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samedi 16 novembre 2019

Les intellectuels doivent-ils se rendre sur les plateaux de télévision par Maxime TANDONNET



LES INTELLECTUELS DOIVENT-ILS SE RENDRE SUR LES PLATEAUX DE TÉLÉVISION

Par Maxime TANDONNET

            


          Sur LCI, mercredi soir, les téléspectateurs ont assisté à une étrange corrida : le lynchage et la mise à mort d’un académicien, Alain Finkielkraut. Ce dernier a voulu défendre Roman Polanski. Cette attitude est tout à son honneur car dans une société démocratique, chaque homme mis en cause a droit à un avocat quelle que soit la nature des actes qui lui sont reprochés.



            Le piège était tendu. Violemment agressé par une militante féministe à titre personnel, AF s’est mis en colère. En réaction, il a prononcé des paroles sur le viol («bien sûr, je viole ma femme tous les soirs!») dont l’intention ironique et caricaturale ne pouvait pas faire le moindre doute. AF fait aujourd’hui, l’objet d’une campagne haineuse et inquisitrice, de la pire espèce, visant à le traîner devant les tribunaux et l’interdire d’antenne pour ces propos. Jamais le tribunal médiatique n’avait frappé aussi fort. La loi des suspects est de retour avec ses Fouquier-Tainville, Garnier-Launay et Grabauval.
            Une question mérite d’être posée : pourquoi des intellectuels et penseurs authentiques, éprouvent-ils le besoin de se rendre sur les plateaux de télévision ? Une douzaine de chaînes, généralistes ou d’information en continu, sont en concurrence pour l’audimat qui conditionne les recettes publicitaires. Le système des «plateaux» permet, à peu de frais de grappiller quelques centièmes de point. L’objectif n’y est jamais de dérouler une conversation intéressante, mais bien au contraire de provoquer des «clash» qui vont faire des «buzz» sur  twitter.
            Y sont invités quelques habitués des cercles les plus médiocres, intellectuellement et moralement, de la société française : militants extrémistes en tout genre, indigénistes, féministes, islamistes, démagogues de tout poil et de tout parti, sportifs, chanteurs, pseudo-journalistes, pseudo-sociologues, ou acteurs médiatisés et demi-analphabètes, promus au rang d’experts ou de maîtres-penseurs… Ainsi est composée une sorte de cour des Miracles de la bêtise arrogante qui circule de plateau en plateau et que les chaînes de télévision s’arrachent.
            L’intelligence, la réflexion, l’argumentation y sont comme bannies. La règle du jeu est de s’imposer par la puissance mécanique d’un flot de paroles hystérique en prenant un air savant. Plus le contenu du propos est indigent, grotesque, misérable, et plus la fermeté du ton est censée imposer une sorte de vérité indépassable. Les cracheurs et cracheuses de haine, tirés de quelque bas-fond de la bêtise hystérique, y imposent leur joug implacable. Les plateaux de télévision deviennent ainsi une sorte de miroir inversé du débat démocratique, où règnent en maître la quintessence de la médiocrité et la crétinerie. Dans cette joute verbale, la domination se confond avec le niveau d’idiotie et d’inculture. La pensée et le dialogue sont strictement interdits de ces tribunaux de la bêtise médiatique, laboratoires de la crétinisation de masse, de la dictature et de la pensée unique.
            Les intellectuels n’ont rien à y gagner à prendre des coups bas. Leur présence pourrait s’expliquer par la volonté d’imposer une résistance à la vague de médiocrité. Vaine tentative, à l’image d’un homme qui voudrait arrêter un torrent furieux en écartant les bras.  Ils n’ont pas leur place dans le flot d’hystérie bavarde. Ils y sont comme l’albatros de Baudelaire. En participant aux plateaux hystériques, ils les cautionnent de leur présence et en ressortent meurtris. Leur intérêt n’est-il pas de se garder de la pollution quotidienne de la médiocrité ? Leur royaume n’est-il pas celui du silence des bibliothèques ? La parole rare est d’autant plus précieuse et un livre, quand il est réussi, peut changer le monde par la voie des idées. Alors pourquoi se faire tant de mal en se mêlant à la piétaille crétino-médiatique ?

3 commentaires:

Jean-Marc ILLOUZ a dit…

Très pertinent. Aux intellos ou experts de savoir si leur ego au service du Buzz, est la pour eclairer ou pour transformer le débat démocratique en règlements de compte tribaux devant un public de cirque!

bliahphilippe a dit…

@J.M Illouz : un intellectuel qui ne passe pas à la télé de nos jours est en état de quasi mort sociale. Le pulic-meme mediocre- aura vite fait de l'oublier. Précisement concernant Finkelkraut, celui-ci avait il y'a quelques années-pardon je n'ai plus la date en tete vu que ca remonte- émis une phrase à la radio-je crois sur une radio juive!- sur les noirs ou les arabes: une phrase pas politiquement correcte. Il a été écarté des débats publics pendant un "certain temps"comme dirait Fernand Reynaud.Il a compris la leçon.
Les tentatives d'exclusion dirigees contre E. Zemmour tendent au meme but une fois passee la reaction de colere initiale.
Pour donner un autre exemple concret d'une parfaite réussite d'éliminination sociale par exclusion des medias on peut prendre le cas du philosophe enseignant Robert Redecker particuliérement brillant. Pour avoir osé donner dans sa classe ou son amphi un cours pas apprécié sur l'Islam ,il a été exclus de l'Education nationale sans soutien de sa hiérarchie aprés plaintes et scandale de parents musulmans.
Il vit reclus sous la menace et de temps à autres laisse transparaitre quelques articles dont à ma connaissance personne ne lui fait publicité.

2 nids a dit…

Les commentaires ainsi que l'article de Mr. Maxime Tandonnet sont très appréciables, et l'interview de Mr. Michel Onfray (Les Eccho) rejoint ce qui est dit (hélas) sur la crétinisation de notre société..
Question urgente..Ou est la porte de sortie pour remonter vers la lumière..?