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dimanche 5 mars 2023

L'U.E et la question migratoire par Francis MORITZ

 

L’U.E ET LA QUESTION MIGRATOIRE

 

Par Francis MORITZ

 

Réfugiés ukrainiens arrivant en Allemagne

La question migratoire devient la prochaine grande source de conflit au sein de l'Union européenne, car la France et l'Allemagne ont déjà des opinions divergentes sur différents sujets. L'UE tente de réguler le flux des immigrés et de distinguer entre les migrants réguliers, irréguliers et illégaux. Cependant, le conflit en Ukraine est actuellement une priorité plus élevée. L'Allemagne est confrontée à des tensions internes et est devenue un membre clé de l'OTAN dans le conflit avec la Russie. Le pays fait également face à un déclin démographique et a besoin d'environ 400.000 immigrants qualifiés chaque année. Le gouvernement allemand a nommé Joachim STAMP pour conclure des accords avec les pays africains et d'autres pour établir des procédures d'asile. En 2022, l'Allemagne a reçu 244.000 demandes d'asile, dont plus de 50% ont été acceptées, et plusieurs centaines de milliers de personnes rejetées devraient être expulsées. Actuellement, plus d'un million de réfugiés sont en Allemagne en raison de la guerre en Ukraine, et certains resteront probablement. Les politiques des différents pays de l'UE sont opposées les unes aux autres sur cette question.


Joachim STAMP représentant spécial pour la question migratoire en Allemagne


L'Union européenne envisage de réviser les conditions d'expulsion, car le nombre de personnes expulsées a augmenté. Au deuxième trimestre 2022, près de 100.000 personnes ont été expulsées, dont plus de 23.000 d'un pays de l'UE vers un autre. La France a prononcé le plus grand nombre d'arrêtés d'expulsion, suivie par la Grèce, l'Allemagne et l'Italie. Selon les nouveaux paramètres envisagés, des centres d'accueil pourraient être créés dans les pays d'émigration, où les demandeurs pourraient déposer leur dossier en échange d'un quota officiel d'immigrants légaux et du retour des expulsés. Il est également envisagé de renvoyer les personnes secourues dans un pays d'Afrique du Nord pour y traiter leur demande. Les spécialistes sont sceptiques quant à la faisabilité de ces propositions et s'interrogent sur ce que l'Allemagne peut offrir à ces pays de transit. Les déboutés de l'asile restent une question brûlante, et les Allemands proposent une autorisation temporaire de résidence pour pallier le vide juridique existant dans toute l'UE. Enfin, l'Europe a perdu de son influence en Afrique, et le renvoi des personnes dans leur pays d'origine est complexe.Haut du formulaire

Migrants arrivant dans une ile grecque


Comment l’Allemagne expulse-t-elle,

En Allemagne, les étrangers coupables d'infractions pénales ou considérés comme des membres d'organisations terroristes peuvent être détenus et expulsés vers leur pays d'origine, alors que la France ne procède pas automatiquement à l'expulsion des délinquants ou des personnes inscrites au fichier S. L’entrée illégale n’est pas considérée comme un délit actuellement. La France a un projet visant à rendre plus automatiques les expulsions, mais il reste encore loin d'être appliqué. En 2022, l'Allemagne a expulsé 12.945 déboutés vers différents pays, alors qu'en 2021, ce chiffre était de 11.982. Les déboutés en Allemagne et en France ont la possibilité de faire appel, les divers recours retardent d’autant la décision finale, et il arrive même que des expulsés reviennent en Europe.

Fin 2022 il y avait 302.308 déboutés devant quitter l’Allemagne. Le chancelier Scholz avait annoncé son intention d’entamer une action offensive au point de vue des expulsions. En fait c’était surtout un effet d’annonce, car renvoyés les demandeurs originaires d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak ou de Gaza est impossible.

Camp de migrants en Turquie financé par l'UE


L’immigration choisie allemande,

La problématique spécifique répond à ses besoins en matière d’immigration choisie, lui fait faire un virage majeur dans ses options et ses conditions d’accueil. Le représentant spécial déclare dans un communique «Ceux qui veulent travailler en Allemagne doivent se voir offrir des opportunités équitables. Les criminels et les individus dangereux doivent être expulsés. Il est indispensable de conclure des accords concrets avec les pays d’origine» Ce schéma ne pourra être efficace que si ses modalités sont applicables dans tous les 27 pays de l’UE. À défaut d’unité cela restera un vœu pieux. 

