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mercredi 4 mars 2020

Victoire de Netanyahou et effondrement de la gauche


VICTOIRE DE NETANYAHOU ET EFFONDREMENT DE LA GAUCHE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

          Si l'on croit les sondages, les électeurs israéliens ont tranché, ils ont placé le Likoud en tête des partis avec 36/37 sièges contre 32/34 pour Bleu-Blanc qui l’avait coiffé au poteau le 17 septembre 2019. La victoire de Netanyahou est nette, sans conteste.  Les résultats finaux ne seront connus que jeudi après dépouillement des votes de l’armée et des diplomates, soit 340.00 voix sur plus de 4.580.000 votants et après répartition des reliquats de chaque parti ce qui peut représenter un ou deux sièges à réattribuer. 




          Dans l’état actuel des sondages sortis des urnes, la droite constituée du Likoud, des partis orthodoxes et de l’extrême-droite atteint 59 sièges pour une majorité de 61 députés. Si la victoire de Netanyahou n’est pas discutable, nous sommes cependant revenus à la situation qui prévalait après le scrutin du 9 avril 2019, une situation qui mène au blocage.  
            La défaite de Benny Gantz est actée car s’il maintient son résultat en nombre de sièges, il n’a pas réussi à attirer à lui des voix de droite, ou même arabes, pour se hisser à la première place. Les résultats montrent qu’à un ou deux députés près, tous les partis se maintiennent à leur niveau précédent à une exception près, la gauche s’est effondrée, passant de 11 à 7 députés au profit du Likoud. La gauche historique, qui a créé le pays, a quitté la scène politique et n’a pas pu gagner suffisamment de voix pour permettre l’alternance. Le parti travailliste paie aussi l’erreur d’avoir laissé partir Stav Shaffir qui symbolisait la révolution des tentes et qui est la passionaria des jeunes et surtout une très grande oratrice par ailleurs très présente dans les réseaux sociaux.
            Ces résultats sont la conséquence d’une campagne ratée de Bleu-Blanc. Benny Gantz n’était pas très connu sur le plan politique et souffrait d’un déficit de réputation de la part du public israélien. Il n’est pas allé au-devant de ses électeurs pour marteler et expliquer son programme. Il s’est enfermé avec son État-major à Ramat-Hakhayal, banlieue nord de Tel-Aviv, pour n’y sortir que rarement. Il n’a pas occupé les plateaux de télévision. Il n’a pas innové dans ses propositions se bornant à faire du suivisme en répondant à sa façon à chaque initiative de Netanyahou sans se montrer novateur. 
          Il a donc pris de la hauteur sans s’intéresser vraiment aux défavorisés et aux Orientaux qui ne rêvent que du Likoud depuis l’année 1977 où Menahem Begin les a intégrés à la gouvernance du pays. Il a boudé les électeurs arabes alors que les statistiques prouvent que dans les villages arabes, les habitants votent à 35% pour le Likoud. Il y avait là un potentiel qu’il n’a pas exploité.



            De son côté, Netanyahou a tiré les leçons des deux dernières élections en adoptant une approche différente. Il n’a pas cherché à alarmer ses électeurs sur une éventuelle défaite mais au contraire il les a rassurés que la victoire était à portée de main et qu’il fallait surtout la confirmer : «Nous ne sommes qu'à deux sièges de la victoire. J'ai besoin de vous. Nous ne pouvons gagner que si nous le faisons ensemble». Il espérait cependant disposer de 61 sièges sans Avigdor Lieberman car il était persuadé que c’est le moteur et la force qui le font avancer. Ainsi, il s’est abstenu de diffuser des messages négatifs en affirmant que «le gouvernement de droite est en danger» et que les Arabes allaient voter en masse.  
            Au début de sa campagne et à la suite de son acte d’accusation, tous les dirigeants politiques étaient persuadés que la carrière de Netanyahou était terminée, donnant le sentiment à Benny Gantz qu’il suffisait d’attendre pour cueillir les fruits de la victoire écrite dans les tablettes. Mais c’était sans compter sur un premier ministre qui s’est battu en réunissant à son domicile, au siège du Likoud et dans son ministère des petits groupes de militants pour leur demander de maintenir leur enthousiasme et de le diffuser aux autres. Il a été suivi. Il a fait de nombreux meetings, même dans les villes qui lui étaient acquises car c’est un homme de terrain alors que Gantz trônait dans son bureau. Les salles bondées de militants du Likoud avaient pour but de contaminer de leurs convictions les hésitants pour les obliger à aller voter.

