MAHMOUD ABBAS RÉACTIVE LES RELATIONS AVEC ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
Mahmoud Abbas n’avait pas habitué
les Israéliens à tant d’audace. L’annonce de sa visite au domicile du ministre
de la Défense, Benny Gantz, le 28 décembre à Rosh HaAyin à 25 km à l'est de
Tel-Aviv, a provoqué un séisme au sein de l’opposition en Israël et de certains
clans palestiniens. La rencontre a été à l’initiative de Benny Gantz qui a
décidé de réveiller des relations figées depuis plus d’une dizaine d’année de
gouvernance Netanyahou. La réunion avait eu l’aval du premier ministre. Seul
Mahmoud Abbas a jugé nécessaire de justifier cette rencontre qui avait pour but
d’éviter, selon lui, une nouvelle intifada.
Al-Sheikh |
Hussein al-Sheikh, chef de
l'Autorité Générale des Affaires Civiles de l'Autorité Palestinienne et
porte-parole du Fatah, a estimé que cette visite était un avertissement : «Le
président Abbas a clairement fait savoir à Gantz que nous assistons à la
dernière opportunité avant qu'une explosion ne se produise, et que, sans
formule politique, la situation pourrait facilement exploser».
Mahmoud Abbas conduisait une
délégation de hauts responsables palestiniens venus discuter de questions de
sécurité et d’économie. Gantz a informé son interlocuteur qu’il avait
l’intention de «continuer à promouvoir des actions destinées à renforcer la
confiance dans les domaines économiques et civils, comme décidé lors de la
dernière rencontre entre les deux hommes». En fait, Gantz n’arrivait pas
les mains vides, conscient que les Palestiniens étaient en faillite. Il a
proposé un renflouement financier, une augmentation significative des cas de
regroupement familial et de nouvelles autorisations accordées aux hommes
d'affaires palestiniens pour entrer en Israël. Son ministère avait
décidé de «mesures de confiance»
comme un versement anticipé à l'Autorité palestinienne de 100 millions de
shekels (28,5 millions d'euros) en taxes perçues en son nom par Israël,
l'octroi de 600 permis supplémentaires permettant à des hommes d'affaires
palestiniens de traverser côté israélien, et la régularisation de 6.000
Palestiniens supplémentaires vivant dans un secteur de Cisjordanie sous
contrôle israélien.
Hussein al-Sheikh s’est encore
justifié en disant qu’il s’agissait d’une image
miroir de ce que les Américains avaient soumis à leurs homologues israéliens : «Ce
que nous avons dit est aussi ce que les Américains disent aux Israéliens : que
sans processus politique, les efforts sur le seul plan économique et
sécuritaire échoueront». Le département d’État en la personne de son
porte-parole, Ned Price, a approuvé cette rencontre : «Les États-Unis
sont très heureux que le ministre de la Défense Gantz ait accueilli le
président de l'AP Abbas chez lui en Israël. Nous espérons que les mesures
de confiance discutées accéléreront l'élan pour faire progresser davantage la
liberté, la sécurité et la prospérité pour les Palestiniens et les Israéliens
en 2022».
Sans surprise, le
Hamas a condamné la rencontre estimant qu'elle «s'écartait de l'esprit
national du peuple palestinien. Ce comportement de la direction de l'Autorité
palestinienne aggrave la division politique palestinienne, complique la
situation palestinienne, encourage certains dans la région qui veulent
normaliser avec l'occupant et affaiblit la position palestinienne qui rejette
la normalisation avec Israël». Hussam Badran, membre du politburo du Hamas,
a estimé «qu’une telle visite n'est acceptée ni par le front populaire ni au
niveau des factions, la qualifiant de continuation de l'échec de la coopération
avec les occupants. Nous sommes contre cette visite par principe mais
aussi parce que son calendrier suit l'augmentation des attaques de colons
contre notre peuple en Cisjordanie. Ces attaques sont protégées par l'armée
israélienne dirigée par le criminel Gantz». Cette sémantique violente de la
part du Hamas est habituelle, destinée surtout aux militants qui ne doivent pas
se démobiliser.
La rencontre
Abbas-Gantz est intervenue après la visite du conseiller américain à la
sécurité nationale, Jake Sullivan, qui avait laissé entrevoir à Mahmoud Abbas «la
reprise d'un niveau significatif d'aide économique et au développement de la
part des Etats-Unis» en cas d’avancée sérieuse. Alors que les
négociations israélo-palestiniennes sont au point mort depuis 2014, à l’arrivée
de Donald Trump, le nouveau gouvernement israélien veut améliorer le niveau de
vie des Palestiniens. Mais il est clair que le ministre de la Défense a profité
de la situation économique désespérée de l’Autorité pour renouer les relations.
Abbas n’avait pas le choix et il a accueilli les mesures israéliennes de
confiance avec intérêt.
La réunion entre les
deux délégations a duré environ deux heures et demie. Le coordinateur israélien
des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), le général de
division Ghassan Alian, et le chef de l'Autorité générale palestinienne pour
les affaires civiles Hussein al-Sheikh ont participé à la réunion puis Abbas et
Gantz se sont retrouvés en tête à tête durant une demi-heure. Le ministre israélien
de la Défense a commenté la réunion : «Ce soir, j'ai rencontré le président
de l'AP, Mahmoud Abbas. Nous avons discuté de la mise en œuvre de mesures
économiques et civiles et avons souligné l'importance d'approfondir la
coordination de la sécurité et de prévenir le terrorisme et la violence, pour
le bien-être des Israéliens et des Palestiniens». Cette rencontre du 28
décembre était la deuxième entre les deux dirigeants depuis l’entrée en
fonction du gouvernement Bennett. La première réunion officielle avait eu lieu à
Ramallah le 29 août et avait permis le déblocage de 155 millions de dollars à
l'Autorité palestinienne à valoir sur les recettes fiscales qu'Israël a
collectées au nom des Palestiniens.
