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mercredi 4 mars 2020

Les Arabes israéliens contraints de choisir leur camp


LES ARABES ISRAÉLIENS CONTRAINTS DE CHOISIR LEUR CAMP

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            
Manifestations d'Arabes israéliens

          Les trois campagnes électorales ont connu une constante, celle de vouer aux gémonies les populations arabes israéliennes devenues des repoussoirs, par la force des discours et des exclusives. Les attaques systématiques menées par la droite et ses alliés d’extrême-droite contre une communauté faisant pourtant partie intégrante de l’État d’Israël est un paradoxe qui ne s’explique que par la haine véhiculée jusqu’au paroxysme. Ils confondent les Arabes israéliens avec ceux de Gaza et de la Cisjordanie qui, eux, peuvent voir leur sort scellé par un accord général. 
         Le paradoxe est que certains dirigeants politiques exècrent la présence arabe à leurs côtés mais refusent la création d’une entité palestinienne qui pourrait s’avérer une solution salutaire pour les éloigner. Eux chez eux, et nous chez nous. Ils savent que ce n'est pas aussi facile car on a besoin d’eux à condition de les tolérer avec un statut de citoyens de deuxième zone : exister et vivre sans droits.



Des diplômés arabes israéliens 

           La majorité des citoyens juifs, pris individuellement, affirme ne pas avoir peur des Arabes, seulement des terroristes qui représentent une poignée négligeable. Ils n’hésitent pas à dire que leurs relations sont cordiales, parfois plus ouvertes avec eux qu’avec des Russophones, plus froids et plus individualistes. Ils les côtoient tous les jours, aux urgences dans les hôpitaux parce qu’ils sont médecins sortis des mêmes universités. Beaucoup ont perdu leur accent à force de vivre avec les Juifs. Ils font confiance à leurs pharmaciens, presque tous arabes, pour s’assurer que le médecin n’a pas prescris par erreur une forte dose à un enfant de trois ans. Ils les rencontrent dans les supermarchés tandis que les étals sont préparés par ceux qui acceptent les travaux les plus durs. Ils les croisent dans les nombreux chantiers de construction qui explosent parce que la demande de nouvelles écoles, de nouveaux gans et de logements est exponentielle. Même si certaines caissières portent le voile, elles estiment faire partie de la communauté israélienne malgré leur spécificité religieuse. D'ailleurs, le voile est un non-événement en Israël.



            Parce que les Arabes s’estiment volontairement brimés, alors certaines manifestations ont lieu dans des villages presque abandonnés, pour réclamer leurs droits naturels d’avoir de l’eau, de l’électricité et des écoles. La cohabitation devient de plus en plus compliquée au sein d’un État qui se veut uniquement juif. Les Arabes israéliens, 21% de la population, sont accusés de double appartenance parce qu’ils ne peuvent pas se défaire de leur solidarité avec les Palestiniens de Cisjordanie, la même accusation portée contre les Juifs de Tunisie qui avaient les yeux fixés sur la Terre promise, ou même contre les Juifs français qui estiment que la politique française doit favoriser Israël.
            Effectivement, l’apparition systématique de drapeaux palestiniens dans les manifestations arabes crée un malaise qui met en évidence le difficile positionnement de cette minorité, qui comprend des Musulmans et aussi des Chrétiens. Le statut des Arabes israéliens a toujours été controversé. Bien qu’ils disposent de tous les droits civiques et sociaux, ils se distinguent de leurs concitoyens juifs par leur exemption du service militaire, ce qui est à notre époque une anomalie. Il leur est ensuite interdit d’accéder à certains postes industriels sensibles. Les fils et petits-fils des 156.000 Palestiniens, qui étaient restés en 1948 à l’intérieur des frontières d’Israël, représentent aujourd’hui une communauté de 1,66 million de personnes qui n’ont aucune ambition de s’exiler. Ils sont attachés à leur terre aussi bien que les Juifs. Mais ils restent éclatés entre le soutien affectif aux Palestiniens et leur volonté pragmatique et irréductible de rester en Israël parce qu'ils se sont habitués à la démocratie.
Netanyahou reçoit Ayman Odeh, le pestiféré 

