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mardi 17 décembre 2019

Rivalités au sommet du Likoud et de la droite


RIVALITÉS AU SOMMET DU LIKOUD ET DE LA DROITE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

         La lutte pour la direction du Likoud met ouvertement en présence le challenger Gideon Saar et Benjamin Netanyahou dans un combat à fleurets non mouchetés. Deux clans se constituent avec chacun ses aficionados. Pour l’instant il s’agit d’un combat de principe car la victoire de Netanyahou est pratiquement acquise aux primaires du 26 décembre, une période trop courte pour inverser la tendance. 


Primaires françaises
            En fait Saar se prépare pour le prochain round si la justice impose à Netanyahou de quitter la scène politique plus tôt. Mais cette querelle de chefs laissera des traces comme en France celle entre Chirac et Balladur adoubé par Sarkozy. Ensuite ce fut la catastrophe imprévisible de la primaire des Républicains qui a vu trois leaders se déchirer avec pour conséquence l’élimination des Républicains de la scène politique.
            La contestation au Likoud prend forme tandis que l’ancien maire de Jérusalem, Nir Barkat, compte les points en attendant que le combat cesse à son profit, faute de combattant. Des partisans de Saar se prononcent ouvertement mais son objectif de conquérir la première place devient difficile à atteindre. Les deux députés Yoav Kisch et Michal Shir ont été les premiers à se lancer publiquement dans le combat, très vite rejoints par la députée du Likoud, Etty Attia. Chaque jour, de nouvelles personnalités annoncent leur soutien à Gideon Saar à l’instar de l'ancienne députée Nurit Koren, du maire de Rishon Lezion, Raz Kinstlich, et de l'ancien procureur de la Knesset David Mena, qui a une influence majeure dans la région de Gush Dan.

Sharren Haskel

            Sharren Haskel vient d’annoncer son ralliement à Gideon Saar. Lors d'une réunion avec le Premier ministre, elle lui avait annoncé qu'elle avait décidé de soutenir son adversaire politique. L’explication de sa décision a pris l'allure d'un réquisitoire : «Quand j'ai été élue à la Knesset, il y a plus de quatre ans, j’avais des principes : l'intérêt supérieur de l'État et de ses citoyens, le bien du Likoud et la possibilité de promouvoir l'idéologie libérale nationale que je préconise. Il y avait aussi des occasions où je devais faire des compromis sur des choses auxquelles je crois, parce que c'était le bien du Likoud, mais chaque décision que j'ai prise, chaque action que j'ai prise, chaque vote et chaque initiative, ce sont les lignes qui m'ont guidée…D'un autre côté, en un an, nous avons été plongés dans une grave crise gouvernementale et une troisième campagne électorale, après avoir donné deux fois au Likoud la possibilité de former un gouvernement, et deux fois nous n'avons pas réussi à le faire. Il a perdu le pouvoir et maintenant, il semble qu'il y ait un réel risque que nous perdions également le pouvoir. Les chances que pour la troisième fois nous réussissions à faire ce que nous avons échoué les deux fois précédentes sont faibles».
            Haïm Katz, ancien ministre des Affaires sociales et des Services sociaux, a annoncé le 15 décembre 2019 son soutien à Gideon Saar pour la direction du Likoud. D’autres poids lourds du parti sont dans l’expectative, attendant de voir l’évolution des ralliés pour ne pas se brûler trop tôt politiquement. Le ministre Guilad Erdan et le président de la Knesset Yuli Edelstein préfèrent pour l’instant ne soutenir aucun candidat, ce qui veut dire surtout qu’ils quittent le clan Netanyahou.
         Mais la question du vote des primaires, pratiquement acquises à Benjamin Netanyahou, dépend cependant de la configuration des listes officielles de militants, récemment modifiées pour éliminer certains opposants et de la régularité du scrutin dans les lieux de vote. 

            Cette querelle interne sera destructrice pour le parti qui laissera des plumes aux élections car hormis les idolâtres de Bibi, certains militants, influencés par la mise en accusation du premier ministre, préfèrent choisir la voie du changement. Les sondages se sont certes toujours trompés mais ils donnent une image furtive d’une situation à un instant donné ; ils évaluent à 37 le nombre de députés Bleu-Blanc contre 31 pour le Likoud; mais aucun clan ne peut disposer d’une majorité de 61 députés pour constituer une coalition. C’est encore l’impasse.

            Netanyahou et ses fidèles, même s’ils gagnent les primaires, ont intérêt à ne pas trop envenimer les rapports entre les deux concurrents car ils peuvent trouver au bout du chemin les ingrédients d’une scission. S'ils s'estiment humiliés, une dizaine de députés amis de Saar pourraient rejoindre Benny Gantz.
            Mais le Likoud n’est pas seul à subir des turbulences, toute la droite est en recomposition. Habayit Hayehudi et l’Union nationale risquent de ne pas dépasser le seuil électoral. Moshé Feiglin qui avait fusionné sa liste avec le Likoud a décidé que son parti ne participerait pas à l’élection du 2 mars 2020. Il ne s’agit pas d’un poids lourd mais ses électeurs pourraient rejoindre la Nouvelle Droite.

            Naftali Bennett, revigoré par son poste de ministre de la défense, a lancé sa campagne électorale sous le slogan : «Il y a qu’une droite, la nouvelle droite». Mais dans sa première annonce, Naftali Bennett apparaît sans Ayelet Shaked, qui a présidé la dernière campagne électorale. Il s’agit certainement d’une sorte de vengeance contre celle qui l’avait écarté de la première place au parti en le réduisant à un rôle dans l’ombre. D'ailleurs, elle n’avait pas apprécié qu’il ne l’appuie pas pour qu’elle retrouve son poste de ministre, comme s’il cherchait à la doubler. On ignore si elle acceptera de descendre à un rang subalterne. On constate cependant que les directions bicéphales n’engendrent jamais de réussite.

            Ces querelles personnelles d’égos risquent d’engendrer des surprises politiques car la campagne électorale va encore durant trois mois ce qui représente une éternité en politique. 

3 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Puisque vous évoquez "l'élimination des Républicains de la scène politique", permettez-moi ces quelques précisions qui pourraient remettre dans leur bonne perspective pour vos lecteurs, la représentation actuelle des Républicains sur la scène politique française.
Le parti LR comptait encore en juillet 2019 : 131 268 adhérents.
Il est représenté par 99 députés - LR et apparentés - sur 577 et 129 sénateurs sur 348.
Il préside 43 Conseils départementaux sur 101, 5 Conseils régionaux sur 17, et compte 35 maires de communes de plus de 70 000 habitants sur 69.

A noter aussi, qu'au lendemain des Législatives de juin 2017, sur les 308 députés LREM, si 126 étaient issus de la Gauche, 65 étaient issus de la Droite (UDI,LR,DVD) et du Centre.

Très cordialement.

telavvivcat a dit…

même panier de crabes qu'en France, c'est pas très beau la politique, c'est même pas beau du tout.

may a dit…

LE problème est qu'il n'y a pas de 2ème tour comme en France : tous les électeurs , hors parti ) devraient revoter pour désigner le vainqueur entre les 2 premiers .... et une seule voix compte !!