Cette rencontre vient
après le geste israélien du 23 décembre qui a permis à 500 Chrétiens
palestiniens de se rendre en Cisjordanie pour les fêtes de Noël. Israël multiplie
les gestes de bonne volonté pour montrer sa bonne volonté. Même si certains
pensent que la visite d’Abbas était une initiative purement diplomatique, les
avancées économiques promises sont indispensables pour la survie de l’Autorité
palestinienne.
4 commentaires:
Cher Monsieur, ce que vous n'écrivez pas c'est que :
1) Mahmoud Al-Habash, conseiller d’Abou Mazen pour les affaires religieuses, a commenté sur la chaîne Al-Arabiya le contenu de la rencontre entre Benny Gantz et le chef de l’Autorité Palestinienne : « Dans cette rencontre, nous n’avons payé aucun prix politique en échange de tout ce qu’Abou Mazen a obtenu des Israéliens en faveur des intérêts des Palestiniens (…) Nous sommes toujours en situation de conflit et de lutte permanente avec l’ennemi israélien en faveur des intérêts des Palestiniens. Nous sommes enracinés dans cette terre et les graines de l’explosion sont toujours là »…
source info LPH
2)Dans ses premiers commentaires publics depuis la rencontre de mardi avec le ministre de la Défense Benny Gantz, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a lancé vendredi une attaque cinglante contre Israël, l’accusant de pratiquer « des politiques abominables de nettoyage ethnique et de terrorisme organisé » contre les Palestiniens.
Abbas s’exprimait à l’occasion du 57e anniversaire du lancement de la première attaque contre Israël par sa faction terroriste au pouvoir, le Fatah.
Abbas n’a pas mentionné dans son discours la rencontre avec Gantz, qui a été fermement condamnée par plusieurs factions et militants palestiniens.
« L’anniversaire du lancement de notre révolution survient dans des circonstances extrêmement critiques et difficiles en raison de la poursuite de l’odieuse occupation israélienne, de l’escalade de ses pratiques répressives et de sa persécution contre notre peuple, du vol de nos terres et de nos ressources naturelles, de l’étouffement de notre économie, de la retenue de nos fonds fiscaux et de la discrimination raciale », a déclaré Abbas.
Abbas a félicité les prisonniers de sécurité palestiniens détenus dans les prisons israéliennes pour leurs « sacrifices et leur patience », soulignant que les dirigeants palestiniens ne les abandonneront pas ni leurs familles.
Source : Tribune Juive
3) Israël a dénoncé à de nombreuses reprises les discours de haine dans les médias palestiniens
La télévision de l'Autorité palestinienne a récemment diffusé en direct les images d’une petite fille appelant à "bannir les scélérats de ma terre et à la libérer des Juifs".
Cette séquence, traduite par le Middle East Media Research Institute (MEMRI), a été diffusée sur Palestine TV le 28 décembre, à l’occasion d'une cérémonie organisée en l'honneur du 57e anniversaire du Fatah.
Dans celle-ci, une jeune fille d'une école primaire de Jénine lisait un poème demandant à Dieu de bannir les Juifs de la région.
Source I24 News
ALORS, DE GRACE MONSIEUR BENILLOUCHE, ne soyez pas naïf
@Frenkel David
Vous avez trop tendance à considérer à tort que notre site est un site militant qui ne publie que ce qui lui plait. Pour vous, rendre compte d’informations c’est soit les approuver, soit les condamner et l’on ne doit écrire que ce qui vous convient.
Dans cet article il n’y a ni approbation, ni condamnation, simples faits et citations sans prise de position. En revanche, certains sites que vous citez sont vraiment militants, et ne rendent compte que des informations négatives pour attiser nos relations.
Nos citations sont équilibrées et nous ne sommes pas là pour reproduire tous les articles. A vous de lire d’autres sites que le notre pour compléter vos connaissances.
Enfin, il faut éviter d’attaquer l’auteur en le traitant de «naïf». C’est un jugement inadmissible.
Monsieur Benillouche :
1) Sans être militant, vous auriez pu équilibrer votre article par cette actualité que je me suis donné la peine de vous en faire part, et dont j'ai eu l'honnêteté de citer la source
2) Est-ce militant de rapporter les faits et gestes du sieur Abbas ?
3) Dire que vous êtes naïf n'est nullement une attaque, mais un regret. J'aurais attendu de vous que vous ne montiez pas sur vos grands chevaux, mais que vous me contredisiez ce que je vous ai avancé.
Meilleurs vœux pour l'année civile 2022
@ Frenkel David
Pour clore le débat, si l’on ne discute pas avec nos ennemis on ne fera jamais la paix. On ne peut pas continuer ainsi à sacrifier nos jeunes dans des guerres stériles.
J’ai cinq petits enfants en ISRAËL, dont trois à l’armée dans des unités combattantes.
C’est facile de prôner la guerre car il est vrai que depuis Genève on ne voit pas les choses pareillement : les autres font le boulot pour vous et parfois meurent, certes au profit du peuple juif.
Or les jeunes rêvent d’espace, de voyages, de la belle vie de Genève ou Lugano. Or la jeunesse a été sacrifiée en 1967, en 1973, et en 2006.
Mais ne me dites pas que vous soutenez Israël car il faut y vivre et aucun chèque n’est suffisamment élevé pour compenser votre absence.
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