            La population arabe s’est assimilée progressivement par opposition à celle de Cisjordanie mais, malgré cela, elle s’estime peu considérée par l’État : «Nous sommes des Israéliens, nous nous sentons israéliens, nous parlons souvent un excellent hébreu, nous sommes diplômés de l'université, mais nous sommes toujours considérés comme des citoyens de seconde zone». Le leader de la liste arabe, Ayman Odeh, a tiré ses conclusions : «Nous sommes considérés comme des citoyens de seconde zone, mais nous ne les laisserons pas faire. La communauté arabe n’intéresse pas le Premier ministre Benjamin Netanyahou».
            Dans certaines villes à dominante arabe, comme Jaffa, la municipalité a décidé de redonner vie aux vieux quartiers en rénovant les vieilles bâtisses arabes abandonnées. Mais les Arabes se sentent exclus, pour des raisons financières, de ce projet de rénovation qui les amène à déserter progressivement des habitations sans confort et trop usées qui sont ensuite rénovées, modernisées et réoccupées par des Juifs pour aller vivre dans des villages exclusivement arabes.
            La population arabe a commis certaines maladresses quand elle a manifesté sa solidarité pendant la guerre de Gaza en précisant qu’elle y avait de la famille. Plusieurs milliers d'Arabes israéliens s’étaient alors répandus dans la ville de Nazareth pour réclamer la levée du blocus de Gaza. Arborant des drapeaux palestiniens ou verts aux couleurs de l'islam, les manifestants avaient appelé à la constitution d'un gouvernement «d'union nationale palestinien», comprenant des représentants du mouvement islamiste Hamas et du parti rival Fatah, du président Mahmoud Abbas. La manifestation était organisée par le «mouvement islamique» en Israël et deux formations représentées à la Knesset, le Rassemblement national démocratique Balad et la Liste unifiée arabe. Cela a créé un doute sur la loyauté effective des Arabes vis-à-vis de l’État d’Israël. Mais les islamistes perdent du terrain en Israël car ce qu’ils proposent est aux antipodes des désirs réels arabes. 
Plan Lieberman

            Avigdor Lieberman, nationaliste pur et dur ayant depuis évolué vers une position plus consensuelle, avait alors exigé que les Arabes israéliens définissent leur choix. Selon lui, ils pouvaient rester au sein d'Israël s'ils font preuve de loyauté envers ses institutions et son gouvernement, ou alors devenir palestiniens et déménager vers les territoires de Cisjordanie. Il avait proposé des solutions radicales pour se «débarrasser» des Arabes : échange territorial avec adjonction de villes arabes israéliennes, comme Oum El-Fahm, à la Cisjordanie et division de Jérusalem pour offrir la partie arabe de l’Est, hors Lieux Saints, à un nouvel État palestinien. 
         Il s’agissait d’une solution courageuse face à une illusion de cohabitation à long terme entre Juifs et Arabes. Il s’opposait ainsi à la stratégie de la droite nationale qui refuse la création de deux États en prônant l’intégration de tous les Palestiniens, après annexion de la Cisjordanie, dans le cadre d'un seul État juif qui risque de perdre à terme son identité et une partie de sa sécurité.
            Cette situation, qui considère les Arabes israéliens comme des citoyens à part, a une grande influence sur les élections. On leur refuse le droit de participer à un gouvernement alors qu’ils sont élus démocratiquement et que Ben Gourion en avait fait des ministres. On les assimile à des pestiférés qui n’ont le droit que d’être des dhimmis. Alors on les pousse à se démarquer et les sondages apportent de l’eau au moulin de ceux qui les accusent d’être des citoyens non loyaux. Les listes arabes qui récoltaient jusqu’alors 12 à 13 sièges, prennent de plus en plus d’importance car les Arabes refusent de voter en majorité pour des listes non communautaires. 30% des villages arabes votant pour le Likoud, ils ont décidé de marquer leur ressentiment en s’exilant auprès des leurs. En 2013 ils étaient 348.918 votants pour les listes arabes, 446.583 en 2015, 337.108 le 9 avril 2019, 470.211 le 17 septembre 2019. Les sondages prévoient à présent que 500.000 à 540.000 ont décidé de voter pour les listes purement arabes, signe qu’ils veulent dorénavant faire partie d’un monde à part, d’autres diraient le monde de l’apartheid. C’est le réel danger qui guette Israël s’il persiste à considérer tous les Arabes israéliens comme des terroristes de Cisjordanie n’ayant aucun droit de gérer les affaires de l’État.

