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samedi 14 mars 2020

Le gouvernement israélien ignore les priorités



LE GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN IGNORE LES PRIORITÉS

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

          Qualita a organisé une journée pour la Tsédaka en Israël au profit de plus de 1.000 familles d’immigrants francophones vivant sous le seuil de pauvreté à savoir des centaines d’enfants et des personnes âgées démunies et isolées. L’association e dit et il n’y a aucune raison de mettre en doute ses affirmations. Normalement cette responsabilité incombe au gouvernement national qui, depuis plusieurs années, a décidé de laisser sur le bord de la route près de deux millions d’Israéliens vivant au-dessous de seuil de pauvreté.



Nouvelle route en Cisjordanie

            C’est ce même jour que le ministre de la défense Naftali Bennett a fait part de sa décision de construire en Cisjordanie une route reliant les villages palestiniens au nord de Maale Adoumim pour permettre aux automobiles juifs de rejoindre leur implantation sans contact avec les Arabes.  Il s’agit en fait d’une construction pour préparer l’annexion. Cette route reliera entre eux les villages Azaim, Anata, Hizme et a-Ram. Il s’agit surtout pour les Palestiniens de ne plus traverser l’implantation de Maale Adoumim.
            Pour les Israéliens cette route a pour but réel de couper la Cisjordanie en deux afin d’exclure toute création d’un État palestinien viable. Mais la question n’est pas là. Ces sommes engagées en Cisjordanie trouveraient une meilleure utilisation en Israël pour aider les défavorisés dont le nombre augmente tous les ans. Il ne s’agit nullement de politique politicienne mais d’une question sociale grave et de choix d’un gouvernement qui oublie une partie de ses administrés. Netanyahou multiplie les annonces de constructions de logements en Cisjordanie, 3.500 dans la zone E1, 3.000 à Givat Hamatos et 2.200 à Har Homa, près de Jérusalem, alors qu'en Israël les jeunes ne peuvent plus se loger.
Maale Adoumim

         Mais il est normal de s'inquiéter de la réaction européenne et américaine. Israël ne peut pas ignorer les menaces occidentales, croyant être à l’abri de toute représailles. Il suffit de voir que lorsque l’Europe s’enrhume, comme c’est le cas avec le coronavirus, Israël tousse et voit son économie touchée et pour preuve la baisse brutale des bourses et du shekel vis-à-vis des autres monnaies. Israël est trop dépendant de l’étranger pour se permettre des caprices politiques.
            Ces dépenses en Cisjordanie non indispensables, couplées avec les 12 milliards de shekels gaspillés dans trois élections législatives stériles, démontrent que l’intérêt des Israéliens est bradé au profit d’une politique d’expansion démesurée. Il faut investir en Israël même pour combattre la misère cachée de notre pays. Ce n’est pas aux associations de bienfaisance de régler le problème de la pauvreté et de se substituer aux institutions gouvernementales. Les années passent et les riches deviennent plus riches tandis que les pauvres souffrent plus.
            L’illusion de l’opulence économique est un leurre parce que depuis plusieurs années, celles de l’ultra libéralisme à outrance, Israël a mal relevé les énormes défis dans les domaines de la santé, de l'éducation et des transports. Les routes en Cisjordanie aggraveront cette situation. Les hôpitaux israéliens sont surpeuplés et manquent de personnel tandis que la crise du coronavirus risque d’accentuer encore plus cette lacune. 
       Ce n’est pas au nombre de véhicules 4x4 que l’on mesure la réussite du pays. Israël de l’époque pionnière a réussi sa création, voire sa survie, en passant d’un pays désertique à une startup nation dotée de haute technologie la mettant parmi les nations les plus réussies économiquement dépassant en particulier la Suède. Mais la nouvelle gouvernance n'a pas suivi, au détriment du développement du transport avec le manque de trains, de l’éducation avec les baisses de niveau des élèves, et des soins de santé. Si rien n’est fait, des milliers de patients risquent de mourir chaque année dans les hôpitaux surpeuplés à la suite d’infections. Il faut attendre des mois pour une IRM urgente. Le taux d'occupation moyen de 94% dans les hôpitaux israéliens est de loin le plus élevé du monde développé. La surpopulation fait monter en flèche le taux d'infections et donc le taux de mortalité par infection.  Ce n’est pas le système politique actuel fracturé qui va arranger les choses. Il est vrai que les ministres actuels ne voient pas l’intérêt de se lancer dans de grands projets dont les résultats profiteront à leurs successeurs.

            L’école devient l’exemple de discrimination entre les riches et les pauvres car les enfants de riches réussissent mieux. Les scores du dernier test d'évaluation international, qui mesure la lecture, les mathématiques et les sciences, étaient parmi les pires du monde avancé, et fort heureusement n’incluaient les ultra-orthodoxes qui n’étudient pas ces matières. Et ceux qui réussissent, les scientifiques, les médecins et les ingénieurs, préfèrent de plus en plus fuir le pays pour des cieux plus reconnaissants de leur talent. On ne se rend pas compte que la démographie qui connait une croissance de plus de 200.000 naissances par an, risque d’être à terme un problème si les mesures d’accueil ne sont pas prises dès la naissance. 
Modiin

          Depuis l’arrivée du Likoud au pouvoir, selon l’analyse du directeur de la Banque d’Israël, Israël a axé son économie sur les réductions d’impôts, sur les subventions aux communautés ultra-orthodoxes non productives des institutions religieuses et sur l’expansion des implantations. Israël a besoin de dépenser des milliards pour rattraper les autres pays avancés mais certainement pas en investissant en Cisjordanie. On construit de nouvelles villes, comme Modiin, mais la route d’accès reste à une voie totalement encombrée qui fait pitié par rapport aux nouvelles routes de Cisjordanie construite pour des raisons purement politique.
            Les économistes avertissent qu'Israël se divise en deux économies, le secteur de la haute technologie en plein essor, qui représente environ 9% des emplois, et tout le reste, ce qui fait baisser les taux de productivité. Mais il y a un risque que les futurs génies d'Israël quittent le pays, là où ils peuvent obtenir facilement un logement à bas prix, un salaire motivant et une vie attractive.
            Alors, il faudrait que les nouveaux élus à la Knesset songent à dire au ministre de la défense que les budgets dont il dispose doivent être utilisés en priorité dans l’État d’Israël pour le bien des Israéliens.

2 commentaires:

David a dit…

Situation très inquiétante qui n'encourage pas l'Alyah.

Unknown a dit…

Difficile de donner un avis. Il n'y a pas assez longtemps que je vis en Israël
Ce que je peux dire c'est que BB doit diriger son regard vers les + démunis , mais qu'il semble le seul capable de répondre aux ennemis du pays.