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dimanche 12 mars 2023

L'immunothérapie contre le cancer



L’IMMUNOTHÉRAPIE CONTRE LE CANCER


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           

immunothérapie  : le Dr. Peleg Rider, Diana Rasoulouniriana et le Dr. Yaron Carmi.  Université de Tel-Aviv.

        De temps en temps on apprend par la presse qu’un tel ou untel est décédé après une «longue maladie», une manière discrète pour définir le cancer comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse, contagieuse, comme une sorte de lèpre sociale. Pour moi, le diagnostic est tombé brutalement alors que l’on s’attend le moins, surtout qu’aucun signe révélateur ne le laissait penser. J’ai estimé ne pas devoir le cacher car il y a une certaine lâcheté à ne pas subir le sort qui nous a été imposé. Certains pensaient que leurs amis allaient les fuir pour ne pas être contaminés ou pour ne pas simplement avoir à se lamenter. Au contraire, en l’annonçant, l’on est plus tenté de se battre sachant qu’il y a une fin à tout mais qu’il faut rester digne sans larmes et sans complexes. La réussite médicale sur un patient dépend aussi beaucoup de la victoire psychologique contre le crabe. Plus on reste fort et plus le combat devient à armes égales.


Injection intraveineuse


            Mais l’optimisme vient de la percée exceptionnelle dans la lutte contre le cancer à l’instar des chercheurs de l'Université de Tel-Aviv. Ils ont inventé un traitement innovant adaptable à différents types de cancers et qui produit des résultats incroyables depuis quelques années. Jusqu’alors on avait un traitement diabolique contre le "terrorisme" qui s’était installé dans le corps. On utilisait la méthode forte en bombardant le corps pour tuer les cellules cancéreuses mais en faisant des victimes collatérales, à savoir les cellules bonnes. C’est le rôle de la chimiothérapie qui pour certains se supporte mal et entraine des conséquences physiques sur le corps, en particulier l’attaque du système pileux. Le nouveau traitement aide le corps lui-même à se débarrasser de l'intrus. 

            Mais des chercheurs du Département de pathologie de la Faculté de médecine de l'Université de Tel-Aviv, dirigés par les Dr. Yaron Carmi et Peleg Rider, et la doctorante Diana Rasoulouniriana, ont découvert une population de cellules rares présente dans le système immunitaire des patients cancéreux, capables de se lier aux anticorps sur la tumeur et de la tuer, et ont réussi à fabriquer des cellules aux propriétés semblables qui se sont avérées efficaces. Selon eux, la méthode sert de plate-forme de développement d'un traitement innovant pour divers types de cancer. Au lieu de bombarder le corps de manière presque indéterminée, on l’aide au moyen de ces cellules à combattre les cellules cancéreuses qui se sont installées dans le corps sans y être invitées. Des injections régulières intraveineuses remplacent la chimiothérapie. 


Professeur Ronen Brenner


            Les Professeurs Ronen Brenner du Wolfson Medical Center et Haïm Gutman de l’hôpital Beilinson, ont publié leurs recherches dans la revue Journal of Clinical Investigation : «Nous travaillons sur l'immunothérapie, une méthode thérapeutique biologique basée sur l'activation du système immunitaire du patient lui-même pour lutter contre le cancer. Cette méthode suscite de nombreux espoirs en raison de son succès dans la réduction des tumeurs cancéreuses résistantes à la chimiothérapie et aux rayons. Cependant, jusqu'à présent, seul un succès partiel a été observé pour un nombre limité de tumeurs et la plupart des patients ne réagissent pas au traitement».