            Netanyahou ne s’arrêtait jamais même s’il savait qu’il était attendu au tribunal. Son avance dans les sondages a été confirmée, voire amplifiée. Sa campagne est devenue agressive vis-à-vis de Gantz pour prouver que l’ancien chef d’État-major n’était pas apte à lui prendre son poste et pire, qu’il envisageait une alliance avec les partis arabes. Une bonne méthode pour effrayer les électeurs de Benny Gantz qui, assis sur ses certitudes, a cassé l’élan de sa campagne. Il était mal entouré et manquait de «tueurs politiques» car une campagne électorale est un combat de tous les instants. Le coup dur est tombé le 27 février lorsque son conseiller stratégique, Israël Bachar, a affirmé en privé que Gantz était un danger pour l'État d'Israël parce qu’il n’aura pas le courage d’attaquer l'Iran.
Israël Bachar

            Gantz s’est borné à prendre systématiquement le train en marche. A la suite de Netanyahou, il a appelé à l'annexion de la vallée du Jourdain poussant Netanyahou à le mettre au défi de mettre en place cette proposition controversée. Gantz s’est empressé de décrire la vallée du Jourdain en «bordure orientale de la Cisjordanie, comme le mur défensif oriental de l'État d'Israël dans tout scénario futur» et de déclarer qu'il s'agissait «d'un partie indissociable de l'État d'Israël».
            Il n’a pas pris l’initiative de rencontrer Donald Trump pour avoir son imprimatur. Il n’a fait que suivre à Washington Netanyahou qui avait pris la décision avant lui. Le leader bleu-blanc a également semblé faire volte-face sur son opposition à la publication du plan de paix Trump : «J'espère que le président américain Trump présentera et publiera le plan. Plusieurs semaines se sont écoulées. Au Moyen-Orient, beaucoup de choses dramatiques se produisent, je pense que le plan sera publié» alors que Gantz avait déclaré quelques jours auparavant que la publication du plan serait «une intervention grossière dans le processus électoral de l'État d'Israël».
            Pour l’instant, en attendant les résultats officiels, la droite n’atteint pas la majorité de 61 sièges. Si elle ne trouve pas les deux voix manquantes, la situation sera à nouveau bloquée. Mais Bleu-Blanc n’est pas à l’abri d’une trahison dans ses rangs et dans ceux du groupe de gauche. Netanyahou saura trouver les moyens d’attirer à lui quelques députés intéressés par un portefeuille ministériel et inquiets de devoir traîner encore quelques années dans les bancs de l’opposition. La nature humaine n’aime pas le vide et aime les honneurs. Une certitude, il n'y aura pas de quatrième tour d'élections. 
        La distribution des portefeuilles ministériels fera l’objet de tensions au sein du clan de la droite car les appétits sont grands. L’attribution du ministère de la défense sera un test du poids de Netanyahou à imposer ses décisions. Par ailleurs les gains historiques de la liste arabe imposeront de poser le problème de l'intégration ou non de la minorité dans la gouvernance du pays. L'échec d'Avigdor Lieberman pourrait le contraindre soit à quitter la tête de son parti, soit à entrer dans la coalition en renonçant à ses exigences.

1 commentaire:

Gilbert BRAMI a dit…

TRISTE JOURNÉE et élection de tous les dangers.Seule une alliance pourrait être salutaire ! Mais, les ambitions des uns et des autres et l'énorme casserole attachée aux basques de Bibi devrait le conduite à affronter la Justice pour enfin permettre l’émergence d'un gouvernement d'union nationale ! LE PAYS Où COULENT LE LAIT ET LE MIEL EST EN DANGER !