CHINE : DANGER ÉCONOMIQUE MONDIAL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Deux
jours après les élections présidentielles américaines, la deuxième puissance
économique mondiale renouvelle ses hauts dirigeants à l'occasion du 18e congrès
du Parti communiste chinois. En mars, Xi Jinping succédera à Hu Jintao,
président de la République Populaire de Chine depuis 2002.
Piège économique
Tandis que les américains et
les anglais se sont épuisés sur les champs de bataille d’Irak, que les troupes
européennes pacifiaient l’Afghanistan et que les commandos secrets français traquaient
les terroristes d’Al-Qaeda, les chinois tissaient tranquillement leurs filets
pour enserrer le monde occidental dans leur piège économique. Ils agissent dans
l’ombre pour consolider leurs positions stratégiques dans les régions du monde
où ils étaient jusqu’alors absents.
Le continent africain, en dépit
des troubles qui le ravagent de manière permanente, a en premier été choisi
comme terrain de prédilection pour l’implantation locale des chinois à la
manière des premiers «impérialistes». La Chine y trouve les matières
premières énergétiques et minières indispensables à sa croissance et, pour
cela, ne pose aucune condition politique à son partenariat avec les africains ni
à son soutien diplomatique à l’ONU. Par opposition aux occidentaux, elle sait
se montrer discrète et fermer les yeux sur les évènements dramatiques car elle
privilégie ses intérêts immédiats à une stratégie globale stérile. L’exemple du
Darfour est flagrant puisqu’elle garantit ses approvisionnements pétroliers
sans se préoccuper des massacres qui s’y déroulent.
L’essor industriel et
économique chinois passe par un développement des échanges avec l’Afrique et il
connaît une croissance exponentielle puisque la Chine est le deuxième client
du Gabon après les U.S.A, le deuxième fournisseur du Bénin, le cinquième de
l’Afrique du Sud et le sixième de l’Algérie. Les entreprises du bâtiment
n’hésitent plus à concurrencer les plus grands français tels Dumez et Bouygues.
Ses réserves illimitées de devises lui permettent d’investir de manière
significative à l’étranger en se positionnant comme le cinquième pays après les
USA, l’Allemagne, l’Angleterre et la France.
Ces investissements ont pour
but essentiel de lui assurer ainsi un approvisionnement régulier en matières
premières. Sa technique originale d’approche réussit parce qu’elle ne pose
aucun problème politique aux africains en les laissant libres de leur vote et
de leur choix. Par son attitude réservée, elle évite de donner des leçons de
démocratie, le pourrai-elle d’ailleurs ? Elle ne propose jamais d’implantation
militaire sauf lorsqu’il s’agit d’une opération de maintien de la paix comme au
Libéria par exemple.
Alors la Chine offre ses services tandis
que les coûts du savoir-faire chinois et de la main-d’œuvre de coopération sont
plus incitatifs grâce à des taux des crédits les plus attractifs du monde. En
finançant directement les
infrastructures de fournitures de matières premières, elle a acquis le rang de quatrième
pays importateur de pétrole du monde.
Problèmes économiques masqués
Toutefois,
l’euphorie de l’investissement à outrance ne masque nullement les problèmes
économiques auxquels doit faire face la Chine en dépit d’une croissance à deux chiffres.
La hausse continue des prix agricoles pourrait en fait se retourner contre la Chine. Malgré son
premier rang dans la production de blé (571 millions de tonnes en 2011) et de riz, la production stagne en Chine
qui reste dépendante des Etats-Unis, du Canada de l’Australie et de
l’Argentine.
En toute légalité, l’Europe se
laisse inonder par les marchandises de fabrication chinoise avec, à la clé, la
destruction du tissus industriel local. Le développement d’une maroquinerie de qualité
n’a pas fini de concurrencer sérieusement les meilleures entreprises
européennes. De même, en attaquant de front les industries de la chaussure
italienne et portugaise, les chinois ont entraîné les dépôts de bilan de
nombreux commerces de gros qui ne résistent plus aux prix cassés du pays du
levant. La France
perd ainsi des pans entiers de sa petite industrie sans réactivité de la part
des autorités et avec une passivité coupable de l’Europe entière.
La vente des Airbus justifie
cette pénétration dans un marché d’ordinaire confié à de petites entreprises
qui avaient l’initiative de la majorité des créations d’emplois. Tout le tissu
de la petite industrie s’effiloche avec résignation sans chercher une parade
technique à des agissements sournois au grand jour. Mais le plus étonnant s’inscrit
dans le développement d’activités dans un domaine où les chinois n’avaient pas
vocation à l’être et où leur expertise n’était pas reconnue. De nombreuses
brasseries parisiennes des meilleurs quartiers de Paris sont rachetées à prix
d’or aux auvergnats et aux aveyronnais pour laisser entendre que les chinois se
refusent à être cantonnés dans le domaine réservé de brasseurs de main-d’œuvre
à bon marché. Les boulangeries parisiennes sont à présent prises d’assaut ainsi
que les entreprises de luxe de renom.
Génie chinois
Le
dernier avatar requiert notre admiration. La Chine se trouve en concurrence avec les nouveaux
pays pauvres entrés au sein de l’Europe, la Pologne ou la Roumanie en
particulier. Pour pallier ce blocage, des immenses tankers déclassés, réformés du transport de
pétrole et voués à un démantèlement dans un port du Bengladesh, ont été
rachetés à bas prix par des entrepreneurs chinois qui les ont retapés,
reconditionnés, transformés et réadaptés en usine flottante incluant les
meilleures machines industrielles. Mouillant aux larges des côtes italiennes et
même françaises, dans des eaux internationales soumises uniquement aux lois
chinoises, les tankers abritent une escouade d’ouvriers aux salaires dérisoires
et aux horaires frisant l’esclavage. La Chine peut alors satisfaire en quelques jours la
demande des industriels européens heureux de trouver des prix compétitifs et
des délais de livraison exceptionnels grâce à une simple navette entre l’usine
sur eau et le port le plus proche.
Dans une
conjoncture dégradée, la Chine a annoncé un excédent commercial et des
exportations en forte hausse, moins que l’an dernier cependant. Les exportations
ont progressé de 11,6% tandis que les
importations ont seulement légèrement augmenté de 2,4%. L'an dernier, les exportations
avaient encore crû de plus de 20% et les importations de près de 25%. Malgré
ces chiffres qui rendraient jaloux les occidentaux, la Chine s’inquiète et cherche à une réorientation de son
économie.Les Etats-Unis perdront leur place de première puissance mondiale,
dépassés par la Chine en 2016 puis par l'Inde, selon un rapport de
l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Pendant ce temps l’Europe
observe avec passivité la situation pendant qu’on lui vole des milliers
d’emploi ; la fourmilière chinoise est en pleine activité et nul ne semble
s’inquiéter de ce nouveau type de guerre économique.
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