foule religieuse |
Grands feux |
Les humains, avec les hommes abasourdis par la rébellion des
femmes, la tenaille démographique entre le vieillement et la décroissance de la
population, définitivement dominés par leurs smartphones. La technologie, avec le
glissement de la réalité vers le virtuel, l’écartèlement grandissant entre les
nanotechnologies et les pétaflops, le noir de la matière, des trous, entourant
obstinément la conquête spatiale. Alors, on continue ? demanda-t-elle,
provocante.
Pas de raison que ça s’arrête, fit
immédiatement écho, le grand échalas de vétérinaire. En rappelant que les mêmes
causes produisent imparablement les mêmes effets. Des causes, solidement en
place. La planète copie l’univers. Elle aussi est en expansion. La
mondialisation a fait qu’on passe du local au global quasi automatiquement. Sur
le plan du commerce, de la finance, de la production et de la distribution, les
échanges sont multiples, immédiats, réciproques. La science n’est pas en reste.
Le Technion de Haïfa partage ses recherches en biologie avec un laboratoire de
Cambridge et l’université d’Osaka. La toile médiatique recouvre la Terre
entière. Soumettant à un bombardement uniforme, incessant, d’images, de
discours, d’informations, les peuples de tous les continents.
réalité virtuelle |
Le spectacle, le sport, la musique, installent un langage commun
d’images, de sons, traversant la variété des cultures, coutumes, des nations
les plus pauvres aux plus riches. Le tsunami digital, réseaux, intelligence
artificielle, big data, emporte plus ou moins rapidement, mais
irrésistiblement, les digues civilisationnelles classiques. Et ça n’est pas le
blocage momentané d’internet par des régimes politiques sur la défensive qui
stopperont cette offensive internationale. Épuisement des ressources, drame
climatique, crise écologique, rejoignent cet opéra mondial hyperbolisé. Auquel
les réponses hasardeuses, tentatives, hétérogènes, des gouvernements des États
du monde n’apportent qu’une conduite partielle, saccadée, forcément cacophonique.
«Le mieux est l’ennemi du bien». Ça n’est pas moi qui le dit, c’est
Voltaire, reprit alors l’avocate, chevelure noire, toute frémissante. Se
plaçant précautionneusement sous l’égide de l’écrivain philosophe. Toutes ces
contributions à l’amplification générale des phénomènes du monde vont se perpétuer,
concéda-t-elle. Mais il suffit peut-être de redescendre de l’échelle. De
l’échelle dressée par le monde contemporain. Et s’efforcer de remettre le tout
à l’échelle humaine. En politique, justement. En remettant à la place qui est
la sienne la religion. Celle des individus et non pas celle de la régulation de
la vie publique. Les immams dans la mosquée et pas dans les conquêtes armées. Les
Juifs orthodoxes dans la synagogue et pas au Parlement. Les pentecôtistes dans
leurs prêches et pas à l’assaut du Capitole.
Il suffit peut-être de remiser les idéologies aux placards de
l’histoire et de redonner aux idées la primauté qu’elles méritent. De prioriser
les besoins premiers, encore si mal répartis dans le monde, éducation, éradication
de la faim, rééquilibrage des conditions et statut des femmes, protection et
promotion de la jeunesse. De privilégier la recherche de solutions aux
questions concrètes posées par le monde par rapport aux développements des
différentes formes de réalité virtuelle. De favoriser l’évolution de la
démocratie en crise, l’adaptation du capitalisme à l’exigence d’égalité. De
réintroduire de la fraternité simple et directe par rapport à la totalisation
médiatique abstraite. Il suffit peut-être de se libérer de la fascination pour
la dimension irrésistible du progrès et de s’appliquer à la conduite contrôlée
de ses développements. De redonner sa place à l’homme dans sa complexité et sa
subjectivité.
famille nombreuse |
Jonathan se hasarda à évoquer un type de comparaison pouvant
éclairer le débat, mais sans oser la dévoiler, sans doute hypertrophiée elle
aussi dit-il car d’un caractère scabreux. Il en avait trop dit. L’injonction
unanime tomba : Ose, Ose !! Il tenta donc d’édulcorer l’histoire en
s’en tenant à la plus grande sobriété. Un père de dix-neuf enfants, attribuait
à sa femme la raison de cette situation. Elle est étrangère et comprend mal
notre langue expliquait-il. Quand nous nous couchons, et que je demande On
dort ou quoi ? elle répond Quoi ?
Le même automatisme conduit les hommes à subir et se laisser submerger
par l’hypertrophie des phénomènes que sa créativité génère. Elle est la
conséquence de la perte de contrôle du développement de l’humanité. Ce qui
permit à la prof d’anglais d’apporter victorieusement la conclusion finale. En
2022, choisissons nos enfants ! proclama-t-elle.
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