LES ÉTATS-UNIS À L’ORIGINE DU
PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
Des
services de renseignements occidentaux révèlent que l’Iran serait sur le point
de planifier une bombe nucléaire d’une puissance supérieure à celle de Hiroshima. La nouvelle n’étonne pas en Israël car le
nucléaire iranien a pris de l’ampleur depuis les années 2000 à la suite d’une
maladresse de la CIA. Dès 1953 le programme américain «Atome pour la paix» avait pour objectif d’exporter les techniques
nucléaires vers les alliés.
L’Iran avait fait l’acquisition, en 1959, d’un
réacteur nucléaire de recherche, de fabrication américaine. Washington avait
promis par ailleurs au Shah d’Iran, en 1970, un programme nucléaire avec la
collaboration de sociétés israéliennes, françaises, allemandes et américaines.
Les mollahs ont longtemps fait croire qu’ils avaient abandonné ce projet,
jamais stoppé, car ils voulaient contrer les armes chimiques que Saddam Hussein
comptait utiliser durant la guerre Irak-Iran de 1980 à 1988.
Gaffe de la CIA
La
CIA avait fait une gaffe qui a eu des conséquences que l’occident paie encore
aujourd’hui. La centrale avait fait parvenir involontairement des informations nucléaires
à l’Iran. En effet une erreur de transmission de messages avait entrainé, en
2000, la découverte et le démantèlement d’une cellule américaine d’espionnage en
Iran. Un fonctionnaire américain zélé, basé au quartier général de la CIA, avait adressé des données confidentielles à un correspondant
iranien à Téhéran qui était en fait un agent double, manipulé par les services
iraniens. Les correspondants du réseau d’espionnage, démasqués à Téhéran, furent
tous arrêtés, certains éliminés, entrainant du même coup la rupture de la seule
source d’informations sur le programme nucléaire iranien et son état d’avancement.
Pour essayer
de compenser l’échec de ses services, la CIA avait cherché à retarder le
programme nucléaire iranien par une opération clandestine américaine, l’opération
Merlin, autorisée sous la présidence de Bill
Clinton dans le cadre d’une action d’intoxication. Il s’agissait de transmettre
à l'Iran des plans sabotés d'une bombe nucléaire pour orienter les savants
iraniens vers une impasse technique. Le but étant bien sûr de forcer les
iraniens à réviser leur processus de fabrication nucléaire avec l’espoir de
laisser le temps à la CIA de reconstituer son réseau d’espionnage.
Les services
secrets américains avaient décidé d’utiliser les compétences d’un savant
nucléaire russe qui avait fait défection à l’ouest. A des fins d’intoxication, ils
l’avaient chargé de remettre aux iraniens un plan de bombe atomique, préalablement
retouché par les scientifiques de l’armée américaine pour la rendre inopérante.
Ils estimaient qu’un ingénieur atomiste
de niveau moyen aurait des difficultés à détecter les erreurs volontairement introduites
dans le plan.
Intoxication ratée
Plan de bombe atomique
Le savant
russe devait se faire passer pour un scientifique attiré par l’appât du gain,
prêt à brader le système de détonation de l’arme nucléaire. Mais il n’avait pas
été mis dans le secret de l’opération d’intoxication dans laquelle il était
impliqué. Il détecta bien sûr les erreurs qui truffaient des plans mal falsifiés
alors qu’il était envoyé en Autriche pour l’échange avec les iraniens. En fait
l’opération aurait pu réussir si le choix d’un transfuge russe compétent n’avait
pas fait échouer l’opération.
Le savant russe
paniqua à l’idée de se trouver en présence de correspondants iraniens capables
de découvrir la supercherie. Il craignait que leurs services impitoyables ne
lui fassent payer cette manipulation dans une capitale où il se sentait isolé
et mal protégé et où les russes pouvaient le retrouver. N’étant pas au courant
de la finalité de sa mission, il se demanda s’il n’était pas en fait une «chèvre»
envoyée par les occidentaux pour prouver l’intention iranienne d’acquérir
l’arme nucléaire militaire. Il décida de ne pas se rendre au rendez-vous avec
ses correspondants à Vienne mais il prit l’initiative de transmettre les plans
de la bombe par courrier, accompagné d’une note personnelle précisant
l’existence d’erreurs. Il proposa même ses services pour les corriger dans le
but de se racheter aux yeux des russes et de se protéger vis-à-vis des iraniens.