Selon les chercheurs, le système immunitaire dispose de deux mécanismes différents pour identifier les cellules cancéreuses et de les attaquer. L'un utilise des cellules appelées lymphocytes-T qui sont très meurtrières mais ne se lient que faiblement à la tumeur cancéreuse ; et le second se sert des anticorps capables de se relier fortement aux mutations sur la cellule cancéreuse, mais qui, en revanche, n’entraînent pas de destruction efficace. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont découvert un type de cellule rare qui allie ces deux propriétés : «Contrairement aux lymphocytes-T normaux, les cellules que nous avons découvertes sont équipées de récepteurs leur permettant de se lier à des anticorps sur les tumeurs cancéreuses et de les éliminer directement. Elles constituent donc un «raccourci» important, qui contourne le processus naturel complexe du système immunitaire. Selon leurs observations, il s'agit d'une population rare de cellules qui constitue un faible pourcentage des lymphocytes-T présents dans la tumeur». Les chercheurs ont également retrouvé de tels lymphocytes rares dans des tumeurs de souris atteintes de mélanome et du cancer du sein, ainsi que dans des échantillons cliniques de tumeurs provenant de patients cancéreux.

Haïm Gutman de l’hôpital Beilinson


Il s’agit d’un nouveau traitement innovant accessible pour un grand nombre de patients. Dans l'étape suivante, ils ont utilisé des méthodes de génie génétique pour imiter le mécanisme ainsi révélé, dans le but de produire une grande quantité de lymphocytes-T similaires à ces cellules rares, de manière à transformer cette découverte en une technique thérapeutique utilisable. Le nouveau traitement, qui combine des lymphocytes-T fabriqués se liant directement aux anticorps, et des anticorps supplémentaires également capables de s'accoler aux cellules cancéreuses, a été testé sur des souris atteintes de mélanome et est parvenu à détruire les cellules cancéreuses et à enrayer la tumeur.

Selon le docteur Carmi : «Notre étude combine les deux mécanismes du système immunitaire : la capacité destructrice des lymphocytes-T et l'aptitude à se lier étroitement à la tumeur au moyen des anticorps. Nous avons ainsi créé une nouvelle plate-forme d'immunothérapie pour le traitement futur de nombreux types de cancer. Dans le cadre de cette méthode, il sera possible de prélever des lymphocytes-T du patient, de les modifier en laboratoire, puis de les réintroduire dans l'organisme munis d'anticorps spécifiques adaptés à sa maladie. Il est important de noter que la plupart de ces anticorps sont déjà fabriqués dans l'industrie, et existent sous forme de produits en vente approuvés et sûrs. De cette manière, les cellules modifiées que nous avons développées devraient permettre un traitement innovant de diverses tumeurs malignes accessible pour un grand nombre de patients».

Hôpital Beilinson


            Plusieurs patients ont vu leur vie s’allonger. Certains suivent ce traitement depuis trois ans alors qu’on ne donnait pas cher de leur vie. Cet article n’a aucun but de voyeurisme ni de commentaires larmoyants mais il peut servir à aider psychologiquement ceux qui sont atteints par le crabe pour qu'ils gardent espoir. Il ne s’agit pas de susciter la pitié, elle est destructrice. Je continuerai à écrire et à parler jusqu’au bout de mes forces, pour l’instant intactes et même plus toniques qu’avant, même si le combat est disproportionné. L’écriture est pour moi un dérivatif pour ne pas penser au sort qui peut m’être réservé malgré moi. Mon cas n’est pas unique mais grâce à la science, nous vaincrons.

 

13 commentaires:

Michel Israël YEFROYKIN a dit…

""De temps en temps on apprend par la presse qu’un tel ou untel est décédé après une «longue maladie», une manière discrète pour définir le cancer comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse, contagieuse, comme une sorte de lèpre sociale"". Bravo de l'écrire. j'ai souffert durant 25 ans de dépression et d'alcoolisme, aussi des maladies honteuses. Je me suis toujours ouvert aux autres . Nombreux ont été heureux que je leur en parle. Ils en souffraient également. Cela a libéré leur "honte" et ont retrouvés un bien être social. Ma sœur en est morte et a été très courageuse par sa volonté de lutter contre la mort quoi qu'il arrive. Kol hakavod mon ami d'en parler avec autant de liberté et de franchise

Bernard Meyer a dit…

Merci pour ton article. Tu affrontes la maladie avec sagesse, on compte sur toi pour trouver le chemin de la victoire.

