de détournement de fonds et de racket à Los Angeles.

arrestation de chefs mafieux


Les sommes générées par le crime en Israël, avec ses ramifications à l’étranger, étaient tellement importantes que les convoitises se faisaient de plus en plus visibles. Les méthodes expéditives devenaient courantes pour éliminer les concurrents, avec tous les risques pour la population des villes. Mais, autant la police était efficace dans le combat contre le terrorisme palestinien, autant elle semblait désarmée face à un crime structuré militairement, peut-être trop enraciné dans la population juive.

Mais la police avait décidé de mettre en place de gros moyens inspirés de l'armée avec du matériel lourd, des policiers formés par les commandos militaires et des centres d'écoutes et de renseignements. L'efficacité avait payé puisqu’au cours de la dernière décennie, elle a neutralisé les grands truands juifs israéliens, laissant quelques jeunes prendre leur place. La mafia juive réduite au minimum avait subi de gros dégâts mais quelques rescapés, organisés et lourdement armés, se sont déplacés dans les zones arabes de non-droit pour multiplier les rackets et faire chanter les gens. Une collaboration s’est installée entre la mafia arabe et la mafia juive ce qui explique en grande partie les violences actuelles et les guerres de gangs dans les villages arabes. 



Cet article est une introduction à notre prochain sujet sur la violence dans les villages arabes qui fera l'objet d'une intervention à RadioJ du 4 octobre 2021 et d'un nouvel article.

Lire l'excellent ouvrage de Serge Dumont : l’histoire vraie de la mafia israélienne.


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