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mardi 26 mai 2020

RT-France Journal : le procès de Netanyahou


RT-France : Journal du 24 mai 2020

LE PROCÈS NETANYAHOU

 Jacques BENILLOUCHE au micro de Grégory PETITJEAN

           
    
          Netanyahou a toujours fait dans la dramaturgie quand ce n’est pas dans le spectacle. C’est une bête politique mais surtout un grand acteur qui sait utiliser les médias. Il ne faut pas oublier qu’il a passé sa jeunesse aux États-Unis et c’est là qu’il a appris son métier.  D’ailleurs il s’est présenté au tribunal dans une mise en scène de parrain entouré de ses principaux ministres du Likoud, tous masqués contre le coronavirus. Il a refusé de s’asseoir dans le banc d’infamie des accusés jusqu’à ce que les caméras quittent la salle d’audience. Les historiens se pencheront sur ces incroyables affaires qui ont ruiné sa carrière politique.
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            Alors que tous les ministres ont été requis pour accompagner Netanyahou au tribunal, certains se sont distingués par leur absence volontaire : le ministre de la Santé Yuli Edelstein, le ministre de l’Énergie Yuval Steinitz, le ministre de l’Enseignement supérieur et des Ressources en eau Zeev Elkin, la ministre de la Protection de l’environnement Gila Gamliel et Gilad Erdan, ministre de la Coopération régionale, qui a été nommé ambassadeur d’Israël à l’ONU. L'absence de Benny Gantz a bien sûr été remarquée.
          Netanyahou est effectivement présumé innocent mais on lui reproche d’avoir tout fait pour délégitimer la justice en la faisant attaquer par ses amis. Pourtant elle est servie par des proches qu’il a nommés lui-même dans l’espoir qu’ils lui seraient redevables. Ces personnalités ont montré qu’elles étaient dignes de leur poste. C’est d’abord Avihai Mandelblit, le procureur de l’État, qui dirige le service juridique du gouvernement et qui a autorité exclusive pour représenter l'État en matière pénale et administrative. Le gouvernement ne peut entreprendre aucune action jugée illégale par le procureur général tant que les tribunaux n'en ont pas décidé autrement. Bien que désigné par le gouvernement, le procureur général agit en toute indépendance du système politique.

                    
                     Netanyahou avait sorti de l'ombre un obscur juriste militaire inconnu de la classe politique pour le placer d'abord comme secrétaire du gouvernement et puis ensuite pour le nommer procureur de l'Etat dans l'espoir qu'il pourrait l'aider dans ses affaires judiciaires. Il avait aussi nommé le ministre de la police chargé des enquêtes nationales. Une certitude, la police et la justice n'ont fait preuve d'aucune partialité alors que Netanyahou attendait un renvoi d'ascenseur. Le procureur a eu conscience de la responsabilité qui lui incombait et a refusé tout passe-droit.



            Netanyahou a tout fait pour décaler de semaine en semaine les élections pour tenter d’avoir une majorité qui lui donnerait l’immunité juridique. Il est impossible de croire que la police et le Procureur, ses anciens amis, ne disposent pas d’éléments d’accusation probants pour se lancer dans une aventure judiciaire sans lendemain. Il est impossible de croire que des dizaines de fonctionnaires se concertent pour l’abattre judiciairement en toute impunité. Il est impossible de croire à un complot général de la police et de la justice, voire à un complot politique ; ce serait désespérer de la nature démocratique de l’État d’Israël. La thèse du "tous pourris" tient la route quand on veut trouver des circonstances atténuantes au premier ministre. Les avocats vont mener la danse à coup de milliers de dollars d’honoraires.

            Le plus gênant sont les manifestations organisées par le Likoud devant le tribunal avec l’assentiment du premier ministre, et même du président de la Knesset, pour faire pression sur les juges. Israël est un pays démocratique ; la justice et les juges sont indépendants mais le premier ministre agit comme s’il se croyait dans une république bananière. C’est ce qui est triste car la justice n’est pas rendue sereinement.  On montre du doigt la police, on montre du doigt les juges, on fustige la Cour suprême dans le seul but de mettre un dirigeant à l’abri de la justice. Il est indécent pour un premier ministre, chargé du respect des institutions, de critiquer sa justice et de mettre en doute l’impartialité des juges.
               Les avocats vont à présent prendre le relais pour plusieurs mois de procédures.

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