Camp de migrants en Libye financé par l'UE


Les pays qui prennent des arrêtés d’expulsion,

La France est en première position avec 33.450 arrêtes au deuxième trimestre 2022, la Grèce suit avec 8.750, l’Allemagne avec 8.275, l’Italie 6.020. De fait, la France a procédé à 3.500 expulsions, plus que les 2.785 allemandes. La Suède qui a fait un temps figure de grand pays d’accueil pour les migrants a expulsé 2.380 déboutés, la Grèce 1.770. Les Albanais constituaient le premier groupe, suivis des Russes, des Georgiens et des Turcs.

Les membres de l’UE semblent avoir trouver une base d’accord. Alors que l’UE accueille des millions de réfugiés d’Ukraine, de Syrie, d’Afghanistan, y compris des migrants économiques inéligibles à l’asile, Madame Ursula von der Leyen a déclaré : «Les dirigeants européens ont convenu de mesures plus strictes pour lutter contre la migration irrégulière. Nous agirons pour renforcer nos frontières extérieures et empêcher la migration irrégulière» (sans autres précisions)

Nouveauté, une décision d’expulsion prise dans un des pays s’appliquera dans toute l’UE. Afin d’augmenter le pourcentage d’expulsion actuel (entre 10 et 15% des déboutés). L’UE aurait acté le principe empêchant un demandeur d’asile refusé dans un des pays de s’adresser à un autre pays membre. Enfin selon le communiqué final, les dirigeants ont appelé la commission à mobiliser immédiatement des fonds européens substantiels pour renforcer la frontière extérieure de l’UE avec des moyens et des infrastructures de protection, des moyens de surveillance, y compris aérienne et des équipements. Ce communiqué assez vague, ressemble plus à un effet d’annonce nécessaire imposé par la conjoncture car aucun des moyens cités n’est financé ni près de l’être vu la conjoncture politique et économique actuelle.

La proposition de construction d’un mur aux frontières avec les pays de transit (Croatie, Grèce) est rejetée.  Josef Borrell en charge des AE a déclaré que Forteresse Europe n’est pas la réponse et appelle à proposer aux immigrants des procédures légales. On voit bien qu’il s’agit de déclarations d’opportunité mais pas de véritables solutions applicables sur le terrain. En revanche, il y a un rapport avec le déficit démographique allemand. Sa population est en déclin et avec elle le nombre d’étudiants en sciences et en ingénierie. Dans ces créneaux, il y a 5 ans il y avait en moyenne sept candidats pour chaque poste, ce nombre tombe actuellement à trois. 

          Au vu des projections connues, la France n’a pas ce problème. On part donc d’une hypothèse très différente en matière d’immigration, qui se traduit par des options radicalement opposées qu’on ne peut ni ignorer, ni cacher.

Ce qui change

De nombreux pays sont confrontés à une pénurie de main d’œuvre qualifiée, tant pour répondre aux besoins de la transformation des moyens de production industriels que du passage à l’économie verte. Handicap supplémentaire pour le pays le plus industrialisé d’Europe, de nombreux techniciens et ingénieurs partent à la retraite. En avril 2022, le pays recensait un déficit supérieur à 300.000 étudiants inscrits dans les matières industrielles et scientifiques.  Cette pénurie affectera à terme l’industrie où la pression en matière d’innovation est considérable et requiert l’embauche de spécialistes. Le mot d’ordre devient Education, Innovation, Immigration. A défaut de répondre à ces besoins à terme, la compétitivité allemande déjà largement remise en cause par la crise énergétique en souffrira et entrainera de nouvelles délocalisations hors d’Allemagne. 

La France dont le déficit commercial 2022 de 164 milliards est le pire depuis des années, pendant que la dette publique devient abyssale à plus de trois mille milliards en 2023. A ce stade les perspectives européennes sont peu favorables malgré les déclarations des dirigeants qui semblent ne s’intéresser qu’au conflit en Ukraine et la mise au tapis de la Russie. Le président français souhaite que l’Europe fabrique ses équipements militaires au lieu de les acheter, sous-entendu aux États Unis. Ce qui n’est pas pour demain. En France, un plan en matière d’immigration est en préparation mais on craint déjà les demi-mesures et la création de lois supplémentaires inapplicables sur le terrain. On ne gagne aucune guerre, qu’elle soit militaire, économique ou politique avec des effets d’annonce ou des coups de menton.

