ÉTAT DE DROIT, ÉTAT DE FAIBLESSE,
ÉTAT DES LIEUX
Par Francis MORITZ
Nous vivons une période extrêmement difficile ? Nous sommes confrontés à un double combat contre la pandémie et le défi à notre démocratie. Il est peut être temps de rappeler un certain nombre de points essentiels pour essayer d’y voir clair, s’il est possible. L'État de droit peut se définir comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. Dans l'État de droit, les organes de l'État ne peuvent agir que sur la base et dans les limites des règles qui s'imposent à eux tandis que le concept d'État de droit s'oppose à la notion de pouvoir arbitraire.
Badinter |
Selon Robert Badinter :
«l’État de droit n'est pas l’État de faiblesse. Le terrorisme d'aujourd'hui, où l'on tue au nom de Dieu,
sera le plus difficile à vaincre… les démocraties ne doivent jamais
renoncer à leurs principes, en excluant un modèle comme le Patriot Act
américain, une honte». Sur France-2, il affirmait :
«À quel niveau doit se situer la modification (de la constitution) à venir ? (...) Il faut maintenir les valeurs
fondamentales de notre démocratie, et ne pas hésiter devant les mesures
nécessaires à prendre, à la condition qu'elles ne méconnaissent jamais ce qui
est au cœur de notre société, c'est à dire les Droits de l'Homme»
Soit, mais si nous sommes en
guerre, nous ne pouvons pas continuer à creuser notre propre tombe. Il faut une législation d’exception qui
réponde à la situation. Il faut suspendre l’espace Schengen qui fait de
l’Europe une passoire et rend la France plus vulnérable que jamais. Il faut
d’urgence mettre en place une politique migratoire stricte et appliquée en
Europe, à défaut en France. Il faut enfin avoir une politique claire sur les
clandestins, les demandeurs d’asile, même si humainement cela conduit à des décisions
difficiles, cruelles parfois. On ne peut
pas en permanence faire des déclarations et détourner le regard des vrais
problèmes.
Manifestation anti-française dans le monde musulman
Depuis des années, nos gouvernements successifs ont accepté
des situations conflictuelles et pas toujours cohérentes. On ne connaît que
trop l’origine des mouvements salafistes, djihadistes et islamistes. Ils sont financés depuis des lustres par des
pays en lien étroit avec la France par ailleurs, Qatar, Arabie Saoudite,
Turquie, Iran, Libye avant la guerre civile, autant de soutiens des mouvements
qui nous attaquent. Le Hezbollah totalement interdit par certains pays de l’UE,
reste autorisé en France. Ces pays représentent une part déterminante de nos ventes
d’armes. De même, certains de ces pays, à travers des fonds souverains,
investissent en France et bénéficient d’exemptions fiscales exceptionnelles,
subventionnent des associations, financent des mosquées et des imams.
L’État qui dispose des moyens de clarifier la situation, pourrait
déjà commencer par reclasser la majorité des centaines, voire même des milliers
d’associations dites loi de 1901, en loi de 1905. Ensuite, on devrait appliquer
le contrôle que cela suppose. Mais voilà, le Conseil d’État a aussi son mot à
dire. En somme, contrairement à ce qui se fait en médecine, c’est à dire contre
l’empoisonnement on fournit l’antidote. Le Conseil d’État a fourni les
dérogations et le moyen de contourner la loi. C’est le kit complet.
Pour éclairer notre compréhension rappelons la différence entre
les associations
culturelles ou cultuelles et comment la loi de 1905 est contournée. Ce qui
semblait n'être qu'une petite entorse à la loi de 1905, devient une bombe à
retardement. Entre 2007 et 2008, le Conseil d'État a rendu 5 arrêts sur des
pourvois enregistrés en contentieux qui interprètent la loi du 9 décembre 1905
concernant la séparation des Églises et de l'État. Le Conseil d'État permet le contournement
des interdits de la loi de 1905 sur le financement des cultes sur fonds public
en acceptant la confusion entre usage cultuel et usage culturel des lieux de
culte.
Boycott arabe
Tous les
gouvernements depuis des décennies, ont eu l’objectif de passer de l’islam en France
à l’islam de France, rien n’y a fait. Il n’y a pas d’organisation unique du
culte musulman.
En 1993, Charles Pasqua
ministre de l’intérieur, souhaitait donner un «visage» à l'islam de
France. Plusieurs décisions en témoignent. Mettant fin au système des
habilitations administratives délivrées par les préfectures pour désigner les
personnes habilitées à tuer les animaux selon l'abattage rituel musulman, le
ministère de l'Intérieur délégua cette compétence à la seule Grande Mosquée de
Paris. Sur le modèle du Consistoire central du culte israélite, il tentait
ainsi d'accorder un monopole à cette institution afin de fonder sa légitimité.
En 1999, Jean-Pierre
Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, indiquait son souhait de «parvenir
à trouver les modalités pratiques de nos rapports [avec le culte musulman], ce
qui suppose l'existence d'un interlocuteur légitime, ou du moins considéré
comme tel par le plus grand nombre» tout en se refusant à
imposer une solutions aux Musulmans de France car s'agissant de l'État, «ce
n'est pas son rôle». C’est quoi le
rôle de l’État ? De compromis en
dérogations, puis en compromissions, on en arrive à la résignation. A force de
rejeter le rôle de l’État sur l’organisation des cultes nous en sommes toujours
à la même situation. On rappelle au passage que le ministre de l’intérieur est
aussi le ministre des cultes.
Créé en 1993 par Nicolas
Sarkozy, le CFCM, qui a adopté en décembre 1994 une «charte du culte
musulman» en 37 articles, voit ainsi placer à sa tête le recteur de la
Grande Mosquée. J. P. Chevènement,
ministre de l'Intérieur à partir de 1997, initie une nouvelle procédure. D'une
part, l'État admet la diversité de la communauté musulmane en incluant
notamment l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) qui accepte de
participer afin d'éviter de rester en marge du processus. D'autre part, l'État
écarte l'idée d'un organe à coloration administrative. Un texte est accepté
mais au prix d'un compromis. La mention du droit de changer de religion est
notamment retirée à la demande de l'UOIF. La laïcité souffre déjà.
Enfin, les derniers évènements
démontrent que notre pays a perdu le respect qu’il était en droit d’attendre d’autres
nations se disant même nos amies. Malgré sa politique étrangère traditionnelle
avec le monde arabo-musulman, la France découvre brutalement qu’elle n’est pas
respectée, contrairement à la Russie et Israël qui sont respectés et craints.
On brûle notre drapeau, on nous insulte, on s’ingère dans notre politique
intérieure.
Quel choc, nos amis les
dirigeants des pays arabo-musulmans et d’autres au Maghreb et ailleurs, se
permettent des déclarations qui sont autant d’ingérences insupportables.
L’heure des choix est arrivée. Selon une formule attribuée au juge
anti-terroriste Marc Trevedic : «on
ne peut lutter contre les nazis et inviter Hitler à diner».
S’il est vrai que gouverner
c’est prévoir, c’est aussi choisir même dans la douleur, rappelons nous l’adresse
de W. Churchill à N. Chamberlain de retour de Munich : «Vous avez eu à choisir entre la guerre et
le déshonneur, vous aurez la guerre et le déshonneur».
Après la déclaration du président
de la République : «Je comprends qu’on puisse être choqué
par des caricatures, mais je n’accepterai jamais qu’on puisse justifier la
violence. Nos libertés, nos droits, je considère que c’est notre vocation de
les protéger». Nous qui sommes si
prompts à adopter le principe de précautions, il est grand temps d’appliquer le
principe de réalités.
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