            Bien sûr on ne peut pas, en un pas de géant, modifier les consciences mais l’intégration pourrait se faire par étapes, au fur et à mesure que les réalités prennent le pas sur les blocages politiques. Des Arabes doivent être progressivement intégrés au gouvernement pour qu’ils reprennent confiance dans l’État au sein duquel ils veulent vivre parce que c'est aussi le leur. Ils voudraient que la haine disparaisse des relations. 
          Si le docteur Samer Haj Yehia a été nommé «chairman of the board of directors» de la plus grande banque israélienne, Bank Leumi, tout diplômé arabe pourrait faire un excellent ministre de l’économie. De nombreux médecins arabes pourraient prétendre au ministère de la santé. L’un des grands patrons arabes des entreprises de construction pourrait être chargé du ministère du logement. Des technocrates peuvent être désignés pour assurer la gestion des ministères de la culture, des sports, de la famille et de l’écologie. Bien sûr, dans un premier temps, les Arabes seraient écartés des instances sécuritaires, du Cabinet de sécurité en particulier, le temps que les esprits s’habituent à la nouvelle donne et qu'ils prouvent leur loyauté.

            Au moment où de nombreux États arabes envisagent des relations diplomatiques officielles avec Israël, l’entrée de ministres arabes au sein du gouvernement d’Israël serait un véritable signal au monde pour signifier que l'époque de la guerre est révolue. Il est temps de révolutionner les esprits et de migrer vers un autre temps. Si les Américains se sont réconciliés avec les Talibans après plusieurs années de guerre, pourquoi Israël ne parviendrait pas à la paix avec les Palestiniens. Si nous n’avons plus peur de certains pays arabes pour dialoguer avec eux, pourquoi devrions-nous être frileux avec nos propres citoyens, fussent-ils arabes ?  

6 commentaires:

Michel HAFAYEDH a dit…

Bravo pour cet article objectif, rationnel et courageux. Je suis fier de te lire comme un tunisois qui lutte contre les autres haineux et 'Meshugannah' islamistes et panarabistes atteints par le syndrome de la 'Fuckestine', 'd'Israelitis' et de 'Sionistitis'. "El Tatbi3" (etablissement de relations avec Israel), une nouvelle psychose et fonds de commerce viennent de se manifester en Tunisie par l'Hybride Kais Saied et les losers, revenchards et ressentis islamistes, gauchistes, panarabistes, nasseriens, youssefistes et 'palestinistes' a la con dans un pays dans les soins intensifs. 'La Fuckestine' est une priorite nartionale pour cette classe politique et une nouvelle 'pilule' de diversion et de division du peuple tunisien qui ignore qu'il defend et qu'il se sacrifie pour l'identie d'un colon et d'un envahisseur etranger qui a confisque sa vraie identite amazigh judeo chretienne et lui a impose sa religion et sa langue de l'abime et l'obscurisme.

