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mercredi 30 janvier 2019

Treize symptômes de la médiocratie Par Maxime TANDONNET



TREIZE SYMPTÔMES DE LA MEDIOCRATIE

Par Maxime TANDONNET



Maxime Tandonnet analyse dans cette publication les treize symptômes de la médiocratie. Cet article concerne bien sûr la France, en premier lieu, mais Israël a été contaminé par cette même maladie qui pourrit la vie politique actuelle. Rien à retrancher ou à ajouter à ce texte qui devient universel. Chaque mot est précis et juste et les phrases sont écrites avec clarté, concision et exactitude, sans effet de manche, ce qui fait la richesse. En ces temps électoraux en Israël, il serait bon que les candidats à la Knesset prennent connaissance de ce qui devrait faire partie de leur programme politique.




     
Tout laisse penser que la face visible de notre pays, c’est-à-dire politico-médiatique, s’enfonce toujours plus profondément, jour après jour, dans la médiocrité.
La totémisation : la vie politico-médiatique s’organise obsessionnellement autour d’un gourou national qui change tous les cinq ans, suivi à la trace et au jour le jour, dont chaque geste ou chaque parole fascine, éblouit, hypnotise, à la fois demi-dieu et gibier de potence, réceptacle naturel de la pire des idolâtries comme des frustrations les plus rances.
Le spectacle narcissique : la vie publique s’enfonce dans les combats de titans supposés capter l’attention collective à l’image de la guerre le Pen-Macron qui en est le dernier avatar et le plus caricatural.
Le déni de réalité : les sujets qui fâchent, inquiètent ou font mal, sont passés sous silence ou réduits au strict minimum: le chômage de masse, l’exclusion des jeunes, la pauvreté,  le repli identitaire, la situation des banlieues, la violence d’une société en décomposition, le déclin de la France dans le monde, etc. La réalité a disparu, comme annihilée…
La mort du débat d’idées : il n’est plus question, depuis bien longtemps, de la réflexion et du débat sur les moyens de combattre le chômage, l’insécurité, restaurer le niveau scolaire: les idées sont désormais maudites et le mot même – idée – devenu subversif. Les dogmes ont remplacé les idées.
Le culte des apparences : le fond ne compte pas, c’est l’image donnée qui vaut ; peu importent l’inexpérience, l’inculture, le manque de jugement et l’absence de tout bilan à faire valoir, tant que la tête du candidat est jeune et belle, télégénique.
Le manichéisme : tout est noir ou blanc, jaune ou rouge, jusqu’à la haine, la fureur, l’envie de tuer et de broyer, à l’image du débat européen opposant les lumières fédéralistes aux ténèbres populistes et toute tentative d’instiller un minimum de nuance, de sens des réalités et de perspective est vouée aux gémonies. Impossible dialogue: ce qui s’écarte de la droite ligne est maudit et ostracisé.
L’hystérie nationale : à chaque jour son lot d’excitation, d’énervement, d’hystérie autour de polémiques venues de partout, d’autant plus virulentes qu’elles sont dérisoires.
La sublimation du vide et du futile: l’univers médiatique donne une importance disproportionnée à l’accessoire, au secondaire, autour des compétitions sportives ou de divertissement, les polémiques s’enchaînent, toujours les mêmes, nulles, dérisoires, grotesques.
L’hexagonisme : nonobstant la mondialisation honnie, accusée de tous les maux, le champ d’intérêt est essentiellement hexagonal ou local, et plus grand chose ne semble exister au-delà des frontières – dans un monde sans frontières. Peu importe les grands mouvements de la planète, seul compte l’anecdotique et le futile à notre porte.
La table rase : le passé comme l’histoire sont abolis, on oublie tout au-delà de deux ou trois ans et on repart éternellement à zéro ce qui favorise les pires manipulations de l’opinion, à l’image de ces grandes euphories répétitives qui suivent les élections avant de profondes déceptions.
Les fausses valeurs : quand les pires farceurs, clowns ou pitbulls (sportifs, acteurs ou animateurs)  se voient érigés en nouveaux maîtres penseurs de notre époque assenant leurs leçons, alors que l’intelligence et la pensée paraissent, sauf exception, mis à l’écart du monde moderne.

Le nihilisme : aucune limite aux trahisons, déloyautés, retournements de veste, coups de poignard dans le dos à son bienfaiteur, délation, calomnie et diffamation, tout est permis sans la moindre limite, tout est possible, en dehors de toute espèce de moralité ou éthique, dans l’indifférence et la banalisation, avec un seul repère, une seule éthique, boussole de la politique moderne: le culte du je narcissique.
Le mépris : tout est permis pour manipuler l’opinion, faire croire à l’action, au mouvement, et plus rien n’arrête le rouleau compresseur de la mauvaise foi manipulatrice. La politique se réduit toujours davantage à n’être qu’une affaire de communication. Le paraître se substitue au faire. Le mensonge et l’hypocrisie deviennent la norme la plus banalisée et le monde se reconstitue à l’aune de la «vérité virtuelle». «Plus c’est gros, plus ça passe» pourrait être la nouvelle devise nationale.


2 commentaires:

Georges KABI a dit…

Jacques, j'ai suivi ta preface a cet article et j'ai remplace toutes les references francaises par des references israeliennes: c'est absolument effarant, on aurait pu prendre cet article tl quel et l'appliquer a la realite politique israelienne. Il n'y a rien de contradictoire. Tous les points soulignes en France sont exactement les memes en Israel. Effarant!

2 nids a dit…

voila un article bien écrit mais on tourne en rond sur cette planète dans la médiocrité...si quelqu'un ou une a une baguette magique, il est le bienvenue..à défaut, je vais me servir un petit whishy...