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mercredi 8 janvier 2020

Le général iranien Soleimani éliminé par les Etats-Unis



LE GÉNÉRAL IRANIEN SOLEIMANI ÉLIMINÉ PAR LES ÉTATS-UNIS

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

          Le général Qassem Soleimani était le bras armé du régime iranien à l’étranger, l’homme des basses œuvres en Syrie, au Liban, et en Irak. Tous les terroristes internationaux ne juraient que par lui au point d’être devenu un héros national respecté et craint. Il commandait les forces d’élite al Qods des Gardiens de la révolution, l'épine dorsale du régime iranien. Il vient d’être tué par une frappe de l’US air Force à l’aéroport d’Irak. Il organisait les opérations militaires de déstabilisation non seulement au Liban, en Syrie et en Irak mais aussi en Afghanistan et dans le Caucase ce qui ne le rendait pas en odeur de sainteté auprès des Russes.


Sur le terrain

            Il détenait plusieurs surnoms dans son pays : le Renard tandis que le Guide suprême le qualifiait de «martyr vivant».  Les chiites le voyaient en James Bond ou Rommel. Très jeune, il s’était lancé dès 1980 dans la guerre avec l’Irak. Son ascension rapide lui avait permis de remplacer en 1998 Ahmad Wahidi, le premier commandant d’El Qods. Il avait mis en place le Hezbollah au Liban et coordonné la coopération avec le Hamas de Gaza. 
           Il disposait de fonds illimités pour son action à l’étranger, des centaines de millions de dollars pour l’achat d’armes et pour la formation de miliciens dans des camps d’entrainement en Iran. Il avait créé la 190ème unité d'élite responsable de la contrebande et la 400ème unité responsable des assassinats et des attaques dans le monde entier. Il était marqué sur la liste noire américaine et même nommément désigné dans la résolution 1747 de mars 2007 des Nations Unies, qui avait imposé des sanctions à l'Iran pour ses activités nucléaires.
            Il avait été plusieurs fois dans la ligne de tir d’Israël, en Syrie en particulier, mais à chaque fois le véto américain s’interposait pour stopper l’opération. Ce n’est qu’en 2018 que les États-Unis donnèrent l’autorisation de son élimination. Depuis, sa tête avait été mise à prix mais il était tellement discret que les opportunités étaient rares. 
Soleimani et ses chefs

          Haj Kassem comme l’appelaient ses commandants refusait les médias, même dans son pays. Le seul discours public connu en février 2018 concernait son objectif concernant Israël : «anéantir l'ennemi sioniste et consacrer chaque instant de notre vie. L'entité sioniste n'existera pas. L'ennemi sioniste sait que nous tiendrons la promesse d'effacer son être». Il avait été l’inspirateur sinon l’organisateur de l'aéroport de Burgas en Bulgarie. Cet attentat-suicide perpétré le 18 juillet 2012 contre des autobus de touristes israéliens avait fait sept morts et plus de 32 blessés.
            Son nom avait été cité lors de l’attaque contre le Centre juif de Buenos Aires en 1994, l'envoi du navire d'armes palestiniennes des îles Karin à Gaza en 2002. Il était à l’origine du lancement de roquettes depuis le Golan. En janvier 2012, le général Soleimani avait publiquement reconnu la présence iranienne dans le sud du Liban et en Irak car selon lui : «Ces deux domaines sont influencés par l'idéologie et les actions de la République iranienne».
Al-Muhandis



          Avec lui est mort Abu Mahdi al-Muhandis, commandant militaire irako-iranien qui dirigeait le Comité de mobilisation populaire (Al-Hashd Al-Sha'abi), actif contre Daesh, et qui supervisait des organisations ayant des liens étroits avec la Force al Qods. Il était le commandant de la milice de Kata'ib Hezbollah. 
            Paradoxalement les Américains avaient refusé son élimination car depuis septembre 2001, il était devenu en quelque sorte leur allié pour renverser le régime des talibans sunnites en Afghanistan. Mais il n’a pas pu s’empêcher d’organiser des attaques contre les forces américaines en Irak à une exception près car il était très pragmatique. Il s’était allié aux Américains au cours des élections du Premier ministre irakien de 2010 car il était toujours disposé à coopérer avec l'Occident, si cela sert les intérêts de l'Iran. Effectivement il a joué un grand rôle dans la guerre contre Daesh en libérant de vastes zones occupées par les djihadistes. Il était devenu au Moyen-Orient la terreur du monde sunnite qui le craignait tant son influence était grande pour les déstabiliser.


Concert de larmes

            Il était toujours sur ses gardes et se méfiait de toute présence inconnue, n’acceptant jamais de trinquer avec des inconnus tant il craignait d’être empoisonné. La veille de sa mort nous avions écrit un article sur les printemps arabes précisant qu’il occupait la place de principale force contre-révolutionnaire en Irak et au Liban pour maintenir l’influence iranienne dans la région. Le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, avait dû faire appel à lui pour mater les manifestations. Mais il n’a pas pu empêcher le renversement de Mahdi malgré son intervention.
            Il sera vite remplacé car les candidats ne manquent pas ; l’hydre iranienne a plusieurs têtes. Mais cela désorganisera pendant un certain temps les activités iraniennes à l’étranger. Un temps peut-être que les Occidentaux mettront à profit pour éliminer le danger nucléaire en Iran.

1 commentaire:

Elie BENICHOU a dit…

La prochaine étape, probable, sera une forte réponse iranienne. Sans doute un attentat suicide sur une ambassade US, ou des missiles sur une base US par les supplétifs irakiens chiites. Alors une fenêtre exceptionnelle va s'offrira aux américains et israéliens pour lancer une attaque massive sur l’Iran pour en finir avec son programme nucléaire. Et la menace à moyen terme de ce nouvel Amalek.