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dimanche 27 octobre 2019

Voile et démagogie par Maxime TANDONNET



VOILE ET DÉMAGOGIE

Par Maxime TANDONNET

            

         La démagogie est l’un des pires fléaux en politique. Elle est l’une des sources du déclin des nation à long terme et parfois de leurs dérives dans le chaos sanguinaire ou la tyrannie. Aujourd’hui, la proposition d’interdire le voile et la Kippa sur la voie publique relève du plus authentique instinct démagogique. L’objectif est d’agiter les vils instincts de foule en brandissant une mesure irréaliste, sans même parler de l’obstacle juridique (constitutionnel et conventionnel).



            Une atteinte de plein fouet à l’une des libertés les plus fondamentales, celle d’aller-et-venir dans les vêtements de son choix dont nul ne sait jusqu’où elle pourrait conduire.
            Quant à l’idée de prohiber les vêtements supposés exprimer une croyance, quel critère appliquer, où commence la croyance, où finit-elle ? Après le voile et la kippa, quelles autres interdictions ?
            Qu’est-ce qui définit et assure la nature religieuse – islamique – du voile ? Tout port d’un voile serait donc interdit pour les femmes ? Et qu’en serait-il d’une casquette, ou d’un chapeau, au regard du principe d’égalité ? Et quid des personnes malades contraintes de porter un voile ?
            Comment faire respecter une telle interdiction ? Mobiliser les 140.000 policiers et 90.000 gendarmes pour harceler les femmes qui portent un voile dans la rue à des fins religieuses et non religieuses dès lors que la distinction est inconcevable (sauf à lire dans les consciences) ?
            Qui peut imaginer un instant pouvoir limiter cette interdiction au voile et à la kippa sans que les signes chrétiens soient à leur tour interdits, en droit ou en fait ?
            Éradiquer toute expression religieuse dans l’espace publique suppose l’émergence d’une société de surveillance, de contrôle, de répression, de délation qui aurait toutes les caractéristiques du totalitarisme – fasciste ou soviétique.
            Ce genre d’interdit provoquerait une violente réaction qui inciterait les femmes, par millions, musulmanes ou non musulmanes, non concernées par le voile – ainsi que les hommes, à se mettre à le porter à des fins de contestations d’une mesure attentatoire aux libertés fondamentales.
            Le voile est un signe et même si par une répression violente et l’instauration d’un État totalitaire, le nouveau régime parvenait à imposer son éradication, en aucune manière cette mesure jouant au niveau des apparence, n’impliquerait une meilleure adhésion aux principes républicains. Elle favoriserait au contraire la haine et la violence de toute part. Aucune mesure ne pourrait mieux aggraver la fragmentation et le communautarisme.
            La querelle du voile – l’hystérie autour des sorties scolaires – n’est que le symptôme de fractures dramatiques qui ravagent la société française comme je l’ai expliqué dans l’article pour Figaro Vox : crise de l’autorité de l’État, effondrement économique, explosion de la dette, de la violence et de la pauvreté, échec de la maîtrise de l’immigration, désastre scolaire, défiance croissante envers le politique. Faire de la démagogie sur le voile est une manière de nier cette réalité pour ne pas avoir à relever les véritables défis.
            Bien sûr la démagogie n’a rien de nouveau dans l’histoire. Ce qui est effroyable, c’est sa banalisation et sa médiatisation à outrance dans l’indifférence plus ou moins consentantes d’une société.

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