 

4 commentaires:

Philippe BLIAH a dit…

Intéressant article. Personnellement j'aurais titré : l'UE et les problème migratoires .... en m'efforcant de démontrer qu'au fond la véritable question se pose concernant les ethnies culturelles religieuses particulières unies dans une meme croyance rendant difficile voire impossible l'intégration de masse à la différence de toutes autres quelles soient chinoises, italiennes, espagnoles etc... etc... lesquelles n'ont jamais suscité à l'échelon européenne un tel rejet.

Francis Moritz a dit…

Merci Mr BLIAH pour votre commentaire. On peut certainement aborder la question sous un angle différent. Je me suis appliqué à essayer d’analyser les faits et éventuellement d’en retirer des enseignements. Les faits parlent d’eux même. Il s’agit d’une immigration extra européenne. Son éducation, ses mœurs, sa mentalité, sa ou ses religions différent de celles de l’Europe (prise en bloc) L’immigration intra européenne n’existe pratiquement plus, excepté des Albanais, des Kosovars, des Georgiens, des Turcs. Certains pays sont déjà confrontés à un déficit démographique. Ils sont demandeurs. D’autres désindustrialisés, la France, pas encore face à ce problème ne sont pas demandeurs. On voit bien qu’entre les 27 il y a plus que des nuances, en fait de réelles différences idéologiques et des besoins de nature différente. Ce qui conduirait l’UE à ÉTABLIR les fondements d’une politique étrangère partagée par les 27. On n’en est pas là avec 27 ministres des AE. Alors chacun joue sa partie, malgré les réunions, déclarations et coups de mention.
Bien cordialement

Véronique ALLOUCHE a dit…

@bliah, moritz
Tant de précautions verbales chez vous pour parler des musulmans est affligeant. Vous mettez en parallèle les populations émigrées européennes telles qu’espagnoles, italiennes ou toutes autres par rapport à celles d’Afrique ou du Maghreb. Vous faites le rapport entre elles par la seule différence de religion et de mœurs qui seraient la cause de la non-intégration. Hors ce que vous omettez d’écrire c’est que les populations européennes citées plus haut sont arrivées en France à l’époque des « 30 glorieuses », années bénies du plein emploi. Nombreux parmi eux étaient sans instruction, sans diplômes, souvent analphabètes, étrangers à la langue française, mais le travail ne manquait pas. Eux aussi ont vécu le rejet des autochtones ( lire « Les ritals » de Cavanna). Certes ils se sont fait une place au sein la société française mais compte tenu de l’époque, il était plus facile de s’adapter. La France avait alors les moyens de les intégrer.
Vous mettez en cause la religion, les mœurs et les coutumes de la population musulmane, mais après la guerre d’Algérie y avait-il un problème avec ceux qui creusaient nos routes? Ceux qui vidaient nos poubelles?
Seul le travail permet de s’intégrer, de s’assimiler. Faute de quoi la déshérence conduit à ce que nous observons en Europe: l’islamisme radical.

Francis Moritz a dit…

Chere Madame Allouche, je ne sais pas si vos commentaires me sont directement adressés. Ceci étant, me concernant, je pense que vous m'avez mal lu. La réalité est celle du XXI siècle Nous ne sommes plus au temps des 30 glorieuses, 50 ans ont coulé sous les ponts.La France contrairement à l'Allemagne n'a pas les memes besoins et j'ai mis en évidence que ce que veut Berlin n'est pas ce que souhaite Paris. La guerre en Ukraine a amené un million d'Ukrainiens en Allemagne contre une centaine de milliers en France. Oui ce sont des " type caucasien, version passeport" et chrétiens.
L'Allemagne a su intégrer une large communauté turque puis en 2015 près d'un million de réfugiés. Bien que saturée de migrants aujourd'hui par l'afflux d'Ukraine voire aussi de Russie ( bcp moins) s'apprête par force à en intégrer à nouveau quelques centaines de milliers de plus.Il est vital pour elle de combler son deficit démographique et de remplacer ses travailleurs qualifiés.Cherchez l'erreur.
Bien cordialement,