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samedi 25 mars 2023

Israël en l'absence d'une Constitution par Daniel HOROWITZ

 

ISRAËL EN L’ABSENCE D’UNE CONSTITUTION


Par Daniel HOROWITZ


          La démocratie est un système de gouvernement et un cadre légal qui s’adapte aux peuples de manière dynamique. La crise actuelle révèle à quel point Israël n’est pas politiquement mûr de ce point de vue-là. La coalition au pouvoir n’a pu déposer son invraisemblable projet de réforme judiciaire que moyennant un néant constitutionnel. Il faut d’urgence une base juridique de gouvernance afin d’exclure toute dérive totalitaire, qu’elle soit d’inspiration théologique ou idéologique.


Cour Suprême au complet

Le hasard a voulu qu’en ce moment même il y ait une situation tendue en France, avec des manifestations de grande ampleur. Bien que celles-ci semblent plus violentes qu’en Israël, les enjeux sont très différents.  En France il s’agit d’un mouvement social, alors qu’en Israël nous assistons à un conflit civilisationnel entre une droite libérale, laïque, patriotique d’une part, et une droite obscurantiste, théocratique et fascisante d’autre part.

La gauche quant à elle est pratiquement absente sur l’échiquier politique, mais demeure influente dans la magistrature. Cela a pour effet que quand la Knesset légifère, la Cour Suprême dispose du droit d’annuler des lois si elle les juge déraisonnables, et peut le faire sans base juridique, logique ou constitutionnelle pour l’étayer. A sa seule discrétion, donc.

La Cour Suprême se comporte parfois comme une force politique à part entière mais dispose du pouvoir de retoquer des lois votées à la majorité par un parlement pourtant élu au suffrage universel. Cette anomalie existe depuis des décennies, mais la magistrature n’a jamais voulu céder la moindre parcelle de pouvoir malgré de nombreux appels à la réforme par une grande partie de l’opinion publique.

Cela a conduit l’extrême-droite et les partis ultra-orthodoxes du gouvernement actuel à soumettre à la Knesset une réforme judiciaire insensée, où les magistrats seraient désignés par le pouvoir en place et où la Cour Suprême n’aurait plus qu’un rôle consultatif. Il est difficile de faire des prédictions, surtout quand il s’agit de l’avenir, comme disait l’autre. Mais ce qui pourrait arriver, du probable à l’improbable, pourrait être une marche arrière du gouvernement, sa chute à la suite à un désaccord interne, un compromis avec l’opposition, une paralysie des institutions, un coup d’État, ou une guerre civile.

Le problème est et demeure l’absence de Constitution, bien que le pire ne soit jamais certain.


5 commentaires:

Marc Lev a dit…

Certes c'est le flou quant à un avenir proche ! Même si il y a une population grandissante dans la classe médiane qui se retrouve tirée vers le bas (et ce depuis de nombreuses années et divers gouvernements) la société israélienne ne me paraît pas encore prête pour un coup d'état que personnellement je suppute depuis quelques années. L'avenir va-t-il se diriger vers le chaos ou..!

Michel Goldberg a dit…

Merci Daniel
Bien posé les données
Moi je suis pssimiste
Michel

Anonyme a dit…

Factuellement, il y a 3 pays qui n’ont pas de constitution, Nouvelle Zélande, Angleterre et Israel. L’Allemagne comme Israël a une loi fondamentale depuis 1949 et une cour suprême basée à Karlsruhe qui a pour rôle de s’assurer que l’on applique ce qui est inscrit dans la loi fondamentale. Lorsque la coalition allemande a décidé de constituer une armée au sens offensif et non défensif, cf. La loi fondamentale, c’est cette cour qui est intervenue pour valider et modifier la loi. C’est ainsi que la republique fédérale a décidé d’investir cent milliards pour créer cette armée. En fait il ne suffit d’avoir une constitution pour que tout fonctionne, loin de là.
La France dispose d’une constitution, d’une assemblée, d’un sénat , d’un conseil constitutionnel et pour autant ça n’évite pas les conflits st les difficultés.Les vignerons connaissent ce problème, ce n’est pas le modele de la bouteille qui fait le bon vin, mais ce qu’on y met.
Bien cordialement,.

Avraham NATAF a dit…

Cette nouvelle gauche d'Israël ne ressemble pas à celle de Ben Gourion qui avait créé des kibboutzim, première ligne de défense avant la création de l'État Hebreu. Des pancartes de manifestants sont surprenantes comme ces appels à pendre les religieux avec leurs tefellim; tout juif a eu des ancêtres pratiquants.

Anonyme a dit…

Avraham Nataf - Où voyez-vous une "nouvelle gauche" ? Le vrai visage politique d'Israël est bien décrit dans son article par Daniel Horowitz : "En Israël nous assistons à un conflit civilisationnel entre une droite libérale, laïque, patriotique d’une part, et une droite obscurantiste, théocratique et fascisante d’autre part. La gauche quant à elle est pratiquement absente sur l’échiquier politique"
Les accusations de "gauchisme" serinées par les inconditionnels de Bibi sont des tentatives de diffamation uniquement destinées à la polémique.