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jeudi 27 décembre 2012

INTOLÉRANCE ET DIKTAT RELIGIEUX


 
INTOLÉRANCE ET DIKTAT RELIGIEUX
 
Par Jacques BENILLOUCHE
 
copyright ©  Temps et Contretemps


         La mainmise religieuse sur les citoyens israéliens s’exprime de différentes façons. Sur le plan politique, les orthodoxes tiennent à figurer au gouvernement pour peser sur les décisions avec leur douzaine de mandats et interdire toute modification des lois sur la vie civile, le mariage religieux obligatoire entre autres dispositions. Leur groupe charnière les rend presque indispensables à une coalition de droite avec l’appoint de Judaïsme de la Torah. Le sujet des religieux, qui décident de sortir de leurs synagogues pour faire de la politique, fait toujours débat en Israël parce que les laïcs estiment insupportable que leur vie soit régentée au-delà des seules règles de la vie sociale.





Fête laïque ou religieuse

            Autant Noël est formellement une fête religieuse, autant la fin d’année n’a aucune connotation religieuse puisque le calendrier grégorien est utilisé par toutes les administrations israéliennes et par le gouvernement.  Il est vrai que le Rabbinat cherche à s’opposer aux traditions chrétiennes qui se transmettent jusqu’aux juifs mais paradoxalement toutes les boucheries casher, sous contrôle du Beith-Din de France, proposent en cette période les dindes traditionnelles tandis que de nombreuses familles installent le sapin qui est une façon originale de distribuer les cadeaux de Hanouka.
            Mais l’intolérance et le diktat religieux du Rabbinat d’Israël pèsent sur la population laïque qui voit, dans la célébration de la nuit de la Saint-Sylvestre, un moyen de clôturer une année de vie trépidante, angoissante parfois, et d’exprimer ses souhaits pour l’année à venir.  Dans la plupart des pays, contrairement au réveillon de Noël qui se fête en famille, celui du Jour de l'an se fête généralement avec des amis. À minuit, les feux d'artifice animent les principales villes du monde avec les pétards dont le bruit était à l’origine censés faire fuir les mauvais esprits.
La Turquie islamiste, à majorité musulmane, utilise le calendrier grégorien et considère le 31 décembre comme un jour de fête où l'on se réunit avec les amis et les proches. Le nouvel an est souvent l’occasion d’un dîner organisé de façon festive,  avec la tradition d'éteindre les lumières à minuit pile pour quelques minutes, le temps de se souhaiter la bonne année. Il n’y a aucune connotation religieuse dans cette tradition qui recherche avant tout le moyen de casser le rythme infernal de la vie stressante des villes modernes qui laisse peu de temps aux galéjades. La Turquie sait rogner ses règles islamistes quand elle le souhaite.

Liberté individuelle

Mais les religieux israéliens, qui veulent avoir le contrôle sur la vie de tous les concitoyens, même laïcs, ne l’entendent pas de cette manière. Ils ont décidé d’interdire les réveillons du Nouvel An qui se fêtaient dans les grands hôtels sous forme de dîners dansants. Ainsi les Rabbinats des principales villes, Haïfa en l’occurrence, ont menacé de retirer les certificats de «Kasherout» à tous les établissements qui organiseront un réveillon pour célébrer le Nouvel An. Une lettre écrite par le Rabbinat de Haïfa fait clairement mention de cette mise ne garde : «Nous n'accepterons pas que les fêtes du Nouvel An chrétien soient célébrées dans des locaux qui bénéficient de notre supervision, laquelle sera retirée à tous ceux qui désobéiraient à nos instructions».
Cette décision pénalise tous les citoyens, religieux ou laïcs, mais surtout les nombreux touristes étrangers et les pèlerins qui passent la fin d’année en Israël et qui n'ont aucune raison d'être punis.  Le silence du Ministre du Tourisme est d'ailleurs étonnant en l'occurence. C’est aussi une atteinte de principe à la liberté individuelle, et à la liberté religieuse en particulier.
Sur ce point en particulier, Yaïr Lapid du parti Yesh Atid qui fait de la lutte contre l’oppression religieuse son cheval de bataille, pourrait attirer à lui les électeurs qui ne peuvent, dans un pays démocratique même juif, accepter les diktats d’une minorité anachronique et rétrograde. Tsipi Livni avait refusé, pour ne  pas subir les contraintes des religieux, de constituer avec eux une coalition en 2009 alors qu’elle était arrivée en tête. La liberté est une valeur qui a manqué aux juifs dans les pays de l’exil et elle ne peut être galvaudée en Israël.

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Suite à la tempête médiatique qui a suivi cette menace de  retirer les certificats de «Kasherout», le maire de la ville de Haïfa a demandé au Rabbinat de reconsidérer sa position. Le président du conseil religieux a justifié ce retournement par le fait que : «Haïfa a beaucoup de chrétiens et il y a beaucoup d'immigrants de l'ex-Union soviétique. D'ailleurs la vente de viande de porc n'est pas interdite dans la ville». Dont acte.
Le Maire de la ville, Yona Yahav a par ailleurs déclaré : «Haïfa est une ville mixte et une ville touristique où le taux d'occupation des hôtels est parmi le plus élevé du monde. Il y a beaucoup de touristes venant de partout dans le monde. Ceux qui viennent ici ne sont pas nécessairement juifs et ils veulent célébrer la Saint-Sylvestre. C'est bon pour nous».



 

 

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