La CIA avait
mésestimé ses adversaires en misant sur l’incompétence des ingénieurs atomistes
iraniens sans se douter que la plupart d’entre eux avaient été formés à
l’époque du Shah, dans les universités américaines et en particulier au MIT (Massachussetts
Institute of Technology). Les américains ne tirèrent aucun bénéfice de cette
manipulation mais ce ne fut pas le cas de l’Iran. En effet, les iraniens réussirent
à exploiter des plans falsifiés en extrayant la partie des techniques exactes.
Ils n’eurent aucun mal à identifier les erreurs grossières insérées par la CIA en
recoupant les données avec les plans partiels qu’ils avaient acquis par ailleurs auprès du père de la bombe
pakistanaise, Abdul Qadir Khan. Les iraniens
avaient en fait bénéficié des données fournies par la CIA pour préparer leur
bombe nucléaire à Neyshapour.
Un test dès 2004
Iran: traces d'essais nucléaires détectées depuis l'espace (AIEA)
Le 18 Février
2004 à 4 heures du matin, un train de marchandises avait explosé près de
Neyshapour, faisant des centaines de morts. Un film tourné par l’opposition
iranienne avait été diffusé par la télévision française. Les autorités avaient
parlé d’une réaction chimique due à la proximité du coton et du goudron comme
étant à l’origine de l’explosion. En fait il ne s’agissait pas d’une explosion
suivie immédiatement d’un incendie mais, d’un incendie suivi d’une explosion.
Cette explosion a mis en lumière que Neyshapour abritait une usine souterraine
d’enrichissement nucléaire fabriquée par les Russes. Le film montrait des
cadavres déchiquetés et des corps dénudés avec les vêtements brûlés, dans un
cratère de plus de 60m de diamètre. Les visages des morts étaient
méconnaissables en raison de la forte chaleur qui avait cuit les corps. Les
services de renseignements avaient établi que le train transportait des déchets
nucléaires vers la Russie et que l’incendie aurait déclenché une explosion de
cette matière nucléaire.
La ville de
Neyshapour refait parler d’elle à nouveau car Ahmadinejad y a lancé la
construction d’une usine secrète capable de recevoir 155.000 centrifugeuses
pour produire de l’uranium suffisant pour fabriquer trois à cinq bombes par an.
Ce projet se réalise tandis que l’usine
de Natanz joue le rôle de leurre vis-à-vis des occidentaux. Cette nouvelle
usine, à 600 kms au nord-est de Téhéran, construite à 150 mètres de profondeur
et recouverte par une ferme, est surveillée par un détachement d’élite des
Gardiens de la Révolution.
Des dizaines
d’ingénieurs y travaillent sous le contrôle de conseillers étrangers. En
particulier les russes qui ont établi les plans de l’usine en 2003 et lancé la
construction en 2004. Les centrifugeuses ont été transportées depuis la
Biélorussie et l’Ukraine tandis que 46 experts biélorusses et 23 ingénieurs
russes ont pour mission de rendre les centrifugeuses opérationnelles. Avec les 155.000 centrifugeuses de la nouvelle
usine de Neyshapour, les mollahs seront en mesure de produire de 30 à 50 bombes
nucléaires par an, voire encore plus s'ils possèdent d'autres usines de même
nature en Iran.
Les services
israéliens prennent au sérieux ces informations qui modifient la donne du
programme nucléaire iranien. D’ailleurs des services de renseignements ont
diffusé par l’Associated Press un diagramme qui démontre que les simulations exécutées
sur ordinateur concernent une arme nucléaire d’une puissance supérieure à trois
fois la bombe d’Hiroshima dont les plans sont inspirés des projets américains.
Le risque du programme nucléaire iranien est relancé tandis que les israéliens
sont à présent persuadés que les tirs de missiles de Gaza n’avaient pour but
que de détourner l’attention des occidentaux sur la Syrie certes, mais surtout
sur l’état d’avancement du nucléaire militaire en Iran. La neutralisation de
l’Iran redevient d’actualité.
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