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dimanche 5 mars 2023

Les frappes chirurgicales d'Israël en Syrie

 

LES FRAPPES CHIRURGICALES D’ISRAËL EN SYRIE

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


             

bâtiment endommagé après une frappe de missiles israéliens à Damas, le 19 février 2022

        L’Iran et la Russie ont fermement condamné l’action aérienne attribuée à Israël le 19 février 2023. Quinze personnes ont été tuées par une frappe israélienne sur un immeuble d'habitation à Damas, dans un quartier résidentiel sécurisé abritant un centre culturel iranien et le siège de plusieurs organes de sécurité. Comme à l’accoutumée, Israël s'est refusé à tout commentaire.  Il s’agit du raid le plus meurtrier depuis 2011. La frappe a visé le quartier de Kafar Sousa, une zone de haute sécurité qui abrite les sièges de services de sécurité et de renseignement et où vivent de hauts responsables. Des missiles israéliens ont également visé un entrepôt de milices pro-iraniennes et du Hezbollah libanais près de Damas. Le ministère syrien de la Défense a déclaré : «À 00h22, l'ennemi israélien a commis une agression aérienne depuis le plateau du Golan, visant plusieurs secteurs de Damas et de ses environs, dont des quartiers résidentiels. La DCA syrienne a abattu plusieurs missiles».




  À Téhéran, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani, a «fermement condamné les attaques du régime sioniste contre des cibles à Damas et dans sa banlieue». L'agence de presse iranienne Tasnim a assuré «qu'aucun Iranien n'a été blessé». La Russie, alliée de Damas, a elle-aussi «fermement condamné» ces frappes, appelant Israël à «mettre fin aux provocations armées contre la Syrie, qui pourraient mettre en danger toute la région». Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes aériennes ciblant prioritairement des positions des forces iraniennes et du Hezbollah libanais ainsi que les convois d’armes à destination du Liban. Israël affirme régulièrement qu'il ne laissera pas l'Iran étendre son influence à ses frontières. Netanyahou avait prévenu que «Nous ne laisserons pas l'Iran obtenir des armes nucléaires et nous le laisserons pas s'implanter sur notre frontière nord».

Frappe israélienne Syrie 19 février 2023


    L'attaque de Damas survient un peu plus d'une semaine après qu'un pétrolier appartenant à un homme d’affaires israélien aurait été touché par des drones dans la mer d'Oman. L'incident maritime avait fait suite à une frappe de drone sur un atelier militaire dans le centre de l'Iran imputé à Israël. Le 19 février, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a «fermement exhorté Israël à mettre fin aux provocations armées contre la République arabe syrienne et à s'abstenir de mesures lourdes de conséquences dangereuses pour toute la région». En revanche, lors de la visite du ministre israélien des Affaires étrangères, Elie Cohen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié Israël de «notre partenaire important au Moyen-Orient» et a décrit l'Iran comme «un ennemi commun».

Missiles sur la Syrie


   Les services de renseignement confirment que la frappe aurait visé de hauts commandants militaires iraniens en particulier Esmail Qa'ani, le commandant de la force expéditionnaire Al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), en déplacement en Syrie. Il a échappé à la frappe mais la principale cible des frappes aurait été les bureaux de «l'unité 840» de la force Al-Qods. Qa'ani avait été nommé commandant de la Force Al-Qods en janvier 2020, en tant que successeur de Qasem Soleimani, tué lors d'une frappe de drones américains à Bagdad. L'unité secrète 840 aurait été créée en 2016 et aurait été chargée de mener des attaques en dehors de l'Iran. En mai 2022, le colonel du CGRI Hassan Sayyad Khodaei, qui était responsable de cette unité, a été assassiné près de son domicile à Téhéran, lors d'une attaque imputée à Israël.

L'Ayatollah Ali Khamenei, en compagnie du commandant de la force du CGRI Ismail Qaani


  Pour les observateurs militaires cette attaque de la Syrie est considérée comme une escalade dans le conflit alors que l'Iran prétend qu'il n'a pas de troupes sur le terrain en Syrie mais quelques «conseillers».  Ils pensent que, compte tenu des efforts apparents de l'Ukraine pour obtenir un plus grand soutien d'Israël, une collaboration plus étroite entre Kiev et Jérusalem pourrait modifier la dynamique en Syrie. Mais Moscou tient à établir une relation apaisée avec Israël. A priori donc, ces frappes ne devraient pas changer la donne.


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