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dimanche 8 mars 2020

Une victoire de la Droite en Israël aux relents de défaite


UNE VICTOIRE DE LA DROITE EN ISRAËL AUX RELENTS DE DÉFAITE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

          Sur la base de sondages sortis des urnes, qui se sont avérés incorrects puisqu’ils prévoyaient 60 sièges pour le camp de la droite, Netanyahou exultait alors que quelques semaines auparavant on l’avait enterré politiquement. Mais au fur et à mesure du dépouillement des votes, la réalité devenait moins rose. Finalement la droite totalise 58 députés, à trois sièges d’une majorité introuvable. 



       Benny Gantz a maintenu exactement son nombre de députés, 33, ce qui ne le met pas en position de constituer un gouvernement car les 15 députés arabes sont toujours considérés comme des pestiférés. Pourtant par dépit, la surprise pourrait venir de cet horizon avec le soutien effectif ou tacite de la liste arabe qui joindrait ses voix à celle de Benny Gantz pour empêcher Netanyahou de gouverner. Les Arabes ont ouvertement déclaré qu'ils voulaient dorénavant entrer dans le jeu politique en tant que citoyens israéliens.
            Mais ce serait sans compter sur la combativité du premier ministre qui est prêt à faire des offres sans précédent à quelques «félons» de gauche et du centre pour rejoindre sa coalition. Quelques ministères, dont celui de la Santé et de la Défense, peuvent être une monnaie d’échange pour voir quelques députés traverser la ligne de démarcation de l’opposition. Cependant en l’état actuel de la situation, trois scénarios peuvent être envisagées.

            Benny Gantz a perdu sa première place bien qu’il maintienne son groupe parlementaire au même niveau. C’est l’effondrement de la coalition Travailliste-Meretz qui a hypothéqué sa marche vers le pouvoir. Il peut tirer les conséquences puisque les urnes ont parlé et décidé.  Netanyahou, arrivé en tête, est en droit d'être désigné pour constituer son gouvernement. La démocratie parlementaire implique qu’il faut l’aider, dans l’intérêt du pays, à organiser une équipe avec un apport extérieur de trois voix pour que le pays sorte de la crise. La situation médicale et économique est dramatique et tous les partis réunis ne seront pas de trop pour s’armer contre le fléau. L’euro est passé de 3,69 shekels à 3,91 en une semaine, signe qu’il perd progressivement de sa puissance devant le tremblement de terre mondial.

            L’autre argumentation consiste à affirmer qu’après trois tentatives avortées, Netanyahou n’a pas réussi à atteindre les 61 voix qui lui permettrait de gouverner en toute logique. C’est un échec malgré une victoire relative de «premier de la classe». Les deux blocs ne pouvant pas réunir de majorité, aucun ne peut prétendre constituer un gouvernement viable, il faut à nouveau recourir à un quatrième scrutin ce qui laisserait le pays dans un désordre total. Cette hypothèse suicidaire pour le pays est pratiquement exclue et le président de l’État Réouven Rivlin a bien précisé qu’il voulait l’éviter à tout prix.
            La dernière hypothèse pourrait être motivée par la situation judiciaire du premier ministre qui doit se présenter devant ses juges le 17 mars 2020.
Yossi Cohen

            Il peut décider lui-même de céder sa place à un autre dirigeant du Likoud pour se mettre en réserve jusqu’à la conclusion judiciaire. Mais la nature combative de Netanyahou exclue cette possibilité. Pourtant en attendant la conclusion de ses démêlés judiciaires, il aurait le temps de peaufiner sa relève qui est presque actée, celle de Yossi Cohen patron du Mossad et accessoirement ministre-bis des affaires étrangères. Il est l’homme de la situation capable de le remplacer avec succès. Mais selon la loi, il ne pourra pas entrer à la Knesset avant un délai de trois ans sauf si la loi votée justement par Netanyahou pour barrer la route à ses concurrents militaires est amendée.

            Soit alors le président Rivlin, qui veut absolument débloquer la situation politique, désigne une autre personnalité du Likoud capable de réunir une majorité sur son nom en prenant prétexte de la mise en accusation du premier ministre. De grosses pointures expérimentées existent dans ce parti et elles sont capables de mener à un gouvernement d’unité nationale, sans Netanyahou, qui deviendrait à terme un gouvernement d’inertie nationale car aucune décision qui fâche ne sera prise pour éviter l’explosion. Mais cette union subsistera quelques mois, le temps de calmer les esprits, de remettre le pays en marche et de permettre une recomposition du paysage politique. Un ministre du Likoud semble démoralisé et soutient «qu’au lieu de s’entêter et de retarder l’inévitable, Benjamin Netanyahou devrait renoncer à toute discussion sur l’obtention d’un mandat du président Reouven Rivlin pour former un gouvernement».
            Les résultats définitifs viennent de tomber avec 58 sièges pour la coalition actuelle. Une course contre la montre va se jouer avant toute formation du gouvernement qui prendra plus d’un mois sauf si Netanyahou trouve immédiatement les trois voix manquantes. La Knesset sera inaugurée et les députés prêteront serment individuellement pour pouvoir légiférer. Netanyahou ne sera pas en mesure d’être élu premier ministre et ne disposera pas de l’immunité attachée à cette fonction. L’opposition, qui détient une majorité de 62 sièges avec Avigdor Lieberman et les partis arabes, sera en mesure de faire voter d’urgence une loi interdisant la désignation au poste de premier ministre d’un député mis en accusation. D’autre part, la loi imposera que le mandat du premier ministre ne pourra être renouvelé qu'une seule fois consécutivement. Ces deux articles de lois, s’ils sont votés sur mesure, mettront hors-jeu Netanyahou qui sera contraint de quitter la scène politique centrale. Ce sera alors la porte à un gouvernement d’union nationale sans sa participation.
            Cette possibilité a été ouverte parce qu’Avigdor Lieberman a décidé de mêler sa voix à celles de l’opposition, qui compte donc au total 62 députés, un nombre suffisant pour obtenir un vote majoritaire spécifiquement contre Benjamin Netanyahou. Cette loi peut être présentée dès la première réunion de la Knesset et, sauf désistement, elle pourrait passer et s’appliquer immédiatement.    
La gauche a explosé

            Il est vrai que la joie des soutiens du Likoud n’aura été que de courte durée mais ils ont eu le tort de toujours croire les sondeurs qui n’ont pas encore finalisé leurs méthodes pour se rapprocher des résultats finaux. Ils se sont toujours trompés pour entraîner des réveils douloureux : Bibi superstar est devenu Netanyahou revendiquant trop tôt sa victoire dans un pays toujours dans l’impasse. 

2 commentaires:

Yves HAGGIAG a dit…

Cette victoire n'a jamais eu lieu. Et l'état hystérique d'urgence déclenché sur le dos de corano est un scandale. Il va flinguer le tourisme et toute l'économie. L'important est de créer une ambiance fin du monde qui lui permettra de rester en place. Un virus. Un vrai.

andre a dit…

J’ai lu il y a qq jours un article de Temps et Contre temps où l’auteur accablé expliquait les raisons de la victoire de Nataniahu !
Aujourd’hui. Il y a l’espoir d’une entourloupe de Lieberman pour aller au bout de sa haine et barrer la route du pouvoir au Premier ministre , il nous est expliqué que le Likoud s’est trop fié aux sondages !
Ah bon ? Et pas l’auteur ?
Wait and see it’s better !
André Simon Mamou
Tribune juive