Anonyme a dit…

Bravo Jacques ! Parler ouvertement, écrire, ne pas perdre d ' énergie à cacher, c'est le chemin de la guérison, c est surmonter la maladie.
J ai entendu cette semaine une statistique excepcionnelle : en Israël , le taux de mortalité du cancer a baissé en 20 ans de 50 % à 20 % !! Donc espoir et optimisme ! Continue sur cette voie

Anonyme a dit…

Bon courage Mr Jacques
En espérant que vous puissiez bénéficier de cette nouvelle thérapie
Nous avons tant besoin de vos lumières sur cette planète
Et que quelque part...Yahveh vous protège, puisque nous faisons partie de ce Monde...

Marc a dit…

Bon courage M. Benillouche!
Je vous souhaite le succès et la réussite dans cette lutte!
Tous mes voeux de bonne santé

frenkel david a dit…

Permettez-moi de me joindre à ceux qui vous souhaite longue vie et bonne santé

Anonyme a dit…

Mon cher Jacques,
Cet article te ressemble : pragmatique, précis et efficace et surtout plein d’espoir.
On va continuer à avoir nos joutes verbales… et surtout te lire régulièrement… on en a besoin…
J’aime et surtout j’admire ta façon (détachée) …de t’élever au dessus de ce vilain crabe ..
Continue à avoir des projets pour toi et pour nous
Lulu de Nice

Michael BOUTBOUL a dit…

Je pense que dans ce texte courageux et digne, l'auteur a voulu en filigrane attirer l'attention sur la qualité de la médecine israélienne, longtemps décriée.

Georges Kabi a dit…

D'abord, Jacques, ta declaration m'a bouleverse. Je ne sais pas comment je meublerai mon temps libre sans lire tes propos toujours aussi judicieux, toujours impartial, toujours d'un journaliste qui illustre si bien cette profession si attaquee.
Concernant l'immunotherapie, ce traitement est connu depuis au moins une quinzaine d'annes en Israel. Mon gendre, age de 43 ans, a ete atteint d'un cancer des glandes lymphatiqques du type non-Hodgkins de puisssance 4 (sur 4). Il avait 28 ans lorsqu'il tomba malade.
Il fut traite d'abord par la chimiotherapie, puis par la radiotherapie et enfin on lui extraya de son corps des cellules "blanches" qui furent "nettoyees" puis reinjectees dans son corps. La procedure a ete douloureuse, il etait branche sur la morphine intra-veineuse 24 heures sur 24. Touute la famille s'est mobilisee pour lui venir en aide, d'abord ma fille, sa femme, mais aussi ses parents, es freres et soeurs, et ses beaux parents (nous). Nous avons loue un appartement a Petakh Tikva que nous utilisions a tour de role.
Le traitement et les soins ont ete fait a l'hopital "Sheba" a Tel Hashomer. A l'rpoque c'estait le seul hopital qui procedait cette therapie. En tout, il fut hospitalise pres de deux ans et s'en sortit. C'est vrai, cela a laisse des traces principalement psychologiques: vivre pres d'une mort probable n'est pas facile pour un homme jeune de 28 ans, jeune marie aussi.
Un seul conseil: trouve le meilleur service hospitalier et ne lesine pas sur les demarches a suivre, les pistons a faire fonctionner a plein regime, meme graisser la patte si cela est necessaire. Nous avons fait cela pour Ro-i, qui actuellement prepare une these de doctorat sur l'enseignement des sciences. Nous continuons a les aider, a garder les petits, a lui procurer tout l'amour et la tendresse. J'espere que tes siens en feront de meme pour toi, tu le merites.

DAVID a dit…

Je vous souhaite une bonne santé, M. Benillouche et merci pour les articles de votre blog qui décryptent ce proche-orient si compliqué.

Gérard ZEITOUN a dit…

Bonjour Jacques,

Je n'ai pas été étonné de lire que tu avais un cancer du foie, je l'avais compris dès que tu m'avais expliqué tes symptômes au téléphone.

Aurai-je fait comme toi? Je ne sais pas, mais ton article a eu l'assentiment de tous ceux qui ont réagi.

