ISRAËL CONNECTION, LA MAFIA JUIVE
Par Jacques BENILLOUCHE
Ces deux épisodes sont des symboles de la guerre des
gangs qui faisait rage entre les groupes mafieux israéliens qui exploitaient des casinos clandestins en Israël et légaux à l’étranger. Ils géraient
la prostitution, le blanchiment d'argent, le racket et les extorsions de fonds,
le prêt usuraire, la drogue et le trafic d'armes, le recel de biens volés, la
contrebande des diamants... L’arrivée massive des Juifs d’ex-URSS à partir de
1989 avait drainé de nombreux mafieux russes dans le pays, qui ont vu Israël
comme un endroit idéal pour blanchir de l'argent grâce à la libre circulation
des capitaux et à un système bancaire favorable aux nouveaux immigrants juifs
exemptés de taxes.
Le crime organisé russe s’était donc cherché une
place dans un environnement déjà encombré par les Israéliens «de souche»
et les Juifs d’Afrique du nord arrivés après l’indépendance d’Israël dans les
années 1955-62 de Tunisie et du Maroc en particulier. Il a été l’occasion d’une
guerre de gangs qui a éliminé beaucoup de mafieux délogés par les nouveaux
venus.
James_B_Cunningham |
Ses développements en multinationales axées surtout
vers les Etats-Unis et l’Europe avaient poussé l’ambassadeur américain à
Tel-Aviv, James Cunningham, à informer le FBI et le département d’État que de
nombreux agents des familles étaient détenteurs de passeports étrangers, non
israéliens, leur permettant de se déplacer librement, sans visa, vers les
Etats-Unis. Il avait constaté que les tentatives de l’ambassade pour empêcher
ces suspects, délégués par les chefs mafieux pour agir en leur nom à
l’étranger, n’ont pas été couronnées de succès. Il avait expliqué que «le
crime organisé avait des racines de longue date en Israël, mais que ces
dernières années il y a eu une forte augmentation de la portée et l'impact des
réseaux de ce crime».
James Cunningham avait mis en garde contre l’audace
des assassins qui avaient agi à quelques centaines de mètres de son ambassade
et qui n’hésitaient pas à faire des victimes collatérales innocentes, comme
cette femme de 31 ans tuée par une balle perdue à la plage de Bat-Yam. On croyait
revivre l’épopée des gangsters de Chicago qui ne reculaient devant rien parce
que, selon James Cunningham, les tribunaux «semblent incapables de faire
face à l’ampleur du problème».
Rosenstein |
En Israël, six familles régnaient sur les syndicats
du crime. Les plus connues ont fait les manchettes des grands journaux :
Abergel, Abitbol, Alperon et Rosenstein. La famille Abitbol, plus connue sous
le surnom du grand-père Baïza, est francophone et disposait de nombreuses
boucheries casher de gros et de détail à Paris, avant de s’installer
définitivement à Netanya et à Montréal. Elle a été pratiquement décimée par les
assassinats et neutralisée par les emprisonnements de longue durée. Mais les
éliminations ont créé un vide, vite comblé par des nouveaux venus qui ont
cherché, souvent par la violence et le meurtre, à s’imposer en successeurs.
Les clans Mulner, Shirazi, Cohen, Harari, Ohana,
Kdoshim et Domrani sont donc entrés dans le monde du crime à l’occasion de
règlements de compte sanglants. Ainsi François Abitbol, 45 ans, réputé pour
être l’un des patrons de la mafia en Israël, avait été abattu en juillet 2011
dans sa voiture, au moment où il faisait le plein à une station-service, près
de la ville de Netanya où il résidait. Son père, Félix, avait été assassiné en
2002 par un rival à l’intérieur du casino de Prague que sa famille contrôlait.
Son frère, Assi, est en sécurité en prison où il purge une longue peine pour
blanchiment d’argent et pour appartenance à une organisation criminelle.
Abitbol parrain de la mafia |
Les Arabes ont commencé à s’imposer aussi dans leurs
quartiers, Adjami à Jaffa par exemple qui a d’ailleurs fait l’objet d’un film
éponyme réaliste et violent. Ils étaient aussi les grands pourvoyeurs de
prostituées en provenance de l’Est qui étaient acheminées, avec la complicité
des bédouins du Sinaï, à travers la frontière égyptienne dans des conditions
d’inhumanité dramatiques. La barrière de sécurité érigée contre les terroristes
islamistes et les clandestins africains a tari la source de l’Est.
Les Américains ont suivi de près les activités aux États-Unis
des membres liés au grand banditisme tandis qu’Israël n’hésite plus à extrader
ses ressortissants membres du syndicat du crime. Zeev Rosenstein avait été
extradé aux États-Unis en 2006 pour y être condamné à douze ans de prison. Itzik
et Meir Abergel ont été extradés en janvier 2011 avec trois autres suspects
accusés d’assassinat, de détournement de fonds et de racket à Los Angeles.
arrestation de chefs mafieux |
Les sommes générées par le crime en Israël, avec ses
ramifications à l’étranger, étaient tellement importantes que les convoitises
se faisaient de plus en plus visibles. Les méthodes expéditives devenaient
courantes pour éliminer les concurrents, avec tous les risques pour la
population des villes. Mais, autant la police était efficace dans le combat
contre le terrorisme palestinien, autant elle semblait désarmée face à un crime
structuré militairement, peut-être trop enraciné dans la population juive.
Mais la police avait décidé de mettre en place de gros moyens inspirés de l'armée avec du matériel lourd, des policiers formés par les commandos militaires et des centres d'écoutes et de renseignements. L'efficacité avait payé puisqu’au cours de la dernière décennie, elle a neutralisé les grands truands juifs israéliens, laissant quelques jeunes prendre leur place. La mafia juive réduite au minimum avait subi de gros dégâts mais quelques rescapés, organisés et lourdement armés, se sont déplacés dans les zones arabes de non-droit pour multiplier les rackets et faire chanter les gens. Une collaboration s’est installée entre la mafia arabe et la mafia juive ce qui explique en grande partie les violences actuelles et les guerres de gangs dans les villages arabes.
Cet article est une introduction à notre prochain sujet sur la violence dans les villages arabes qui fera l'objet d'une intervention à RadioJ du
4 octobre 2021 et d'un nouvel article.
Lire l'excellent ouvrage de Serge Dumont : l’histoire vraie de la mafia israélienne.
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