À GAZA ENTRE
REVANCHARDS ET PRAGMATIQUES
Par Jacques BENILLOUCHE
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Je ne sais pas mais quelque chose a dû changer dans le béton israélien |
À
Gaza, il y a deux écoles. L’école des revanchards qui tiennent toujours à
obtenir une victoire militaire sur le terrain malgré leurs différentes défaites
et qui persistent à considérer l’option de la guerre comme inéluctable. Ils
continuent de creuser des tunnels avec des techniques primaires qui aggravent
les risques. D’ailleurs deux Palestiniens ont été tués le 13 septembre 2017
dans l’effondrement d’un tunnel en construction, prouvant l’entêtement
irréductible de ceux qui ne veulent pas renoncer. Creuser, toujours creuser,
non pas pour atteindre l’Eldorado mais pour apporter une mort inutile à
des civils israéliens.
Confection palestinienne |
L’école
des pragmatiques concerne ceux qui n’aiment pas Israël mais qui sont convaincus
qu’il ne pourra pas être éradiqué car il détient une armée puissante, technologiquement bien équipée. Ils ont assimilé l’idée qu’il faut donc
composer avec lui pour engager, enfin, un dialogue pacifique. Cette deuxième
catégorie semble s’exprimer à présent au grand jour devant la situation économique
désastreuse que connaît Gaza qui n’a fait qu’empirer depuis la prise de pouvoir
du Hamas en 2007.
Les Islamistes se sont montrés incapables d’améliorer le sort
de leurs concitoyens parce qu’ils ont consacré des sommes énormes à
l’acquisition d’armes de destruction. Par ailleurs, à chaque envoi de roquettes
ou de fusées ils subissent en conséquence irrémédiables de nouvelles
destructions qui ne facilitent pas la situation.
Les
pragmatiques se trouvent des deux côtés de la frontière puisqu’une minorité de Juifs
et d’Arabes semblent vouloir enterrer la hache de guerre. Depuis onze ans, la
frontière avec Gaza est verrouillée pour les ouvriers, et pour cause. Ainsi, dans le cadre d’une attitude qu’ils
jugent «financièrement sage» les agriculteurs israéliens du
Sud ont appelé le gouvernement à permettre l'entrée aux travailleurs de Gaza
qui sont, selon eux, les meilleurs ouvriers agricoles de la région. Ils ont
demandé au ministre de la Défense Avigdor Lieberman de permettre aux résidents
de la bande de Gaza de revenir travailler en Israël : «Il y a deux
raisons principales pour notre demande. L'un est le manque d’agriculteurs, et
l'autre est la qualité des ouvriers de Gaza, dont nous nous souvenons depuis
des années». Ils estiment par ailleurs que «l'amélioration
de l'économie de nos voisins est un intérêt israélien». Ils sont
convaincus que ces échanges détourneront les habitants des extrémistes
islamistes qui enveniment leur situation.
Gadi Yarkoni |
Avigdor Lieberman devrait
décider si des centaines, voire des milliers de Palestiniens de Gaza, seront
autorisés à venir en Israël pour y travailler. La demande de travailleurs de
Gaza a été soumise au gouvernement par les dirigeants des localités
israéliennes situées dans la zone frontalière de Gaza. Dépourvus de main
d'œuvre, ces derniers souhaitent que des Palestiniens viennent travailler dans
les champs des localités et des kibboutz de la région. Le chef du Conseil
régional d'Eshkol (sud) Gadi Yarkoni et son homologue de Sha'ar HaNegev, Alon
Shusterman, ont rencontré le ministre de la Défense pour
évoquer la question. Lieberman s'est montré favorable à leur requête, «tant
que la frontière restait calme».
Tailleur palestinien |
Dans
un autre domaine et avant la prise du pouvoir par le Hamas, une collaboration
existait entre entreprises israéliennes et arabes dans le domaine de la
confection parce que les coûts de productions à Gaza restaient très
concurrentiels face aux écarts de salaires. Mais l’arrivée du Hamas avait tout
bloqué. À présent, les anciens fabricants de vêtements tentent un timide retour
en Israël. Gaza a repris partiellement les exportations de vêtements vers Israël
avec l’accord bilatéral des autorités.
