INTOLÉRANCE ET DIKTAT RELIGIEUX
Par Jacques BENILLOUCHE
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Contretemps
La mainmise
religieuse sur les citoyens israéliens s’exprime de différentes façons. Sur le
plan politique, les orthodoxes tiennent à figurer au gouvernement pour peser
sur les décisions avec leur douzaine de mandats et interdire toute modification
des lois sur la vie civile, le mariage religieux obligatoire entre autres
dispositions. Leur groupe charnière les rend presque indispensables à une
coalition de droite avec l’appoint de Judaïsme de la Torah. Le sujet des
religieux, qui décident de sortir de leurs synagogues pour faire de la politique,
fait toujours débat en Israël parce que les laïcs estiment insupportable que
leur vie soit régentée au-delà des seules règles de la vie sociale.
Fête laïque ou religieuse
Autant Noël est formellement une
fête religieuse, autant la fin d’année n’a aucune connotation religieuse
puisque le calendrier grégorien est utilisé par toutes les administrations israéliennes
et par le gouvernement. Il est vrai que
le Rabbinat cherche à s’opposer aux traditions chrétiennes qui se transmettent jusqu’aux
juifs mais paradoxalement toutes les boucheries casher, sous contrôle du Beith-Din de France,
proposent en cette période les dindes traditionnelles tandis que de nombreuses
familles installent le sapin qui est une façon originale de distribuer les
cadeaux de Hanouka.
Mais l’intolérance et le diktat
religieux du Rabbinat d’Israël pèsent sur la population laïque qui voit, dans
la célébration de la nuit de la Saint-Sylvestre, un moyen de clôturer une année
de vie trépidante, angoissante parfois, et d’exprimer ses souhaits pour l’année
à venir. Dans la plupart des pays,
contrairement au réveillon de Noël qui se fête en famille, celui du Jour de
l'an se fête généralement avec des amis. À minuit, les feux d'artifice animent
les principales villes du monde avec les pétards dont le bruit était à l’origine
censés faire fuir les mauvais esprits.
La Turquie islamiste, à majorité musulmane, utilise le calendrier
grégorien et considère le 31 décembre comme un jour de fête où l'on se réunit
avec les amis et les proches. Le nouvel an est souvent l’occasion d’un dîner
organisé de façon festive, avec la
tradition d'éteindre les lumières à minuit pile pour quelques minutes, le temps
de se souhaiter la bonne année. Il n’y a aucune connotation religieuse dans
cette tradition qui recherche avant tout le moyen de casser le rythme infernal
de la vie stressante des villes modernes qui laisse peu de temps aux galéjades. La Turquie sait rogner ses règles islamistes quand elle le souhaite.
Liberté individuelle
Mais les religieux israéliens, qui veulent avoir le contrôle sur la
vie de tous les concitoyens, même laïcs, ne l’entendent pas de cette manière.
Ils ont décidé d’interdire les réveillons du Nouvel An qui se fêtaient dans les
grands hôtels sous forme de dîners dansants. Ainsi les Rabbinats des
principales villes, Haïfa en l’occurrence, ont menacé de retirer les
certificats de «Kasherout» à tous les établissements qui organiseront un
réveillon pour célébrer le Nouvel An. Une lettre écrite par le Rabbinat de
Haïfa fait clairement mention de cette mise ne garde : «Nous n'accepterons
pas que les fêtes du Nouvel An chrétien soient célébrées dans des locaux qui
bénéficient de notre supervision, laquelle sera retirée à tous ceux qui
désobéiraient à nos instructions».
Cette décision pénalise tous les citoyens, religieux ou laïcs, mais
surtout les nombreux touristes étrangers et les pèlerins qui passent la fin d’année
en Israël et qui n'ont aucune raison d'être punis. Le silence du Ministre du Tourisme est d'ailleurs étonnant en l'occurence. C’est aussi une atteinte de
principe à la liberté individuelle, et à la liberté religieuse en particulier.
Sur ce point en particulier, Yaïr Lapid du parti Yesh Atid qui fait de la lutte
contre l’oppression religieuse son cheval de bataille, pourrait attirer à lui
les électeurs qui ne peuvent, dans un pays démocratique même juif, accepter les
diktats d’une minorité anachronique et rétrograde. Tsipi Livni avait refusé,
pour ne pas subir les contraintes des religieux, de constituer avec eux une coalition en 2009
alors qu’elle était arrivée en tête. La liberté est une valeur qui a manqué aux
juifs dans les pays de l’exil et elle ne peut être galvaudée en Israël.
Suite à la tempête médiatique qui a suivi cette menace de retirer les certificats de «Kasherout», le maire de la ville de Haïfa a demandé au Rabbinat de reconsidérer sa position. Le président du conseil religieux a justifié ce retournement par le fait que : «Haïfa a beaucoup de chrétiens et il y a beaucoup d'immigrants de l'ex-Union soviétique. D'ailleurs la vente de viande de porc n'est pas interdite dans la ville». Dont acte.
Le Maire de la ville, Yona Yahav a par ailleurs déclaré : «Haïfa est une ville mixte et une ville touristique où le taux d'occupation des hôtels est parmi le plus élevé du monde. Il y a beaucoup de touristes venant de partout dans le monde. Ceux qui viennent ici ne sont pas nécessairement juifs et ils veulent célébrer la Saint-Sylvestre. C'est bon pour nous».
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Suite à la tempête médiatique qui a suivi cette menace de retirer les certificats de «Kasherout», le maire de la ville de Haïfa a demandé au Rabbinat de reconsidérer sa position. Le président du conseil religieux a justifié ce retournement par le fait que : «Haïfa a beaucoup de chrétiens et il y a beaucoup d'immigrants de l'ex-Union soviétique. D'ailleurs la vente de viande de porc n'est pas interdite dans la ville». Dont acte.
Le Maire de la ville, Yona Yahav a par ailleurs déclaré : «Haïfa est une ville mixte et une ville touristique où le taux d'occupation des hôtels est parmi le plus élevé du monde. Il y a beaucoup de touristes venant de partout dans le monde. Ceux qui viennent ici ne sont pas nécessairement juifs et ils veulent célébrer la Saint-Sylvestre. C'est bon pour nous».
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