Bernard Meyer parle de "victoire". Mais la victoire est impossible. En effet, si la médecine a fait des progrès énormes, l'homme restera toujours mortel. Heureusement. (Cf le livre de Barjavel , le grand secret) Ainsi, mon père qui n'était pas plus malade que moi à ce que j'ai compris, est mort à 45 ans, (j'avais 7 ans et ma petite sœur 6 mois) et moi, je suis dans ma 82ème année, certes aidé par de nombreux médicaments. D'où le problème de financement des retraites que nous connaissons actuellement en France.

J'ai dit à mon nouveau cardiologue lorsque le mien est parti à la retraite: "Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, mais je préfère quand-même continuer à faire de l'ombre sous le soleil." Il faut toujours encourager ton médecin à te soigner...

Il y a quand-même quelque chose que je n'ai pas aimé dans ton article, c'est quand tu parles du crabe pour parler du cancer. Certes, c'est une image, mais j'ai horreur des hommes qui utilisent les animaux pour définir les mauvais penchants des humains. Les animaux sont meilleurs que nous. Je ne mange pas casher et je me souviens de fameuses soupes aux étrilles que nous préparait ma belle-mère. Alors exit le crabe.

D'ailleurs, pour Vercors, l'homme est un "animal dénaturé". Beau livre aussi.

Dans le bouddhisme, il faut tout faire pour se réincarner en être humain et il y a autant de réincarnations tant que l'humain n'a pas atteint la perfection, c'est à dire le détachement, le Nirvana.

Moi, j'espère au contraire que les réincarnations se font de l'homme à l'animal puis en tout être vivant de plus en plus fruste, de l'homme au singe, puis au chien ou au chat, en oiseau, en ver de terre, en arbre et enfin en pierre. Enfin calme et serein, c'est le Nirvana.

Pour terminer en poussière dont il est écrit dans la bible que nous en sommes issus. Enfin mes molécules pourront voyager à travers le monde au grès des vents sans utiliser une seule énergie fossile, et fini le syndrome de culpabilité que les informations nous inculquent d'émission en émission.

Un anonyme a écrit que Yahvé vous protège puisque nous faisons toujours partie de ce Monde. Ce n'est pas ce que je pense, mais je préfère ne pas développer.

Il faut que j'arrête là car je crois que je suis de plus en plus hors-sujet.

Alors, mon cher Jacques, je te souhaite tout simplement la meilleure santé possible, et bon courage.

Ton ami d'enfance, le Dr Gérard Zeitoun, médecin entérologue retraité

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,



Depuis que vous l’avez rendue publique, je tourne et retourne dans ma tête cette nouvelle de votre maladie.

Vos amis lecteurs et commentateurs ont su, mieux que je ne saurais le faire, vous prodiguer leurs encouragements.

Je me contenterai donc de vous renouveler ici l’expression de toute l’amitié que j’ai pour vous, qui n’a cessé de grandir depuis le premier jour où je me suis enhardie à commenter un de vos articles sur Slate, jusqu’à ce jour funeste, où ayant perdu pied face à la tournure que prenait la politique israélienne, à laquelle je ne comprenais plus rien, j’ai jugé préférable pour vous et pour moi, de mettre fin à ma collaboration à Temps et Contretemps, que vous m’aviez offerte si généreusement.

Une nouvelle époque s’ouvre pour vous, je vous souhaite de la traverser avec l’aide des vôtres dans les meilleures conditions possibles, quant à moi, je vous serai éternellement redevable !

Et comme j’en avais l’habitude, permettez-moi, de terminer une fois encore, en disant :

Très cordialement,

Anonyme a dit…

Que de témoignages de sympathie à votre égard. Chauds les cœurs !
Dans ce mélo d’informations sur et autour d’Israël, vous m’avez éduqué depuis que je vous lis et je vous en remercie ici.
L’obsession d’être équilibré dans vos articles, nous permet de ne pas être manipulé et d’être moins influençable.
Je pense autrement l’actualité régionale, grâce aussi à vos amis rédacteurs sur Temps et Contretemps.
Quel foutu contretemps !
[Herve G. Zeghbib / Jonathan Livingstone]