Directement à travers le passage à Kerem Shalom, le premier envoi de vêtements fabriqués par une usine de la bande de Gaza est arrivé en Israël pour la première fois depuis 2007. Bashir Al-Bawwab, président d'Unipal 2000, la société qui a commercialisé l'expédition, a déclaré que 3.500 vêtements, prêts à être portés, avaient été expédiés. Il a expliqué que cette livraison a été le résultat de grands efforts réalisés depuis que le côté israélien avait déjà permis il y a moins de deux ans la commercialisation, vers la Cisjordanie, des produits des usines de couture de la bande de Gaza.
Directement à travers le passage à Kerem Shalom, le premier envoi de vêtements fabriqués par une usine de la bande de Gaza est arrivé en Israël pour la première fois depuis 2007. Bashir Al-Bawwab, président d'Unipal 2000, la société qui a commercialisé l'expédition, a déclaré que 3.500 vêtements, prêts à être portés, avaient été expédiés. Il a expliqué que cette livraison a été le résultat de grands efforts réalisés depuis que le côté israélien avait déjà permis il y a moins de deux ans la commercialisation, vers la Cisjordanie, des produits des usines de couture de la bande de Gaza.
Des
délégations palestiniennes et israéliennes s’étaient réunies le 23 novembre
2015 pour préparer les modalités de commercialisation des produits de Gaza. Ce
mois de septembre 2017 les expéditions ont été autorisées pour un montant de
14.000 à 20.000 dollars. Même si les coupures de courant limitent la production
et si de nombreuses usines ont dû fermer, l’exportation de marchandises depuis
Gaza peut donner un coup de fouet aux propriétaires d’usine de confection. Il ne
reste plus que 110 usines sur les 400 qui fonctionnaient en 2017 ce qui
correspond à une perte de 6 millions de dollars par mois. En cas de reprise du
commerce avec Israël, Gaza compte sur la réouverture de 40 usines par an.
Aujourd’hui
seules 110 usines donnent du travail à 4.000 ouvriers alors qu’ils
étaient 36.000 avant 2007. Mais les confectionneurs doivent affronter
un nouveau défi. La rupture des liens avec Israël a introduit en Israël les industriels de Turquie, de Chine et d’Inde. Il leur faudra donc récupérer le
marché qui leur a échappé. Les usines de Gaza devront se montrer compétitives,
se transformer avec du matériel moderne mais surtout investir dans des
stylistes originaux pour concevoir des produits adaptés à la demande de la nouvelle vague. C'est ainsi qu'ils retrouveront la confiance des commerçants israéliens.
Bien
sûr ces timides échanges sont peu significatifs par rapport aux défis énormes politiques et militaires de la région. Les dirigeants du Hamas ont en main l’avenir
de leur population ; ils devront rechercher la voie du pragmatisme et abandonner l'aventure militaire. Mais c'est trop leur demander.
1 commentaire:
Par principe, je suis pour l'utilisation massive des travaileurs palestiniens. On m'accusera d'etre un epouvantable capitaliste ou un nouvel esclavagiste, mais en fin de compte cela augmentera la quantite de hounous et de pittot dans les assiettes palestiniennes. Ceci dit, il y a quand meme un probleme securitaire. Les experiences passees ont montre qu'une grande partie des attentats ont ete perpetres par des Palestiniens travaillant ou ayant travaille en Israel.
Meme une enclave industrielle avait ete creee pour eviter l'entree des ouvriers palestiniens sur le territoire israelien tout en leur fournissant du travail. Le Hamas s'est empresse de detruire cette enclave.
Aussi, au dela de la revanche et du pragmatisme de Jacques, il faudrait se poser la question de savoir si cela est vraiment de l'interet du Hamas de voir sa population ameliorer ses conditions de vie. Et si cela etait le contraire?
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