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jeudi 22 juillet 2021

Erdogan à la recherche de l'âge d'or avec Israël

 


ERDOGAN À LA RECHERCHE DE L’ÂGE D’OR AVEC ISRAËL


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps



          Après avoir voué aux gémonies l’État juif, la Turquie cherche à nouveau à apaiser ses relations avec Israël. Dans une action à forte incidence symbolique, Erdogan a tenu à féliciter par téléphone le nouveau président Isaac Herzog.  Ce geste diplomatique a pour but d’essayer de rétablir des relations normales, non conflictuelles, entre les deux pays. C’est la première fois depuis plusieurs années que des hauts responsables des deux pays engagent, selon la présidence israélienne, un «dialogue continu, malgré toutes les divergences d’opinions». L’un des objectifs de la Turquie est de faire avancer une solution réaliste au conflit israélo-palestinien, totalement abandonné par les accords d’Abraham. Erdogan, qui rêve toujours de prendre le leadership des pays musulmans sunnites, compte sur un événement fort pour revenir au-devant de la scène internationale.




Cet échange téléphonique a eu lieu au lendemain de la visite de Mahmoud Abbas à Istanbul. Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Erdogan s’est toujours montré sous le jour d’un fervent défenseur de la cause palestinienne car il ne pouvait pas «rester silencieux face à l’oppression exercée par Israël en Palestine». Discours habituel et stérile qui n’a jamais mené nulle part sauf à une crise diplomatique entre Ankara et Jérusalem. Lorsque Donald Trump avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, de grandes manifestations de protestation avaient été organisées à la frontière de Gaza, avec le soutien tacite des Turcs qui avaient pris des mesures diplomatiques : rappel de leur ambassadeur en Israël et expulsion du représentant israélien.

Israël a dépassé Hitler dans la barbarie mais...business is business 


S’ensuivit alors un échange de noms d’oiseaux étonnant de la part de deux anciens grands alliés. Erdogan avait qualifié Israël d’«assassin d’enfants», tandis qu’en réponse Netanyahou avait accusé le dirigeant turc d’avoir tué des civils kurdes. Pour faire bonne mesure, la Turquie avait ouvertement développé des liens avec le Hamas bien que paradoxalement elle ait interdit au mouvement islamique de mener des actions non politiques sur son sol. Mais malgré ces querelles diplomatiques, les échanges économiques entre les deux pays n’ont jamais cessé ; ils se sont au contraire accrus.

Les experts diplomatiques expliquent ce revirement du président turc par les changements de gouvernance à la fois aux États-Unis et en Israël. Erdogan en a profité pour s’attirer les bonnes grâces du président Joe Biden sachant que le Congrès américain est très sensible à tout rapprochement israélo-turc. Erdogan avait des relations personnelles très bonnes avec Donald Trump qui, malgré les écarts de conduite d’Erdogan, avait été très indulgent vis-à-vis de lui. En effet il avait réagi mollement à l’aventure militaire turque en Syrie, en Libye et dans la Méditerranée orientale. Il avait même été peu entendu lors de l’achat par la Turquie du système de missiles russes S-400. On attendait une réaction américaine forte mais ce fut une mini-colère puisque Trump avait opté pour des représailles limitées consistant à interdire toute nouvelles exportations d’armes à destination de la Turquie.

Cheval de Troie turc


Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden a en revanche indiqué qu’il se montrerait bien moins conciliant envers le gouvernement turc, alors qu’il n’a eu de cesse de dénoncer la politique répressive en matière de droits de l’homme menée par Erdogan. Ce dernier cherche ainsi aujourd’hui à apaiser ses relations avec Washington, à l’heure où sa popularité s’érode en raison de difficultés économiques et en raison de son isolement diplomatique. Il sait qu’une relation plus apaisée avec Israël pourrait lui permettre d’obtenir le soutien du lobby pro-israélien à Washington. Il veut surtout ajuster sa politique étrangère isolationniste après les nouvelles alliances dans la région. En Méditerranée orientale, la Turquie souhaite relancer les pourparlers au sujet d’un projet de gazoduc avec Israël engagé par ailleurs avec la Grèce, l’Italie et Chypre au sein du projet EastMed, pour le transport de gaz naturel israélien vers l’Europe.

Eastmed


La normalisation des relations entre Israël et les Émirats a fragilisé la position turque. Par ailleurs le revirement turc semble tardif pour permettre le retour à l’âge d’or.  Israël n’est plus isolé et il a trouvé de nouveaux partenaires ce qui ne le pousse pas à réparer ses relations avec Ankara. Erdogan est seul à présent et son action diplomatique vise à se rapprocher avec l’Arabie saoudite et l’Égypte. Il a compris que la clé du renouveau politique dans la région passe par des relations apaisées, voire chaudes, avec l’ancien allié israélien. Le nouveau gouvernement veut réparer les dégâts de sa politique au Proche-Orient, à savoir les relations avec la Jordanie et avec la Turquie. 

1 commentaire:

2 nids a dit…

Franchement faire du commerce avec les pires dictatures du coin, et avec la Turquie, ça donne envie de vomir, à moins que le Mossad ne surveille de près tous ces malades mais bon, vendre des logitiels espions, la morale..sortez les mouchoirs... 2 nids Sabrié Stiller Goldenberg/Maury