Macron en Conseil des ministres |
L’euphorie avait
gagné les Français, après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la
République. Il nous avait fait échapper au cauchemar de Marine Le Pen
présidente, et pour le remercier, les Français, aux élections législatives, lui
ont accordé la majorité absolue à l’Assemblée nationale afin qu’il puisse avoir
les mains libres pour appliquer son programme. Il avait tenu ses promesses, la
parité hommes/femmes avait été respectée dans le choix des candidats, la
société civile était bien représentée, même si en majorité, les députés
élus de La République en Marche n’avaient que peu ou pas d’expérience
politique.
Emmanuel Macron
s’était vite imposé sur le plan international et avait redonné du lustre à la
France dans ses rapports avec les Grands de ce monde, avec Poutine à
Versailles, avec Trump, la poignée de main est dans toutes les mémoires mais
aussi avec Netanyahou. Mais les Français l’attendaient sur le plan intérieur et
l’euphorie s’est rapidement estompée. Les nouveaux députés de La République en
Marche ont eu du mal à intervenir dans les débats, leur manque d’expérience
était patent : ces nouveaux élus n’avaient pas fait réellement campagne
pour se faire élire. Ils n’ont pas eu à
se battre, à défendre un programme dont ils connaissaient tout au plus les
grandes lignes, ils se sont seulement réclamés du président élu !
Les Français ont
vite compris qu’Emmanuel Macron décidait de tout. Il ne se prend pas pour Jupiter a-t- il affirmé au cours d’une
très longue interview accordée au Point, il applique la Constitution de 1958
qui fait du Président de la République, un
acteur de la vie politique et plus encore la clé de voute de cette vie
politique. C’est lui qui est aux commandes, il n’est donc pas étonnant
qu’il puisse dégringoler dans les sondages comme il le fait depuis le mois de
juin où il était crédité de 43% d’opinions favorables, pour descendre à 36% en
juillet et se retrouver à 30% à la fin du mois d’aout. Edouard Philippe, le
premier ministre, l’accompagne dans cette descente, et ne joue absolument pas
le rôle de fusible qui lui est dévolu dans le cadre de la Vème
République.
Macron Trump au G20 |
Emmanuel Macron
n’est pas affecté par cette baisse de popularité, il assume les coupes
budgétaires, il justifie la diminution des emplois aidés, la baisse de 5 euros
de l’allocation personnalisée au logement, l’augmentation de la CSG qui
demandera un effort aux retraités les plus aisés (on l’est au-dessus de
1200 euros par mois) en faveur des jeunes et des actifs. Les porte-paroles du
gouvernement, quand ils sont apostrophés dans les media, répondent que tout
cela figurait dans le programme des réformes proposées pour diminuer les
dépenses de l’Etat et qu’ils sont mandatés pour les appliquer.
C’est exact, mais
au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron n’a obtenu que 24,1% des
suffrages exprimés, 20% environ des inscrits, qui lui ont permis de se
maintenir au second tour et de battre Marine Le Pen. Ces 24% d’électeurs font
partie des CSP+, les catégories socio professionnelles favorisées, ils sont
dans la mondialisation, ils y réussissent ou ils y réussiront. Ils sont armés
pour cela. Ils ne savent pas ce que peuvent signifier 5 euros de moins dans un
budget déjà très serré. Pour eux, un emploi aidé correspond le plus souvent à
une subvention déguisée, ce qui peut être souvent le cas, mais pour ceux qui en
bénéficient, les chômeurs de longue durée, les exclus de notre société, cela
représente au-delà de la somme allouée, une dignité retrouvée, l’impression
d’être à nouveau utile, reconnu.
Ce côté humain ne
rentre pas en ligne de compte. Emmanuel Macron a constaté que ces 5 euros avaient
décidément du mal à passer ; il a donc appelé les propriétaires à baisser
leur loyer de 5 euros ! Cet appel à la charité publique est à mettre en
balance avec la suppression de l’ISF pour les placements financiers et le
prélèvement forfaitaire unique de 30% pour tous les revenus du capital.
2018 sera l’année des grandes
réformes, du grand chamboulement. Les CSP+, les catégories socio professionnelles
favorisées qui constituent le socle électoral du macronisme, veulent gouverner
la France comme une Start up. Mais la France y est-elle prête ? Emmanuel Macron
veut aller de l’avant très rapidement, mais attention aux grains de sable qui
peuvent apparaître là où on ne les attend pas et tout bloquer.
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