Leia MAX a dit…

Oui, je suis d'accord avec cette analyse. Mais un ministre arabe ne peut pas être antisioniste et être issu d'un parti antisioniste. Je ne peux pas accepter que les députés arabes, comme les juifs, ne se lèvent pas pendant que l'Hatikva est jouée. Il faut choisir son camp ? Non, ils sont israéliens ou pas ! Et alors, il faut les mêmes droits et devoirs. Comme vous le soulignez, il faut un service national, militaire ou civil, pour tous, juifs et arabes. Israël-pays juif, ne veut pas dire seulement pour les juifs, mais qui a pour vocation d'accepter de recevoir tous les juifs qui le souhaitent. C'est aussi le pays de 20% de non-juifs mais il faut qu'ils acceptent cette donne et s'ils se considèrent comme Israéliens, il faut qu'ils acceptent les mêmes contraintes démocratiques que les autres. Et oui, la paix avec nos voisins devrait commencer par là. Gantz a dit clairement qu'il souhaite un service national pour tous. J'espère que les arabes israéliens qui se sentent israéliens auront l'intelligence de voter pour lui et pas pour leurs partis anti-sionistes qui ne font qu'attiser leurs difficultés et n'apportent aucune solution meilleure pour eux.

andre a dit…

Prêt à tout pour favoriser un gouvernement tripartite, gauche, Bleu Blanc, arabe !
TOUT SAUF NETANYAHU !
Hallucinant ...
André Simon Mamou Tribune juive

andre a dit…

Prêt à tout pour favoriser un gouvernement gauche, Blei Blanc, lista arabe !

HALLUCINANT

ANDRÉ SIMON MAMOU TRIBUNE JUIVE

Unknown a dit…

Oui entièrement d accord . Mais pourquoi devons nous toujours faire le premier pas . Israël a déjà donné des preuves de bonne volonté d integration de toutes les populations quelque soit leur religion. Médecin musulmans consul musulmans policiers musulmans. Pourquoi nos cousins ne demandent ils pas de faire le service militaire ,ils ne sont que un pilier à le faire. Pourquoi ne manifestent ils pas quand Gaza tirent ces roquettes.
La confiance implique la volonté des 2 parties.
Je pense qu'il faut expliquer aux musulmans que l'on a fait le premier pas et que l'on attend qu'ils en fassent autant

oxomars a dit…


«Nous sommes considérés comme des citoyens de seconde zone, mais nous ne les laisserons pas faire. La communauté arabe n’intéresse pas le Premier ministre Benjamin Netanyahu».


Cette phrase est à elle seule, un mensonge du même style que ceux Mahmoud Abbas débite à l'adresse des Occidentaux, donc rien d'israélien la dedans.

Si presque tous les Pharmaciens et Médecins d'Israël sont Arabe, personne ne se demande par quel heureux hasard cela a pu se produire au pays des Sionistes "assassins d'enfants" qui "bombardent jour et nuit" les villages Arabe.

Ce "Magic process" s'appelle la ségrégation positive dont l'article élude grassement les avantages, à savoir :
1) Pas de service national de 3 ans pour les Arabes. Pas même un service civil ou un quelconque impôt compensatoire. Les non-musulmans commencent leurs études après leur service national et se retrouvent médecin avec un handicap de l'âge qui décourage beaucoup d'entre eux a suivre de telles études.
2) Bonus de points aux examens pour certaines ethnies
3) Politique des quotas qui imposent qu'une certaine part des places en facultés, soient accessibles à ces candidats avantagés

Je trouve donc scandaleux que ces représentants Arabe, puissent se permettre de tels propos mensongers.

Oui les 1,66 millions Israéliens d'origine Arabe sont dans une catégorie différente du reste de la population, puisqu'ils sont des citoyens privilégiés et avant de lancer des plans sur la comète, il serait opportun que la preuve de leur volonté vinsse de leur part et seulement de leur part.

Pour l'instant, nous en sommes très loin car la population obéit à des sentiments pan-arabe et souvent islamique.